Dossier complet sur la révolte des "marchands ambulants" au Sénégal depuis le 21 novembre 2007. Pour plus d'objectivité sur cette crise, nous avons associé aux articles de la presse locale des articles de la presse étrangére. Bonne lecture.
Sénégal: le climat social se détériore, violentes protestations
DAKAR (AFP) — Violentes protestations de centaines de marchands ambulants, manifestation contre la hausse des prix interdite in extremis à Dakar: le climat social s'est brusquement détérioré mercredi au Sénégal, où la population souffre du renchérissement des produits de première nécessité.
Ces protestations sont parmi les plus violentes depuis l'élection en 2000 du président Abdoulaye Wade, 81 ans, réélu dès le premier tour en février 2007 pour un mandat de cinq ans.
L'interdiction il y a une semaine par les autorités, sur ordre du chef de l'Etat, de tout commerce informel sur les trottoirs de la capitale sénégalaise a mis le feu au poudre dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois.
Mercredi matin, plusieurs centaines de vendeurs ambulants, rejoints par des jeunes gens, ont violemment protesté dans le centre de Dakar contre cette interdiction, qui les prive de tout revenu.
Les commerçants mécontents ont d'abord allumé des feux à l'aide de pneus, de poubelles et d'étals en bois à des carrefours du quartier administratif du Plateau, autour du grand marché de Sandaga, rendant la circulation automobile quasiment impossible. Plusieurs véhicules ont été endommagés.
Des protestations similaires ont eu lieu dans le quartier populaire de la Médina, près du Plateau, où la situation a rapidement dégénéré. Les vitres de la mairie de la Médina ont été brisées à coups de pierre. Un véhicule municipal a été incendié et un autre caillassé.
"Ils sont venus et ont tout cassé. Les dégâts matériels sont très importants. Heureusement, il n'y a pas de blessé parmi les agents", a indiqué le maire de la Médina, Pape Momar Diop, sur une radio locale.
Dans le même quartier, des locaux de la Sénélec, la compagnie nationale d'électricité, ont été endommagés à coups de pierre et partiellement incendiés, a constaté un journaliste de l'AFP. Au moins trois véhicules de la société ont été endommagés ou incendiés.
De nombreux abris d'autobus et feux de signalisation ont été détruits par les commerçants en colère et l'ancien siège du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) dans le quartier de Colobane a été pris pour cible.
Les troubles ont ensuite gagné certains quartiers périphériques avant que la situation ne se normalise dans l'après-midi.
Le gouvernement sénégalais et des représentants de marchands ambulants ont par ailleurs trouvé un accord pour permettre à ces commerçants de travailler en toute légalité dans certains endroits de Dakar.
Un peu plus tard, le préfet de Dakar Mamadou Dia a annoncé à l'AFP qu'il avait interdit le défilé prévu à 15H00 (locales et GMT) dans la capitale à l'appel de 18 centrales syndicales pour protester contre les hausses des prix et réclamer une augmentation des salaires.
"La marche est interdite. On a pris un arrêté interdisant la marche, compte tenu des graves menaces de troubles à l'ordre public", a ajouté M. Dia.
Plusieurs centaines de manifestants ont toutefois commencé à défiler peu avant 16H00 (locales et GMT) depuis le quartier populaire de la Médina, a constaté un journaliste de l'AFP.
Mais des policiers se sont rapidement déployés devant eux pour arrêter leur progression. Des manifestants ont jeté des pierres contre les forces de l'ordre ripostant avec des grenades lacrymogènes, avant de se disperser sans incident.
Cette marche visait notamment à réclamer une baisse des prix de produits de première nécessité (pain, lait...) et l'augmentation des salaires. Sur les douze derniers mois, l'inflation a atteint près de 6% au Sénégal.
La manifestation avait été organisée par 18 centrales syndicales sur les 19 que compte le pays. Des marches similaires ont également été signalées à l'intérieur du pays, notamment à Mbour et Kaolack.
