La présidence de la République a ceci de particulier qu’elle est le parfait concentré de la sociologie politique née des entrailles de l’alternance. Anciens compagnons et collaborateurs de la première heure y disputent le plancher avec les nouveaux sherpas du régime.
Elu en 2000 et réélu en 2007, Abdoulaye Wade est entouré d’un carré de fidèles aux cartes de visite plus ou moins respectables. Dans le premier cercle, on retrouve Karim Wade, son fils et un de ses plus proches collaborateurs. Banquier formé à bonne école, il s’occupe, outre ses fonctions de Président du conseil de surveillance de l’Anoci, des dossiers à impact financier certain. Ce qui fait que son nom est régulièrement cité dans les hautes transactions (attribution de la deuxième licence globale, privatisation des Ics, attribution du marché du Terminal à containers, etc). Cette position stratégique lui vaut une certaine sympathie au niveau de la classe moyenne et des quolibets venant de certains à qui il est susceptible de faire ombrage. ‘Monsieur 10 %’ est, entre autres, un de ces sobriquets qui lui collent comme un boulet.
Dans la famille Wade, il y a encore la très discrète Sindiély. Officiellement, elle occupe les fonctions d’assistante spéciale auprès de son père. Hors le noyau familial, l’on retrouve le deuxième cercle avec, à sa tête, le très effacé Zacaria Diaw. Du ministre d’Etat, Directeur de cabinet du président de la République, on dit que c’est un technocrate rompu aux arcanes de l’administration. Rompu à la territoriale avec, tour à tour, des postes de préfet et de gouverneur, M. Diaw est, aujourd’hui, le passage obligé pour qui veut traiter avec Wade. A côté, l’on retrouve Babacar Gaye qui, après Souleymane Ndéné Ndiaye, a été le premier à être proposé au poste. Une inadéquation entre son curriculum vitae et l’emploi auquel il était destiné, a fait qu’il dut se contenter d’un poste de directeur du cabinet politique du chef de l’Etat, une nouveauté dans l’organigramme de la présidence de la République.
Quant à Lamine Faye, garde du corps et petit-fils du président de la République, il occupe une place centrale dans le dispositif présidentiel. Toutefois, une proximité avec l’ancien Premier ministre Idrissa Seck a failli lui coûter son poste. Aide de camp du président de la République, le Commandant Bara Cissokho passe, également, pour le gestionnaire de la ‘caisse d’avance’. En d’autres termes, c’est lui le bras armé de la légendaire prodigalité du Maître. C’est par lui que passent les ‘enveloppes’ et autres libéralités faites par Wade aux visiteurs et autres opposants encombrants.
Adjoint au directeur du cabinet politique du président de la République, président du conseil d’administration de la société de transport Dakar Dem Dikk, Alioune Diop fait partie des fidèles parmi les fidèles. Il a même été des retraites de Versailles. Aux côtés de Pape Samba Mboup, il fait office de gardien du temple. Ce dernier, ministre-chef de cabinet du président de la République, sert de relais entre Me Wade et les chefs religieux.
Les ‘enveloppes’ et billets pour le Pèlerinage aux Lieux saints passent par lui. Courroie de transmission essentielle dans le dispositif du Château, Pape Samba Mboup avait démissionné de son poste suite à une affaire de mœurs révélée par nos confrères de Taxi-Le Journal. Mais, c’était pour revenir par la fenêtre quelques jours plus tard. Régulièrement cité dans la presse pour ses frasques, Pape Samba Mboup fait partie de ceux sur qui Wade peut compter, quelles que soient les circonstances. ‘Quand il (Wade) dit qu’il fait froid, je grelotte ; quand il dit qu’il fait chaud, je transpire’, avait-il dit dans une boutade. Pressenti pour être chef du protocole du président de la République aux premières lueurs de l’alternance, Bruno Diatta lui sera, finalement, préféré du fait de la sensibilité de la fonction.
Présenté comme une des colombes du Palais, Hassan Bâ, missi dominici de Wade et gourou de la communication présidentielle, est un élément-clé de la garde rapprochée du président de la République. C’est lui qui coiffe la communication d’Etat (Primature, Présidence de la République, ministères). Sa légendaire proximité avec les enfants du président de la République fait de lui un homme de confiance de ce dernier.
Abdoulaye Faye et Serigne Diop, ministres d’Etat auprès du président de la République, ont le privilège d’avoir l’oreille de leur patron. Le premier pour les questions politiques, le second pour celles juridiques.
Quant à Abdoulaye Baldé, outre ses fonctions de Directeur exécutif de l’Anoci, il trône à la tête du secrétariat général de la Présidence de la République. Commissaire de police de formation ayant blanchi sous le harnais de l’administration centrale d’Etat et particulièrement à la Présidence de la République, proche de Karim Wade avec qui il fait tandem pour - qui sait ?- aspirer à la haute direction du pays, Baldé tisse sa toile dans la ‘Génération du concret’ et fait ses premiers pas en politique.
Last but not least, Aminata Sakho. Nièce du président de la République et chargée de mission auprès de ce dernier, elle s’occupe du volet social du cabinet (mariages, baptêmes, décès, etc.)
Ibrahima ANNE (Walf)
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