Cet article est une réaction à celui que nous avons publié le 4 septembre dernier sur ce blog et intitulé « L'IE expliquée aux entreprises sénégalaises ». Son auteur y développe des idées assez pertinentes pour expliquer que l’Afrique a plus que jamais besoin de l’IE et qu’elle doit s’y mettre à sa façon.
Nous avons jugé intéressant de le publier car c’est une analyse assez bien faite et sur laquelle les gouvernants et les chefs d’entreprise africains doivent méditer pour permettre à l’Afrique de décoller économiquement en se servant, en partie, de l’IE.
C’est un honneur pour moi de voir des fils du continent se pencher sur des dynamiques d’information permettant à l’Afrique et à ses entreprises de sortir des zones d’ombre. Pour dire simplement que l’information est devenue un intrant stratégique à la prise de décision et sa maîtrise devient un facteur clef de succès dans la nouvelle organisation.
Devant ces différentes réalités évoquées et à l’heure des grandes mutations, une question revient sans cesse : l’Afrique, berceau de la première civilisation primitive, est-elle civilisée à l’Intelligence économique ? Devant ce questionnement sans réplique affirmative, le bilan est lourd et l’état des lieux désastreux.
L’Intelligence économique semble être un tabou en Afrique alors que les grands États se sont tous mobilisés et que les anciens spécialistes de l’espionnage et du contre espionnage font désormais office d’experts soit dans le public en termes d’Intelligence territoriale ou dans le privé en tant que consultants avec le renseignement légal ; et pourtant la guerre économique n’épargne pas l’Afrique, elle est le terrain d’affrontement stratégique entre multinationales. Cependant il y a encore espoir à l’image de ces travaux de spécialistes comme ceux d’Infostrat qui s’inscrira dans la logique d’une naissance imminente de l’Intelligence économique en AFRIQUE.
Face à cela comment l’Afrique doit intégrer l’Intelligence économique pour favoriser et créer le cadre d’expression de l’Intelligence économique et s’appuyer sur le secteur des PME et PMI qui constituent la grande majorité des entreprises du continent ?
L’Afrique doit pratiquer les procédés d’Intelligence économique pour créer un cadre d’expression à l’Intelligence Economique.
Procéder par l’Intelligence économique pour arriver à l’intelligence économique. Vulgariser, sensibiliser et préparer un cadre d’expression à l’intelligence économique par l’Intelligence économique, tel semble être paradoxal mais si l’on considère que par des procédés d’Intelligence économique ou de Benchmarking l’Afrique devrait arriver à imiter les démarches des Européens, des Américains et des Asiatiques pour préparer les cadres stratégique et juridique de l’Intelligence économique qui est actuellement incontournable à l’image des grandes entreprises qui ont réussi à mettre en place des politiques intégrant l’Intelligence économique au sens global dans leur stratégie ; l’Afrique devrait faire de même.
Elle devra s’approprier une telle
démarche ainsi que les meilleures pratiques pour arriver aujourd’hui au stade
de prise de conscience et de mise en œuvre d’une approche politique et
administrative de la réalité. Il faut dire qu’en 2003 la France était à ce stade de
mimétisme alors que Bernard Carayon (Député du Tarn) criait « La France est en retard en matière d'intelligence
économique », il affirmait que «
L'expression est apparue pour la première fois en France dans un rapport du
Commissariat Général au Plan. L'intelligence économique était présentée comme
une méthode d'identification de l'information au service des entreprises
(veille, informations juridiques, communication...) ou assimilée à de
l'espionnage. Je revendique la réalité de la guerre économique, mais je trouve
curieux d'utiliser une expression aussi ambiguë pour parler de veille et de
renseignement », et prétends avoir «
défini une politique publique d'intelligence économique. Premièrement une
politique de compétitivité, d'accompagnement des entreprises sur les marchés mondiaux ;
ensuite, une politique de sécurité économique qui s’appuie sur la définition
d’un périmètre stratégique de l’économie nationale, puis européenne ;
politique d’influence, notamment auprès des organismes où s’élaborent désormais
les normes qui règlent la vie économique et enfin, une politique de formation,
dans l'enseignement supérieur principalement. »
Par un benchmarking l’Afrique devrait identifier « les secteurs les plus sensibles » et les marchés stratégiques. Cette notion renvoie à une conception particulière de l'économie, qui n'occulte pas l'importance de la dimension politique. « Nous ne devons pas croire que ces marchés se conquièrent uniquement par les règles de l'économie libérale, le prix et la qualité des produits et services car ils subissent l'influence des États ou d'acteurs nouveaux comme les ONG, les think tanks, les lobbies, etc. On peut également définir ces marchés stratégiques comme des marchés créateurs de puissance et d'influence. Cinq grands domaines sont jugés comme sensibles aujourd'hui : les TICS (technologies de l'information et de la communication et de la sécurité), l'énergie, la pharmacie, l'aéronautique et quelques pans de l'industrie alimentaire. » (selon des sources du gouvernement français).
Avant 2004 la France ne disposait d'aucun
dispositif de protection de ses entreprises stratégiques et aujourd’hui c’est fait,
elle dispose d’un référentiel de formation en intelligence économique et d’un
guide de veille concurrentielle. « Le
périmètre stratégique n'était même pas une notion imaginée et l'ensemble des
services de l'État travaillait en désordre sur ces questions. Il n'y avait pas
non plus de réflexion autour des enseignements universitaires sur les
technologies sensibles et ce n'est que récemment que la France a engagé, sous
l'impulsion de Michèle Alliot-Marie, une réflexion sur la dépendance
stratégique de sa défense nationale ».
L’enseignement universitaire doit être impliquée ainsi que la recherche. L’Afrique par des procédés de Knowledge management va disposer de compétences clés : les acquérir, les dynamiser et les transmettre pour réussir cette politique d’Intelligence économique en ayant avec elle des spécialistes en IE avec un savoir-faire réel et validé. La solution d'Intelligence Territoriale permettra aux pôles et agences publiques, gouvernementales ou locales, de valoriser leur territoire grâce à une surveillance des acteurs de leur territoire et des initiatives économiques et sociales d'autres territoires et régions du monde.
L’Afrique par ces solutions d’Intelligence territorial apportera des réponses aux questions sur « les différents acteurs de son territoire et leur activité, sur les besoins d'information des acteurs de son territoire pour soutenir leur développement, sur les acteurs à plus forts potentiels (" pôles de compétitivité"), sur comment évoluent les grandes tendances sociétales, économiques, technologiques pouvant impacter son territoire etc.. » L’Afrique pour réussir son « Découvrir - Pratiquer - S’approprier » l’Intelligence économique doit d’abord être élève de l’Intelligence économique avant d’en devenir pleinement un acteur, ce qui est entre autres un défi majeur.
Aboubacar
Sadikh Ndiaye.
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