Cet article est extrait de mes
travaux de recherche sur l’Intelligence Economique (IE) en Afrique et plus
particulièrement sur « Les besoins
des entreprises sénégalaises en IE ». Ces travaux s’appuient sur des
sources diversifiées et sures ainsi que sur des enquêtes de terrains (cadres
d’entreprise, hommes politiques, consultants, etc.).
Je publie l’article pour
expliquer brièvement en quoi consiste l’IE et à quoi elle pourrait servir aux
entreprises.
L’information stratégique est
devenue aujourd’hui la pierre angulaire du développement et de la survie de
toute entreprise. L’entreprise a besoin d’être au courant des activités de ses
concurrents, de protéger ses informations sensibles, de se protéger contre les
menaces informatiques et des attaques informationnelles, de savoir trouver
l’information « qui fait la
différence » avant les autres, de savoir détecter les signaux faibles
permettant d’être en avance par rapport à la concurrence, de trouver de
nouvelles opportunités sur son marché, etc. Tout cela avec pour objectif :
être la plus forte, la plus réactive, la plus compétitive, la plus présente, la
mieux informée, la mieux protégée, la mieux prévenue des entreprises.
Avec l’Intelligence Economique
(IE), tout cela est aujourd’hui possible avec la plus grande légalité.
Brièvement qu’est-ce que l’IE ? "L'intelligence
économique est l'ensemble des techniques ayant pour objectif, par des moyens
légaux, d'apporter des informations à l'organisation, c'est-à-dire à enrichir
le savoir de l'entreprise, ainsi que de lutter contre les menaces directes
contre l'organisation (espionnage, vandalisme, voire terrorisme),
essentiellement en les prévoyant. L'intelligence économique se distingue de
l'espionnage économique car elle utilise exclusivement des moyens légaux."
(Source : Wikipédia).
Le « Rapport Martre », lui,
défini l’IE comme étant « l’ensemble des
actions coordonnées de recherche, de traitement et de diffusion (en vue de son
exploitation) de l’information utile aux acteurs économiques… L’information
utile est celle dont ont besoin les différents niveaux de décision stratégique
de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en oeuvre de
façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des
objectifs définis par l’entreprise dans le but d’améliorer sa position dans son
environnement concurrentiel »
Veille concurrentielle Veille technologique
Veille création d’entreprise
Veille
juridique Veille judiciaire
Veille sociétale Veille environnementale
Veille réglementaire
Veille
risque pays Veille financière
Veille sociale Veille
clientèle
Veille sécuritaire
anti-agression
Veille
comptable Veille notoriété
Veille fiscale Veille
grands projets
Veille appels d’offre
Veille fournisseurs Veille
catalogues et tarifs
Veille aides publiques Veille personnalités
Veille
donneurs d’ordres
Veille rapports annuels Veille
plaquette commerciales
Veille marque, dessins, modèles...
Source : Acrie
L’IE touche également à tout
ce qui est de la prévention de crise, de la gestion de crise, de la
communication de crise etc. Tout cela a pour but d’aider l’entreprise à
prévenir les crises où à défaut les contenir. Il faut savoir qu’aujourd’hui, il
est très facile d’anéantir une entreprise avec de la désinformation, de fausses
rumeurs, des vols d’informations sensibles, des attaques informationnelles etc.
Une bonne gestion de crise peut limiter très fortement les effets de telles
menaces.
Le Knowledge Management (KM) et le Benchmarking vont de paire avec l’IE. Le KM (ou management
du savoir) est l'organisation et la gestion de la connaissance au sein de
entreprise. Il permet de partager et d'échanger de la meilleure des méthodes
les informations accumulées par l’entreprise. Le Benchmarking correspond quant
à lui à l’étude et à l’analyse des techniques de gestion (au sens large)
employées par les autres entreprises pour les améliorer, les rendre meilleures
et se les approprier. Le Benchmarking, si on peut dire, et l’un des secrets du
développement incroyable et rapide du Japon. Aujourd’hui, la Chine et l'Inde, les deux nouvelles puissances qui commencent à s'imposer sur le marché mondial , y font largement recours.
Pourquoi l’Afrique, et en particulier le Sénégal, a-t-elle
besoin de l’IE ?
Les Etats-Unis ont compris depuis longtemps que le monde se dirige vers une compétition économique féroce où il faut être plus innovant, plus réactif, mieux informé que le concurrent et où les plus petits se font écraser sans état d’âme. Les Européens l’ont bien compris eux aussi. Aujourd’hui, l’Allemagne, la France et les autres ne ménagent aucun effort pour défendre leur patrimoine économique et aider leurs entreprises à survivre dans cette « jungle » de la mondialisation.
