DAKAR - La coalition du président Abdoulaye Wade a sans surprise remporté 131 des 150 sièges à l'issue des élections législatives du 3 juin au Sénégal, qui avaient été boycottées par les principaux partis de l'opposition, a-t-on appris mercredi auprès de la Commission électorale.
Le taux de participation s'élève à 34,85%, selon un responsable de la commission ayant requis l'anonymat.
Ces résultats complets provisoires devaient être proclamés officiellement dans la soirée par le premier président de la Cour d'appel de Dakar.
Mais, "pour des raisons liées à des contraintes techniques, nous sommes dans l'impossibilité de proclamer aujourd'hui (mercredi) les résultats", a déclaré à la presse le président de la Cour d'appel Cheikh Tidiane Diakhaté.
"Nous vous donnons rendez-vous demain (jeudi) à 11h00 (locales et GMT) pour la proclamation", a-t-il ajouté.
Selon une source du ministère de la justice, les raisons "techniques" qui ont entraîné un retard dans la proclamation ne portent pas sur les résultats. Cette source a confirmé que la coalition présidentielle avait remporté 131 des 150 sièges.
Aucune des autres listes de partis et coalitions ayant participé au scrutin n'a obtenu plus de trois députés chacune. La coalition "Sopi" ("changement" en wolof, langue la plus parlée au Sénégal), qui réunit le parti présidentiel et ses alliés, dispose donc d'une majorité historique à l'Assemblée.
Les principaux partis de l'opposition avaient boycotté les législatives pour protester contre les conditions de la réélection du président Wade en février. Il avaient en vain demandé la révision des listes électorales avant les législatives pour, selon eux, garantir un scrutin libre et transparent.
Lundi, les premières estimations du ministère de l'Intérieur, concernant le taux de participation, le principal enjeu du scrutin, donnaient un chiffre de 38%, qui avait déjà été contesté par l'opposition.
"Le taux de participation est d'environ 38%. On va continuer à collecter les résultats des bureaux de vote mais il y a peu de chance que la tendance d'environ 38% se renverse", avait déclaré à l'AFP le directeur de la communication du ministère de l'Intérieur, Macoumba Koumé.
"Cette faible participation des électeurs aux législatives n'est pas un fait nouveau au Sénégal. On a connu un pic en 2001 avec 67,4% mais c'est parce que l'alternance (de 2000 qui a vu arriver Abdoulaye Wade au pouvoir) venait de se réaliser", avait-il ajouté.
Aux législatives de 1993 et 1998, le taux de participation était respectivement de plus de 40% et de plus de 39%, selon lui.
Lors du scrutin de dimanche, tous les journalistes, locaux et internationaux, avaient noté une mobilisation des électeurs en net retrait par rapport à l'élection présidentielle du 25 février (70% de participation) remporté dès le premier avec 56% des voix par le président sortant.
Des organisations de la société civile avait dès lundi estimé que la nouvelle Assemblée nationale aurait "un déficit de légitimité" en raison de la faible participation.
"La représentation parlementaire issue d'un tel scrutin va souffrir d'un sérieux déficit de légitimité", ont estimé dans un communiqué transmis à l'AFP dix organisations de la société civile réunies dans un Collectif.
Le Collectif notait que le "très faible taux de participation" était "un des plus faibles" depuis l'indépendance du Sénégal en 1960 et constituait un "désaveu des citoyens à l'égard du processus électoral".
Il estimait en conséquence que "le dialogue politique" devenait "le passage obligé pour surmonter l'impasse politico-électorale" au Sénégal.
(©AFP / 07 juin 2007 00h22)
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