SÉNÉGAL -Le langage du ventre creux |
Réagissant contre la vie chère et la volonté du gouvernement de nettoyer les rues de Dakar en supprimant les commerces ambulants, les Sénégalais ont violemment manifesté leur colère le 21 novembre. Sud Quotidien raconte. |
Bagarres de rue entre policiers et marchands ambulants, marches des
forces syndicales, casses de véhicules et de cantines, pneus incendiés,
Intifada…
Le spectacle vécu hier dans la journée à Dakar renvoie aux souvenirs des années de braise. Les années 1988-89, pendant lesquelles, dans un élan parfois instantané, forces de l'opposition, syndicats, élèves et étudiants se sont coalisés pour exprimer leur ras-le-bol général face à la politique antisociale du défunt régime socialiste. La seule différence, c'est que ceux qui manifestaient hier dans les rues de la capitale et à l'intérieur du pays réagissaient contre les douleurs qui leur rongeaient le ventre à cause de l'absence de moyens de survie. En effet, le coût de la vie est devenu subitement intenable pour tout le monde. Excepté pour les tenants du pouvoir et leurs alliés. Les prix des denrées de première nécessité ont flambé alors que les salaires n'ont pas connu de hausse conséquente. Pendant ce temps, le fisc continue de grever dangereusement les revenus des quelques salariés que compte le pays. De pauvres travailleurs qui supportent des dizaines d'autres personnes sans emploi, pour lesquelles toutes les issues de sauvetage sont fermées. Les portes de l'immigration en direction des pays d'Europe sont fermées à cause de la politique antiafricaine de certains chefs d'Etats ; l'Amérique de George Bush ne veut plus de nos chômeurs alors que l'Espagne et l'Italie, les deux seuls pays qui pouvaient avoir encore besoin de cette main-d'œuvre bon marché, restreignent leur quota d'accueil avec la complicité de nos dirigeants. En désespoir de cause, il ne restait plus à ces milliers de jeunes gens (garçons et filles) que les artères de Dakar comme seul lieu de prédilection pour chercher par mille subterfuges des moyens de survivre. Mais, depuis le dernier Conseil des ministres, ces marchands ambulants n'ont plus le droit de squatter les artères de la capitale pour écouler leurs maigres marchandises. La décision de faire de Dakar une ville moderne n'est pas une mauvaise idée, notamment au moment où le Sénégal se prépare activement à recevoir les plus généreux milliardaires de la planète. Peu importe ! Cette mesure aurait dû être précédée de concertations pour une solution consensuelle. Surtout en cette période d'avant la fête de la Tabaski [du mouton], où tous les chefs de famille sont secoués par la forte pression des besoins de leurs familles. Erreur tactique ou cafouillage stratégique de la part des autorités ? Peut-être les deux à la fois, mais une erreur qui fait quand même l'affaire de l'union sacrée des dix-huit centrales syndicales et du front unitaire, qui trouvent en ces milliers jeunes marchands en colère des alliés sûrs. Tout comme d'ailleurs le Front Siggil Sénégal (FSS), pour lequel le renchérissement du coût de la vie et le déguerpissement des marchands ambulants sont deux excellents chevaux de bataille pour rallier le peuple en souffrance à leur cause. Les autorités de l'alternance, aujourd'hui préoccupées par des querelles intestines, auront-elles la force nécessaire pour inverser cette tendance ? Seul l'avenir nous le dira. |
Mamadou Mika Lom |
Sud Quotidien (Sénégal) |
APS / Plusieurs
centaines de vendeurs ambulants ont violemment protesté mercredi dans
le centre de Dakar contre l'interdiction récemment décidée par les
autorités de tout commerce informel sur les trottoirs de la capitale
sénégalaise, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des bâtiments publics ont été endommagés dans le quartier populaire de la Médina. Les commerçants mécontents ont d'abord allumé des feux à l'aide de pneus, poubelles et étals en bois à des carrefours du quartier administratif du Plateau, autour du grand marché de Sandaga, rendant la circulation automobile quasiment impossible. Plusieurs véhicules ont été endommagés. Des policiers du groupe mobile d'intervention, munis de matraques et de grenades lacrymogènes, tentaient de disperser les vendeurs en colère. Au moins une quinzaine de personnes ont été arrêtées près du marché Sandaga, a constaté un journaliste de l'AFP. Des protestations similaires ont eu lieu dans le quartier populaire de la Médina, près du Plateau, où la situation a rapidement dégénéré. Les vitres de la mairie de la Médina ont été brisées à coups de pierre, un feu a été allumé dans la cour. Un véhicule municipal a été incendié et un autre caillassé. "Ils sont venus et ont tout cassé. Les dégâts matériels sont très importants. Heureusement, il n'y a pas de blessé parmi les agents", a indiqué le maire de la Médina, Pape Momar Diop, sur une radio locale. Dans le même quartier, des locaux de la Senelec, la compagnie nationale d'électricité, ont été endommagés à coups de pierre et partiellement incendiés, a constaté un journaliste de l'AFP. Au moins trois véhicules de la société ont été endommagés ou incendiés. De nombreux abris de bus et feux de signalisation ont été détruits par les commerçants en colère, rejoints par des jeunes gens. A la mi-journée, environ un millier de personnes ont fait face aux forces de l'ordre dans un quartier de la Médina, lançant des pierres en direction des policiers, avant de se disperser, en petits groupes. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, la police et la gendarmerie avaient entamé des opérations pour vider les trottoirs de Dakar de leurs traditionnels occupants, des commerçants "tabliers" ou ambulants, mendiants et cireurs de chaussures. Ces protestations des commerçants informels, très nombreux dans la capitale sénégalaise, interviennent quelques heures avant une marche nationale, à l'appel de 18 centrales syndicales, pour protester contre les hausses des prix et réclamer une hausse des salaires. La manifestation doit débuter à 15H00 (locales et GMT) à Dakar. frt-sn-mrb-cpy/lbx |
Violences urbaines à Dakar
par RFI (avec AFP)
Article publié le 21/11/2007 Dernière mise à jour le 21/11/2007 à 22:07 TU
De nombreux commerçants ambulants ont protesté contre les mesures prévoyant leur départ des rues de Dakar.
