Le président sud-africain, Thabo Mbeki, ne pourra plus se plaindre que le médias donnent une image négative de l'Afrique. C'est en effet une visio positive du continent que la nouvelle chaîne CNBC Africa d'ailleur inaugurée en sa présence, vendredi entend propager. Filiale du group américain NBC, CNBC Africa qui appartient au premier réseau mondial d chaînes d'informations financières est née dans le cerveau d'un homm d'affaires pakistanais ! Installé à Dubaï, Zafar Siddiqi détient déjà troi versions régionales de CNBC (Moyen-Orient, Arabie et Pakistan). C'est a Nigeria, où il faisait partie d'un conseil d'investisseurs auprès de l présidence, qu'il a découvert «le besoin de communiquer un message positif sur le monde des affaires en Afrique», selon Trevor Ormerod, un Sud-Africain de 45 ans qui dirige CNBC Africa. L'investissement de 25 millions de dollars a été financé à 70 % par un consortium de Dubaï et à 30 % par une banque sud-africaine publique de développement.
Quatre bureaux. CNBC Africa s'est installée dans de luxueux bureaux au coeur du quartier des affaires de Sandton, à deux pas de la très active Bourse de Johannesburg, 16e au classement mondial des Bourses. La chaîne a ouvert quatre bureaux reliés par satellite : deux au Nigeria, un au Kenya et le dernier au Cap. Elle est retransmise sur le bouquet sud-africain DSTV (1,2 million d'abonnés en Afrique du Sud et 300 000 au sud de l'équateur) et par satellite. «Nous visons 350 000 téléspectateurs par semaine, surtout des dirigeants d'entreprises, des financiers et des hommes politiques, explique Ormerod. La chaîne sera financée grâce au marché publicitaire, très dynamique en Afrique du Sud, au Nigeria et au Kenya.»
Dans la salle de rédaction, des jeunes femmes, en majorité, sont rivées à leurs écrans. Le rédacteur en chef, Gary Alfonso, est sur les genoux : «On a monté ce projet en trois mois ! Nous nous sommes engagés à produire depuis Johannesburg entre neuf et douze heures de programmes par jour, et à recruter le personnel sur place, soit une centaine de personnes. Ce fut le plus dur !» Beaucoup ont été débauchés auprès de la chaîne financière sud-africaine Summit TV. Moins de 20 % du personnel est blanc. La chaîne s'est aussi engagée à créer d'ici à deux ou trois ans «une université des médias» à Johannesburg.
CNBC Africa diffuse avant tout des informations financières et économiques africaines, avec des décrochages sur les autres continents. Calquée sur le modèle de ses consoeurs européennes ou américaines, elle a aussi des spécificités. «Des programmes éducatifs sont prévus, explique Ormerod. Et nous avons deux émissions grand public.» The Other Dimension propose ainsi des débats «sur tout ce qui est dynamique en Afrique», dans l'esprit messianique de la chaîne, qui entend insuffler une vision positive du continent même si la réalité est souvent différente. La première émission était consacrée à la crise politique qui secoue le Zimbabwe... Problème : la chaîne risque d'apparaître, aux yeux du reste du continent, comme le véhicule des intérêts économiques et politiques sud-africains, voire américains.
Un credo. «Notre rôle est d'ouvrir des débats sur les changements en cours, commente Alfonso. Par exemple, la Namibie exporte des tonnes d'uranium vers la Chine. Est-ce que cela profite au pays ? Nos émissions seront libres de toutes interférences politiques ou commerciales : nous poserons les questions que 90 % des médias du reste du continent n'osent pas poser. C'est notre credo ! Mais nous voulons aussi montrer au reste du monde que l'Afrique a des talents formidables et des opportunités énormes.»
Par Valérie HIRSCH (Libération)
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