En général, pour ce qui est de
l’Afrique, les entreprises on besoin de l’IE pour les raisons suivantes :
- Les
entreprises africaines sont très peu compétitives
- Elles
innovent très peu
- Elles
ne maîtrisent pas bien leur environnement
- Elles
sont très exposées aux attaques extérieures ; etc.
Pour ce qui est du Sénégal,
les entreprises qui jusque-là se trouvaient dans des situations de monopole ou
de faible concurrence se sont très peu dotées de systèmes et de méthodes
performants et ont une très faible réactivité face à la demande. Cela ralentit
fortement leur performance et leur niveau de compétitivité. A cela s’ajoute le
fait que la qualité de leurs produits est très en dessous des normes exigées
dans le marché international.
L’IE permettrait à ces
entreprises d'être plus compétitives, innovantes, de s’étendre sur d’autres
marchés et de se protéger des menaces qui pourraient anéantir leur
développement.
Au Sénégal, j’ai eu à discuter
avec des chefs d’entreprises, des responsables commerciaux, des responsables
marketing et autres, et j’ai constaté qu’il y a un réel besoin en IE. Les besoins les plus importants se font sentir
notamment au niveau de la veille, de la communication et de la recherche
d’informations stratégiques. En ce qui concerne la veille, naturellement les
entreprises en font mais elle est très mal organisée et l’Internet (qui est une
source immense d’informations) n’est pas exploité.
Je pense très sincèrement que
si le Sénégal disposait d’une bonne politique d’IE, il aurait pu aider les
entreprises locales à conquérir des marchés dans la sous région. Il aurait pu
aussi se soustraire aux plans stratégiques des organisations économiques
mondiales (très contraignants et souvent inefficaces) et préserver les
entreprises nationales (comme les ICS, la Sonacos, la SAR,
Amadou CISSE
Consultant en IE
C’est un honneur pour moi de voir des fils du continent se penchaient sur des dynamiques d’information permettant à l’Afrique et à ses entreprises de sortir des zones d’ombre. Pour dire simplement que l’information est devenu un intrant stratégique à la prise de décision et sa maîtrise devient un facteur clef de succès dans la nouvelle organisation.
Devant ces différentes réalités évoquées et à l’heure des grandes mutations, une question revient sans cesse : l’Afrique, le vieux contient, berceau de la première civilisation primitive est elle civilisée à l’intelligence économique ?
Devant ce questionnement sans réplique affirmative, le bilan est lourd et l’état des lieux désastreux. L’intelligence économique semble etre un tabou alors que les grands états se sont tous mobilisés et que les anciens spécialistes de l’espionnage du contre espionnage font désormais office d’experts soit dans le public en terme d’intelligence territoriale ou dans le privé en tant que consultants avec le renseignement légal ; et pourtant la guerre économique n’épargne pas l’Afrique, il et est le terrain d’affrontement stratégique entre multinationales. Cependant il y a encore espoir à l’image de ces travaux de spécialistes comme ceux d’infostrat qui s’inscrira dans la logique d’une naissance imminente de l’IE en AFRIQUE
Face à cela comment l’Afrique doit intégrer l’intelligence économique pour favoriser et créer le cadre d’expression de l’Intelligence Economique et s’appuyer sur le secteur des Pme et Pmi qui constituent la grande majorité des entreprises du continent.
_ L’Afrique doit pratiquer les procédés Intelligence Economique pour créer un cadre d’expression à l’Intelligence Economique
Procéder par l’intelligence économique pour arriver à l’intelligence économique. Vulgariser, sensibiliser et préparer un cadre d’expression à l’intelligence économique par l’ intelligence économique , tel semble etre paradoxale mais si l’on considère que par des procédés d’intelligence économique ou le benchmarking l’Afrique devrait arriver à imiter les démarches des européens , des américains et des asiatiques pour préparer les cadres stratégique et juridique de l’intelligence économique qui est actuellement incontournable à l’image des grandes entreprises qui ont réussi à mettre en place des politiques intégrant l’intelligence économique au sens globale dans leur stratégie ; l’Afrique devrait faire de même.