(Photo : Reuters)
Le Sénégal a connu mercredi une journée de violence inhabituelle. On attendait une manifestation contre la vie chère, à l'initiative des syndicats, mais finalement ce sont les commerçants ambulants qui se sont mis en colère mercredi matin, après que les autorités aient ordonné leur « déguerpissement » des trottoirs de Dakar. Ce devait être une journée syndicale contre l’inflation, mais finalement rien ne s’est déroulé comme prévu. Mais en fin de soirée les autorités ont annoncé qu’un accord avait été trouvé avec les représentants des marchands ambulants pour leur permettre de travailler dans certaines zones de la capitale.
Les émeutes ont commencé en fin de matinée, avec comme point focal, l’avenue Lamine Gueye, une artère très commerçante du centre ville. Une foule de jeunes a envahi la chaussée et commencé à brûler des pneus et jeter des pierres. Même scénario, près du siège de la Radio télévision sénégalaise. Les forces de l’ordre sont intervenues pour les disperser. Mais au même moment, des incidents similaires ont démarré non loin de là dans le quartier populaire de la Médina. La mairie et une agence de la Société nationale d’électricité ont été saccagées, de même que l’ancien siège du parti au pouvoir, le PDS – Parti démocratique sénégalais. Il y a eu également des véhicules brûlés, des abribus et des feux de signalisation détruits.
Témoins des incidents au quartier de Sandaga
Interviewé par Marie-Laure Josselin
«J'ai vu des commerçants qui brûlaient des pneus et des tables.»
Et à mesure que la situation se calmait à la Médina, les manifestants se sont déplacés vers le quartier voisin de la « Gueule tapée » où des jeunes ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre, brûlé des pneus et brisé les étals d’un petit marché attenant. Les manifestants protestaient contre la campagne de « déguerpissement » lancée la semaine dernière par le président Wade contre les nombreux commerçants ambulants qui occupent les trottoirs de nombreuses artères de la ville. Ces derniers accusent le pouvoir de les priver de leur gagne-pain. Mais il semble que d’autres mécontents et des casseurs se sont joints à ces émeutes.
Manifestation syndicale interdite
En début d’après-midi les émeutes ont été dispersées par les forces de l’ordre dans le centre de la capitale sénégalaise, mais des radios privées ont indiqué que d’autres échauffourées avaient éclaté dans d’autres zones plus excentrées de la ville.
Dans ce contexte, une marche pacifique contre la vie chère, à l’appel des syndicats - qui devait avoir lieu à 15 heures locales - a été interdite, au moment où le cortège de militants commençait à s’ébranler. Certains leaders syndicaux ont pris acte, tandis que d’autres tentaient de forcer les cordons de police. Dans la confusion qui a suivi, il y a eu des jets de pierres et un cameraman de la télévision française a été blessé à la tête. Rapidement, la manifestation a toutefois été dispersée à la grande colère des marcheurs et des organisations syndicales qui comptent bien remettre ça.
La situation s’est normalisée en fin d’après-midi. Le gouvernement sénégalais et des représentants de marchands ambulants ont par ailleurs trouvé un accord pour permettre à ces commerçants de travailler en toute légalité dans certains endroits de la capitale. La Ville de Dakar a par ailleurs annoncé l’ouverture d’un guichet pour le recensement des commerçants ambulants « en vue de leur intégration au niveau de certains marchés et points de vente ».
