SENEGAL - L'OPEAO veut créer un label éthique dans la gestion des entreprises

Dakar, 20 mars (APS) - L'Observatoire des pratiques éthiques en Afrique de l'Ouest (OPEAO) a comme challenge de mettre en place d'un label éthique pour amener les entreprises à intégrer certaines valeurs dans leur mode de gestion et à allier l'éthique à la recherche de profit, a indiqué, mardi, Moustapha Guirassy, membre du comité d'organisation de la structure.

‘'C'est un challenge, c'est un défi d'arriver, à terme, à définir des critères'', a dit M. Guirassy parlant de la création d'un label éthique, en marge d'une réunion d'information sur la mise en place de l'observatoire qui tiendra, samedi, son assemblée générale constitutive.

Il appartiendra, par la suite, à chaque entreprise ‘'de manière volontariste'' de faire appel à l'observatoire, pour demander à avoir accès au label, a encore expliqué Moustapha Guirassy, par ailleurs président directeur général de l'Institut africain de management (IAM).

L'observatoire s'emploiera alors à vérifier si les critères qu'il a retenus sont présents au sein de l'entreprise, avant de lui attribuer le label ou de le lui refuser, a-t-il ajouté, notant que l'‘'avantage est qu'en mettant en avant le label, une banque puisse financer une entreprise''.

Moustapha Guirassy a souligné que l'apposition d'une telle étiquette signifiera, entre autres, qu'il y a ‘'une bonne gestion (dans l'entreprise), que le dirigeant n'est pas corrompu, ou ne va pas corrompre d'autres''.

Pour ce qui est des liens entre les pratiques éthiques et la recherche de profit, M. Guirassy a encore estimé qu' ‘'il faut absolument que les deux aillent de paire'' et que, ce faisant, ‘'l'entreprise voie qu'en alliant les deux, il a du profit''.

Par exemple, si l'entreprise accède plus facilement à un financement de la Banque mondiale ou de la Banque africaine de développement (BAD), sur la base du critère éthique, le chef d'entreprise ‘'verra qu'il y a un lien entre la morale et le profit'', a-t-il dit.

‘'Je ne peux pas amener un chef d'entreprise à dépenser de l'argent si, au bout, il ne voit pas qu'il va (y) gagner'', a-t-il noté, martelant : ‘'c'est là le challenge de l'observatoire''.

Mais, pour M. Guirassy, ‘'tant qu'on n'arrivera pas à labelliser l'observatoire aussi'', notamment à travers le ‘'lobbying'' et l'appui de personnes ressources, la formule pourra, ‘'à terme, avoir des difficultés''.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'éthique est un facteur de développement de l'entreprise, car le gestionnaire qui ne fait pas de ‘'publicité mensongère'' et qui ‘'vend de bons produits'' n'a ‘'pas beaucoup de clients'' au début, ‘'mais, à terme il ‘'assoit son entreprise sur une socle solide''.

‘'La logique du profit à tout prix est une valeur contre laquelle on doit lutter'', a de son côté, estimé Alioune Ndiaye, président du comité d'organisation de l'OPEAO, pour qui ‘'une entreprise qui marche c'est également une entreprise qui paye ses employés'' de manière décente. D'ailleurs, a-t-il relevé, ‘'toutes les entreprises qui marchent ont un code de conduite''.

Même si elle est ‘'partie'' du domaine de la médecine, ‘'l'éthique est maintenant globale'', a pour sa part, indiqué Moustapha Gaye, directeur de l'école doctorale et de recherches de l'IAM et un des accompagnateurs du projet.

Aujourd'hui, des structures comme la Banque mondiale, l'Agence canadienne pour le développement international (ACDI), l'Agence japonaise pour le développement international (JICA) ont mis en place des ‘'grilles de bonne gouvernance'', a souligné M. Gaye, tout en relevant que ‘'le Sénégal ne peut pas évoluer à part''.

Suite à un colloque sur l'éthique et le management organisé du 8 au 10 juin 2006 à Dakar, à l'initiative de l'IAM, les participants avaient émis l'idée de la création d'un observatoire, qui serait un organe de veille et de contrôle des pratiques éthiques dans la gestion des entreprises.

L'observatoire, qui aura un statut sénégalais, compte toutefois s'assurer des ramifications dans la sous-région en promouvant d'autres structures du genre dans les pays d'Afrique de l'Ouest, a dit le président du comité d'organisation, Alioune Ndiaye.

ADI/AD