Les gendarmes de l'Elysée sont au chômage technique. Depuis l'arrivée d Nicolas Sarkozy au «palais», le 16 mai, les militaires du groupe de sécurité d la présidence de la République (GSPR) n'assurent plus la protection du che de l'Etat. Ils ont été mis à l'écart par l'équipe de policiers qui s'occupai jusqu'alors de la sécurité de Nicolas Sarkozy. «C'est logique, estime-t-on à la direction de la Police nationale. Une relation de confiance s'est établie. Pourquoi la rompre ?»
Prise d'otages. De longue date, le nouveau président apprécie davantage les policiers que les militaires. L'ancien ministre de l'Intérieur se sent ainsi chez lui au Raid, le groupe d'intervention avec lequel il avait participé à la résolution de la prise d'otages de Neuilly en 1993. Quant aux gendarmes de l'Elysée, il leur reproche de ne pas l'avoir prévenu personnellement de l'incident cardio-vasculaire de Jacques Chirac en septembre 2005.
«On est toujours à l'Elysée, mais on n'a plus aucune mission, assure l'un de ses gendarmes d'élite du GSPR. On en a gros sur la patate.» Une situation que l'ensemble de la gendarmerie vit très mal. D'autant que cette décision, qui n'a toujours pas été officialisée juridiquement, n'a fait l'objet d'aucune explication.
Le 16 mai, les policiers du service de protection des hautes personnalités (SPHP) qui étaient avec Nicolas Sarkozy depuis 2002 sont simplement arrivés à l'Elysée et ont pris la place du GSPR. «Il n'y a même pas eu de passage de consigne», raconte un témoin.
Le GSPR a été créé en 1983 pour assurer la sécurité de François Mitterrand, qui, lui, préférait les gendarmes aux policiers. A l'origine purement militaire, cette unité issue du GIGN est devenue mixte (police-gendarmerie) lors de l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée en 1995. Composée de 30 gendarmes et de 30 policiers, elle était alternativement commandée par un colonel et un commissaire.
Lors de l'investiture de Sarkozy, les 30 policiers du GSPR ont également été débarqués. Seuls six d'entre eux sont restés à l'Elysée, les autres ont été mutés dans des postes moins prestigieux.
L'équipe actuelle s'est constituée autour d'un noyau de onze policiers du SPHP, dirigée par le commandant Michel Benard, qui devrait être nommé préfet. Issu du rang, cet officier de police est devenu un proche de Nicolas Sarkozy, après avoir assuré la protection de Lionel Jospin à Matignon. D'autres policiers du SPHP et du Raid sont venus renforcer son équipe.
Sur la touche. Ces hommes ont rapidement pris leurs aises au «palais». Ils ont exigé de nouvelles machines à café et des télés à écran plat, réclamant un doublement de la traditionnelle «prime de cabinet». Tant bien que mal, ils cohabitent dans un même couloir avec les gendarmes mis sur la touche.
«Aucune décision n'est prise quant à l'avenir du GSPR», explique-t-on à la direction de la gendarmerie. En privé, personne ne se fait d'illusion sur la pérennité du système. Le travail ne devrait pourtant pas manquer. Durant la présidence Chirac, le GSPR protégeait le président, son épouse, leur petit-fils, Martin, et occasionnellement leur fille, Claude. Avec l'élection de Nicolas Sarkozy, ce sont sept personnes dont il faudra assurer en permanence la sécurité : le Président, Cécilia et leurs cinq enfants. Les effectifs devraient donc augmenter, pour atteindre la centaine, comme à l'époque de Mitterrand.
Par Jean-Dominique MERCHET (Libération)
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