Sénégal: une "folle journée d'émeutes jamais vues" selon la presse privée
DAKAR (AFP) — La presse sénégalaise estimait jeudi que les manifestations de mercredi à Dakar, les plus violentes depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade en 2000, constituaient l'expression d'un ras-le-bol des franges les plus démunies de la population.
"Dakar à feu et à sang", "Emeutes d'une rare intensité", "Baptême du feu de Wade", "Une folle journée d'émeutes jamais vues": les titres des journaux privés mettaient en exergue, photos à l'appui, l'ambiance d'insurrection urbaine qui a gagné les rues de la capitale mercredi après-midi.
"Attention, la chienlit menace", a averti Walfadjiri, relevant que "c'est la première fois depuis l'alternance politique (en 2000) que (...) des évènements d'une telle ampleur sont signalés sur l'espace public".
Sud Quotidien estimait que "le spectacle vécu hier (renvoyait) au souvenir des années de braise 1988-1989", théâtre de violentes protestations populaires contre l'ancien régime socialiste.
Selon le journal, ce "dialogue du ventre" traduit l'"absence des moyens de survie" pour ces marchands ambulants chassés des trottoirs de la capitale sénégalaise il y a une semaine, sur ordre du chef de l'Etat.
Cette mesure qui les prive de tout revenu a mis le feu aux poudres mercredi à Dakar, où plusieurs centaines de vendeurs ambulants ont violemment protesté, rejoints par des groupes de jeunes.
Les manifestants ont allumé des feux à l'aide de pneus, poubelles et étals en bois, endommagé des véhicules et des bâtiments publics.
"Plus qu'un avertissement", assurait Le Matin, expliquant que "la bombe sociale a tonné hier".
"Comment peut-on soustraire à quelqu'un son gagne-pain sans au préalable lui donner une alternative plausible" dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois, s'interrogeait l'éditorialiste du journal.
"Dakar a été transformé en vaste camp de bataille", relevait de son côté Le Populaire, notant les "dommages collatéraux inestimables" avec la fermeture de la quasi-totalité des commerces dans le centre-ville.
Dans un édito au vitriol, Walfadjiri a dénoncé l'incapacité des autorités et des services de renseignements à prévoir "des évènements qui dépassent le cadre d'une simple action revendicative" et qui constituent "l'expression d'un ras le bol généralisé tout doit sorti des bas-fonds de la société".
Selon Le Quotidien, "le contexte social est tel que les populations traînent avec elles des urgences de survie à satisfaire".
"Face à cela, le pouvoir ne peut à la fois +judiciariser+ l'immigration clandestine, traquer les vendeurs à la sauvette (...) et espérer gouverner dans la tranquillité", assure le journal.
Sénégal: nouvelles violences sporadiques à Dakar, plus de 200 arrestations
DAKAR (AFP) — De nouvelles échauffourées sporadiques entre vendeurs ambulants en colère et forces de l'ordre ont troublé jeudi la capitale sénégalaise, au lendemain de violentes protestations qui se sont soldées par de nombreuses destructions matérielles et plus de 200 arrestations.
Environ 200 vendeurs ambulants, qui protestaient contre l'interdiction frappant leur activité à Dakar depuis une semaine, ont continué jeudi à s'en prendre aux forces de l'ordre déployées en nombre dans le centre-ville.
Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser leurs agresseurs qui chargeaient par vagues à coups de pierres, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les troubles étaient concentrés autour du marché "Petersen", dans le Plateau (quartier administratif), qui a été incendié dans la nuit.
Ce marché devait accueillir une partie des commerçants ambulants délogés aux termes d'un accord conclu mercredi avec le gouvernement.
"Il s'agit de petites échauffourées, la situation est maîtrisée", a tenu à préciser à l'AFP un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. "Nous avions reçu des renforts de la gendarmerie hier (mercredi), mais nous n'en sommes pas encore là aujourd'hui."
Il a par ailleurs dénoncé le fait que les manifestants étaient, selon lui, "infiltrés par des perturbateurs mal intentionnés".
Depuis la mi-novembre, sur ordre du président Abdoulaye Wade, la police et la gendarmerie mènent des opérations pour expulser des trottoirs de Dakar leurs traditionnels occupants, des commerçants "tabliers" ou ambulants, des mendiants et des cireurs de chaussures.
Cette interdiction a mis le feu aux poudres dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois.
Mercredi, les protestations de commerçants en colère, accompagnés de jeunes, avaient déjà dégénéré en accrochages avec les forces de l'ordre, entraînant notamment de nombreuses destructions matérielles.
