La dixième législature va consacrer le vote des militaires et paramilitaires au Sénégal. Tout porte à le croire. Le journal en ligne nettali.com rapporte qu’un projet de loi est en gestation et sera bientôt déposé à l’Hémicycle. Le «déploiement de l’Armée» sur le fichier électoral ne sera pas donc inutile.
C’est comme si quelqu’un voulait rectifier une erreur, une faute. Les manquements relevés par le Pr Abdoulaye Bathily sur le fichier électoral a apparemment préoccupé les autorités. En effet, le site nettali.com rapporte que le Conseil des ministres tenu, hier, s’est penché sur un projet de loi devant permettre aux militaires, gendarmes et policiers de voter. Comme pour corriger les inscriptions massives des membres de ces corps sur les listes électorales.
Selon les sources de nettali.com, «le projet de loi donnant aux corps militaire et para-militaire le droit de vote sera bientôt déposé sur la table des députés pour que l’Assemblée nationale à majorité libérale se prononce». Ainsi, une des caractéristiques fondamentales de la démocratie sénégalaise risque de s’affaisser sous l’alternance. Et tout porte à le croire. Sur les ondes de la bande Fm, le président du groupe parlementaire démocratique et libéral, Doudou Wade, donne déjà son approbation. Il considère que les militaires, qui constituent des citoyens à part entière, doivent avoir le droit de choisir celui qui va conduire les destinées du peuple.
Du côté de l’opposition, il n’y a pas encore beaucoup de réactions. Les hommes politiques, à l’image de Mata Sy Diallo de l’Afp, attendent la décision des instances dirigeantes pour s’exprimer. Mais au niveau du Parti socialiste, le Bureau politique déplore «la violation du consensus de 1992 sur le code électoral» qui avait exclu l’Armée des élections. En plus, le Ps ne comprend pas pourquoi les membres du Pds n’ont pas évoqué la question lors de la dernière rencontre entre l’opposition et le ministère de l’Intérieur.
N’empêche, Maguette Thiam du Pit approuve le principe du vote des corps des militaires et paramilitaires. Les «rouges» de Khar Yalla défendent que leur parti ne peut s’opposer à ce projet de loi. «Par principe.» Par ailleurs, M. Thiam croit savoir que les sociétés doivent évoluer pour accepter le vote de tous les acteurs de la vie du pays. Cependant, il attend de comprendre dans quel contexte ce projet de loi va être déposé. Espérant, seulement, que ce ne soit pas une «incidence dans la gestion du fichier».
Cheikh Fadel BARRO (Le Quotidien)
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