DAKAR (AFP) - Les Sénégalais ont élu dimanche leurs 150 députés, trois mois après la réélection du président Abdoulaye Wade, lors d'un scrutin marqué par une faible participation après l'appel au boycottage des principaux partis de l'opposition. Ce boycottage de l'opposition, sans précédent dans ce pays d'Afrique de l'Ouest qui fait figure de vitrine de la démocratie sur le continent, et une forte abstention pourraient ternir l'image du Sénégal et contraindre le pouvoir à s'ouvrir à l'opposition.
"On a dépassé la moyenne nationale de 30% et on s'achemine vers 38% minimum de taux de participation", a indiqué à l'AFP dimanche soir Macoumba Koumé, directeur de la communication du ministère de l'Intérieur.
Il a ensuite donné la participation dans trois régions du pays: Louga (nord) avec plus de 40%, Matam (nord) avec plus de 39% et Fatick (centre) avec plus de 37%. Aucun autre détail n'était immédiatement disponible.
Le taux de participation, qui constitue le principal enjeu du scrutin de dimanche, avait atteint 70% lors de la présidentielle du 25 février et 67,4% aux législatives de 2001, selon des chiffres officiels.
Après avoir voté dans un quartier de Dakar, le président Wade, 81 ans, écharpe blanche sur boubou bleu, a déclaré aux journalistes: "J'ai fait mon devoir de citoyen. J'espère que les Sénégalais feront la même chose". "J'ose espérer que le taux de participation sera important", a-t-il ajouté.
Il a ensuite précisé en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal: "Il est du devoir de chaque citoyen de voter, mais le vote n'est pas obligatoire au Sénégal. C'est pour ça que je ne dramatise pas cette faible participation enregistrée jusqu'ici", selon l'Agence de presse sénégalaise (APS, officielle).
De son côté, l'opposition s'est félicitée de cette faible mobilisation des électeurs.
"Le taux de participation est extrêmement faible. Il y a une moyenne de 5% sur l'ensemble du territoire à 13h00 (locales et GMT)", a indiqué à l'AFP Abdoulaye Elimane Kane, coordonnateur de la cellule communication de la coalition "Siguil Senegaal", qui rassemble 17 partis.
"Dans l'ensemble, les Sénégalais ne manifestent pas d'engouement à l'endroit de ces législatives. Notre appel au boycott a été entendu", s'est-il félicité.
Mais lors d'une conférence de presse de la coalition en début de soirée, les opposants se sont montrés plus prudents et n'ont pas donné d'estimation concernant la participation, qu'ils considèrent toutefois comme très basse.
M. Madior Diouf, un des responsables de la coalition, a ainsi souligné la "victoire du peuple sénégalais qui refuse la politique d'Abdoulaye Wade et le hold-up électoral du 25 février 2007. Abdoulaye Wade a l'obligation incontournable de tirer les conclusions de cette défaite, qui est la sienne". "Il a joué et il a perdu. Il faut qu'il tire les conséquences de cette défaite. Il a échoué, il faut qu'il parte. Il s'est impliqué vigoureusement dans la campagne alors qu'il s'agissait de législatives", a-t-il poursuivi.
Aucun chiffre officiel sur la participation n'était disponible dimanche en milieu de soirée.
Les principaux partis de l'opposition, qui avaient vivement contesté la victoire dès le premier tour de M. Wade le 25 février avec 56% des voix, ont refusé de participer aux législatives, estimant que les conditions d'une élection libre et transparente n'étaient pas réunies.
La coalition "Sopi" ("Changement" en langue wolof), qui regroupe le Parti démocratique sénégalais (PDS) du président Abdoulaye Wade et ses alliés, est donc assurée de remporter le scrutin de dimanche auquel participent 14 partis et coalitions.
Les opérations de vote ont débuté, souvent avec du retard, à partir de 08h00 (locales et GMT) pour s'achever progressivement après 18h00.
Les résultats sont attendus à partir de lundi.
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