La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a dénoncé aujourd'hui le verdict disproportionné du procès en diffamation d'une entreprise contre le quotidien privé Walf Grand Place.
Le journal Walf Grand Place a été condamné le 8 mars par le tribunal régional de Dakar à une amende de 10 millions de Francs Fcfa (15,000 Euros) pour avoir « diffamé » un concessionnaire automobile, son Directeur de publication Jean Meïssa Diop et son reporter Faydy Dramé ont écopé de six mois de prison avec sursis. Le journal va interjeter appel du jugement.
Ce verdict fait suite à un procès en diffamation intenté au journal par le concessionnaire automobile Matforce. Les articles incriminés ont été publiés dans l'édition des samedi 10 et dimanche 11 juin de Walf Grand Place, rapportant un conflit entre le concessionnaire et l'un de ses clients qui reproche à une marque de véhicules qu'il a achetés, de présenter des « défectuosités rendant le véhicule inadapté à la circulation en Afrique ». Selon Jean Meïssa Diop, sur la même page de cette édition, a donné l'opportunité aux deux, à l'acquéreur et au concessionnaire de se prononcer.
« Nous dénonçons cette condamnation disproportionnée avec une amende exorbitante contre Walf Grand Place, » a dit Gabriel Baglo, Directeur du bureau Afrique de la FIJ. « Nous sommes scandalisés par ce verdict au vu du fait que Walf Grand Place a respecté la règle d'équilibre et de déontologie en donnant la parole aux deux parties. Nous appelons la cour à annuler ce jugement. »
« Nous sommes solidaires avec nos collègues de Walf Grand Place pour le caractère professionnel de l'article qui a été incriminé et nous comptons leur apporter un appui légal dans cette affaire » a déclaré Khady Diatou Cissé, Secrétaire Général du Syndicat des Professionnels de l'Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS)
Walf Grand Place a saisi l'organe d'autorégulation de la presse du Sénégal, le Conseil pour le Respect de l'éthique et de la déontologie (CRED) pour son avis. « Le verdict de ce tribunal des pairs sera celui-là seul qui nous soulagerait ou nous pèserait sur la conscience, » a déclaré Jean Meïssa Diop.
La FIJ a aussi invité les candidats aux législatives de juin 2007 au Sénégal à inscrire au titre de leurs priorités, la dépénalisation de tous les délits de presse, gage d'une vraie démocratie.
Pour rappel, en 2006, un journaliste a été condamné à six mois de prison ferme pour diffamation et au moins cinq autres ont été traduits en justice pour la même accusation.
Emetteur: Fédération Internationale des Journalistes
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