L’état du Sénégal détient, à ce jour, 65% du capital de la Sar. Une prise de participation qui s’est effectuée par le biais de la société des pétroles du Sénégal (Petrosen) et qui sera renforcée par une ouverture à des capitaux privés, nationaux ou étrangers.
L’Etat du Sénégal s’est hissé au rang d’actionnaire majoritaire de la Société africaine de raffinage (Sar) par le biais de la Petrosen. La participation du Sénégal dans le capital de la compagnie est passée à 65%, alors que la participation de Total, l’ancien actionnaire majoritaire, chutée à 35%. Cette prise de contrôle de la Sar s’explique, selon le ministre de l’Energie, M. Samuel Sarr, par le refus du gouvernement de se «cantonner à une faible participation et de subir tous les aléas». En effet, la crise énergétique qui a failli avoir raison de la société semble avoir servi de catalyseur pour que les autorités renforcent la présence du Sénégal dans le capital de la société au détriment de grosses compagnies étrangères comme Total et Shell.
DES KOWEITIS DANS LE CAPITAL ?
Mais, cette prise de participation s’accompagne d’une recapitalisation jugée «nécessaire», car dictée par des impératifs au nombre desquels, la nécessité, pour le gouvernement, de contrôler «un des fleurons de l’économie du pays». Le ministre de l’Energie, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse clôturant sa tournée de prise de contact, a ainsi révélé que la société avait reçu 200 milliards de francs Cfa, lors la réunion annuelle de la Banque islamique de développement (Bid). Cette manne financière provenant «d’un pool d’investisseurs» n’est, toutefois, pas la seule attendue, car pour Samuel Sarr, «rien ne dit que l’Etat va conserver ses 65%». Une ouverture de la société à des investisseurs privés n’est donc pas à exclure et déjà, des offres ont été reçues de la part de privés «koweïtiens, nigérians ou émiratis», souligne le ministre, alors que les travailleurs exprimaient leur désir d’acquérir une partie des actions de leur société.
Le magazine confidentiel, La Lettre du Continent, dans son n°517 du 10 mai 2007, avait déclaré que c’est grâce à des financements koweitiens que la Sar a été reprise à Total. La même revue a annoncé que, «une fois la Sar reprise en mains…, elle pourrait être confiée à des Koweitiens». Le fait que Samuel Sarr ait voulu brouiller des pistes, en ne donnant pas de réponse précise aux questions, donne une certaine crédibilité à cette information. En attendant, les 200 milliards de la Bid devraient permettre à la société de maintenir et d’augmenter sa capacité de production après les turbulences qu’elle vient de traverser. La Sar «a repris son activité industrielle sous une forme spécifique», explique le directeur Jean Michel Seck, qui poursuit «qu’il s’agit de faire du façonnage en louant la capacité de traitement de la Sar à une autre société». Cette formule permettra ainsi de couvrir les charges, mais aussi de commencer à apurer le passif accumulé.
Avec une capacité de traitement de 1,2 million de tonnes par an, la Sar alimente un marché de 1,6 millions de tonnes dans la sous-région ouest africaine. D’où la nécessité d’augmenter les capacités de raffinage pour les porter à 3 millions de tonnes par an. Outre le redressement financier de la Sar, l’Etat compte mettre en œuvre d’importantes mesures pour l’accroissement des capacités de stockage du pays, afin de sécuriser la fourniture de gaz butane. A cet effet, 50 milliards de francs de la Banque ouest africaine de développement (Boad) vont permettre de porter les capacités de stockage à 22 000 tonnes en plus de la construction d’infrastructures permettant d’accueillir des butaniers de 10 000 tonnes. Toutes ces mesures prises par le ministère de l’Energie visent à régulariser le marché énergétique fortement éprouvé par la hausse du baril de pétrole.
Auteur: Mame Woury Thioub (Le Quotidien)
Commentaires