Dans cet article, qui se base sur un rapport que nous avons fait sur l’intelligence économique (IE) au Sénégal en 2006, il est question de faire un bref état des lieux de la notion d’IE au niveau de l’administration. C’est la première partie d’une série d’article que nous allons publier sur l’IE en Afrique et en particulier au Sénégal.
Pour rappel, le « Rapport Martre » défini l’intelligence économique comme étant “l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de diffusion (en vue de son exploitation) de l’information utile aux acteurs économiques… L’information utile est celle dont ont besoin les différents niveaux de décision stratégique de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d’améliorer sa position dans son environnement concurrentiel”.
Au Sénégal, nous avons eu des entretiens avec une vingtaine de personnes de l’administration (des conseillers du président, des directeurs de cabinet, des employés de la chambre de commerce de Dakar et de certains ministères…). En gros, nous pouvons dire que l’IE est mal connue des autorités et que les services de renseignement, notamment la DGSN, ne s’en préoccupent pas.
Toutefois, à en croire certaines personnes, un projet de création d’une cellule de veille à la présidence de la république était en cours. Selon les mêmes sources, cette initiative était impérative car souvent, ils ont des informations économiques qu’ils n’arrivent pas à exploiter à temps et qui pouvaient leur permettre d’anticiper certaines difficultés que rencontre l’Economie nationale.
Le fait de mettre en place une cellule de veille à la Présidence est certes une bonne idée, mais ce qui serait le mieux c’est que l’État mette en place une politique réelle d’IE qui permettrait aux entreprises d’anticiper elles-mêmes leurs difficultés et se protéger contre les menaces (déstabilisation, fraude, manipulation, piratage, etc.).
Puisqu’en France les services de renseignement participent à la sensibilisation à l’IE, nous avons voulu savoir si c’était le cas au Sénégal en interrogeant un spécialiste du renseignement sénégalais. Celui-ci nous a confié que les services de ce type ne s’occupent pas de questions économiques et encore moins de sensibilisation des entreprises sur des menaces (menaces informatiques, espionnage, déstabilisation, etc.). Toutefois, il affirme qu’ils jouent un rôle prépondérant dans la lutte contre la criminalité économique (blanchiment d’argent, jeux illicites, corruption dans les entreprises et les marchés, etc.). Ils travaillent aussi en étroite collaboration avec la “Direction des Impôts et Domaines” pour lutter contre la fraude fiscale dans les entreprises.
Nous pensons qu’il est capital, comme dans les pays occidentaux, que les services de renseignement participent activement à la politique d’IE du Sénégal non seulement pour prévenir l’espionnage industriel mais aussi pour fournir l’information stratégique dont les entreprises ont besoin pour s’installer sur les marchés de la sous-région et de l’Europe.
Au niveau de l’administration, les hautes autorités doivent se servir de leur influence pour permettre aux entreprises locales (notamment les PME-PMI) de travailler en partenariat avec les entreprises étrangères ayant décroché de gros marchés au Sénégal. Ces partenariats permettront à nos entreprises de capter leurs méthodes de travail et de se perfectionner. Les autorités doivent aussi se servir de leur influence, notamment dans la sous-région pour permettre aux entreprises de décrocher des contrats.
En guise de conclusion, nous pensons que le Sénégal qui est un pays en voie de développement a des besoins réels en IE. C’est un pays extrêmement vulnérable en stratégies industrielles et commerciales ; les entreprises sont très peu compétitives, exposées aux attaques, peu innovantes et manquent cruellement d’informations.
Si le Sénégal disposait d’une bonne politique d’intelligence économique, il aurait pu aider des centaines d’entreprises locales à conquérir des marchés dans la sous-région. Il aurait pu se soustraire aux plans stratégiques des organisations économiques mondiales (très contraignants et souvent inefficaces) et préserver les entreprises nationales (comme les ICS, la SONACOS, le SAR, la SENELEC…) de certaines difficultés qui conduisent malheureusement à leur privatisation ou à leur faillite.
Auteur: Mahany
BRAVO MONSIEUR POUR VOTRE ANALYSE TRES PERTINENTE. CONTINUEZ DANS CETTE VOIE. LE SENEGAL A BESOIN D INTELLECTUELS COMME VOUS.
Rédigé par : tymaz | 19 mai 2007 à 13:41
FELICITATION JE TROUVE VOTRE INTERVENTION PERTINENTE JE SUIS EN STAGE DANS UNE BOITE QUI NE fait QUE DE L 'IE ET çA PEUT ME SERVIR
Rédigé par : FATIMA | 18 septembre 2009 à 12:48