Elle devra s’approprier une telle démarche ainsi que les meilleures pratiques pour arriver aujourd’hui au stade de prise de conscience et de mise en œuvre d’une approche politique et administrative de la réalité. Il faut dire qu’en 2003 la France était à ce stade de mimétisme alors que le Bernard Carayon (Député du Tarn) criait
« La France est en retard en matière d'intelligence économique », il affirmait que« L'expression est apparue pour la première fois en France dans un rapport du Commissariat Général au Plan. L'intelligence économique était présentée comme une méthode d'identification de l'information au service des entreprises (veille, informations juridiques, communication...) ou assimilée à de l'espionnage. Je revendique la réalité de la guerre économique Mais je trouve curieux d'utiliser une expression aussi ambiguë pour parler de veille et de renseignement », et prétend avoir « défini une politique publique d'intelligence économique. Premièrement une politique de compétitivité, d'accompagnement des entreprises sur les marchés mondiaux; ensuite, une politique de sécurité économique qui s’appuie sur la définition d’un périmètre stratégique de l’économie nationale, puis européenne; politique d’influence, notamment auprès des organismes où s’élaborent désormais les normes qui règlent la vie économique et enfin, une politique de formation, dans l'enseignement supérieur principalement. »
Par un benchmarking l’Afrique devrait identifier « les secteurs les plus sensibles »
et les marchés stratégiques. Cette notion renvoie à une conception particulière de l'économie, qui n'occulte pas l'importance de la dimension politique. « Nous ne devons pas croire que ces marchés se conquièrent uniquement par les règles de l'économie libérale, le prix et la qualité des produits et services car ils subissent l'influence des Etats ou d'acteurs nouveaux tels que les ONG, les think tanks, les lobbies, etc. On peut également définir ces marchés stratégiques comme des marchés créateurs de puissance et d'influence. Cinq grands domaines sont jugés comme sensibles aujourd'hui : les TICS (technologies de l'information et de la communication et de la sécurité), l'énergie, la pharmacie, l'aéronautique et quelques pans de l'industrie alimentaire. »(selon des sources du gouvernement français)
Avant 2004 la France ne disposait d'aucun dispositif de protection de ses entreprises stratégiques et aujourd’hui c’est fait, elle dispose d’un référentiel de formation en intelligence économique et d’un guide de veille concurrentielle. « Le périmètre stratégique n'était même pas une notion imaginée et l'ensemble des services de l'Etat travaillaient en désordre sur ces questions. Il n'y avait pas non plus de réflexion autour des enseignements universitaires sur les technologies sensibles et ce n'est que récemment que la France a engagé, sous l'impulsion de Michèle Alliot-Marie, une réflexion sur la dépendance stratégique de sa défense nationale. »
L’enseignement universitaire doit etre impliquée ainsi que la recherche .L’AFRIQUE par des procédés de knowledge management va disposer de compétences clés : les acquérir, les dynamiser et les transmettre pour réussir cette politique d’intelligence économique en ayant avec elle des spécialistes en IE avec un savoir faire réel et validé.
La solution d'Intelligence Territoriale permettra aux pôles et agences publiques, gouvernementales ou locales, de valoriser leur territoire grâce à une surveillance des acteurs de leur territoire et des initiatives économiques et sociales d'autres territoires et régions du monde.
L’Afrique par ces solutions d’intelligence territorial apportera des réponses aux questions sur « les différents acteurs de son territoire et leur activité, sur les besoins d'information des acteurs de son territoire pour soutenir leur développement, sur les acteurs à plus forts potentiels ("pôles de compétitivité"), sur comment évoluent les grandes tendances sociétales, économiques, technologiques pouvant impacter son territoire etc… »
L’Afrique pour réussir son « Découvrir - Pratiquer - S’approprier » l’intelligence économique doit d’abord être élève de l’intelligence économique avant d’en devenir pleinement un acteur, ce qui est entre autre un défi majeur.
Rédigé par : aboubacar sadikh ndiaye | 09 septembre 2006 à 12:05
c'est une analyse trés pertinente de la situation que vous avez fait. continuez ainsi, monsieur Cissé Amadou. l'avenir est devant vous
Rédigé par : Ndiaye Maty | 02 octobre 2006 à 14:08
C'est une analyse extrément pertinente que vous venez de faire. J'aimerais collaborer avec vous. Vous avez brillament défini le contexte actuel dans lequel évoluent les entreprises Africaines, et la nécessité pour ces derniéres de chercher à avoir une vision trés claire de leur environnement ! Bravo
Rédigé par : Babacar NDIONE | 20 avril 2008 à 20:18