Dans le quartier populaire de la Médina, près du Plateau, les locaux de la mairie d'arrondissement et de la Sénélec, la compagnie nationale d'électricité, ont été endommagés à coups de pierre et plusieurs véhicules ont été incendiés.
Ces protestations, parmi les plus violentes depuis l'élection en 2000 du président Abdoulaye Wade -réélu dès le premier tour en février 2007 pour un mandat de cinq ans-, se sont soldées par l'arrestation de plus de 200 personnes.
"Hier (mercredi), à l'issue des événements, 209 personnes ont été interpellées", a déclaré à l'AFP le responsable de la police, qui n'a pu préciser immédiatement si des arrestations avaient été effectuées jeudi.
Mercredi soir, le gouvernement et des représentants de marchands ambulants avaient trouvé un accord pour permettre à ces commerçants de travailler en toute légalité sur certains emplacements.
De nouvelles réunions étaient prévues avec les autorités municipales jeudi, alors qu'une partie des commerçants du centre-ville avaient préventivement maintenu leur rideaux fermés.
Jeudi matin, plusieurs journaux privés soulignaient que ces protestations constituaient l'expression d'un ras-le-bol des franges les plus démunies de la population, frappées de plein fouet par de récentes hausses des prix des produits de première nécessité.
Le quotidien Walfadjiri a ainsi estimé que "ces événements, qui dépassent le cadre d'une simple action revendicative", constituent "l'expression d'un ras le bol généralisé tout doit sorti des bas-fonds de la société".
Selon Le Quotidien, "le pouvoir ne peut à la fois +judiciariser+ l'immigration clandestine, traquer les vendeurs à la sauvette (...) et espérer gouverner dans la tranquillité".
Sénégal - Violentes manifestations à Dakar
LEXPRESS.fr / La presse sénégalaise décrivait ce jeudi dans ses colonnes la "folle journée d'émeutes jamais vues" d'hier. L'interdiction des marchands ambulants dans les rues de la capitale, qui touche les populations les plus démunies, a mis le feu aux poudres.
La presse sénégalaise estimait ce jeudi que les manifestations de mercredi à Dakar, les plus violentes depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade en 2000, constituaient l'expression d'un ras-le-bol des franges les plus démunies de la population.
"A feu et à sang"
"Dakar à feu et
à sang", "Emeutes d'une rare intensité", "Baptême du feu de Wade", "Une
folle journée d'émeutes jamais vues": les titres des journaux privés
mettaient en exergue, photos à l'appui, l'ambiance d'insurrection
urbaine qui a gagné les rues de la capitale mercredi après-midi.
"Attention, la chienlit menace", a averti Walfadjiri, relevant que "c'est la première fois depuis l'alternance politique (en 2000) que (...) des évènements d'une telle ampleur sont signalés sur l'espace public".
Sud Quotidien estimait que "le spectacle vécu hier (renvoyait) au souvenir des années de braise 1988-1989", théâtre de violentes protestations populaires contre l'ancien régime socialiste.
Les marchands ambulants chassés des trottoirs
Selon
le journal, ce "dialogue du ventre" traduit l'"absence des moyens de
survie" pour ces marchands ambulants chassés des trottoirs de la
capitale sénégalaise il y a une semaine, sur ordre du chef de l'Etat.
Cette mesure qui les prive de tout revenu a mis le feu aux poudres mercredi à Dakar, où plusieurs centaines de vendeurs ambulants ont violemment protesté, rejoints par des groupes de jeunes.
Les manifestants ont allumé des feux à l'aide de pneus, poubelles et étals en bois, endommagé des véhicules et des bâtiments publics.
"Plus qu'un avertissement", assurait Le Matin, expliquant que "la bombe sociale a tonné hier".
"Comment peut-on soustraire à quelqu'un son gagne-pain sans au préalable lui donner une alternative plausible" dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois, s'interrogeait l'éditorialiste du journal.
"Dommages collatéraux inestimables"
"Dakar a été transformé en vaste camp de bataille", relevait de son côté Le Populaire, notant les "dommages collatéraux inestimables" avec la fermeture de la quasi-totalité des commerces dans le centre-ville.
Dans un édito au vitriol, Walfadjiri a dénoncé l'incapacité des autorités et des services de renseignements à prévoir "des évènements qui dépassent le cadre d'une simple action revendicative" et qui constituent "l'expression d'un ras le bol généralisé tout doit sorti des bas-fonds de la société".
Selon Le Quotidien, "le contexte social est tel que les populations traînent avec elles des urgences de survie à satisfaire".
"Face à cela, le pouvoir ne peut à la fois 'judiciariser' l'immigration clandestine, traquer les vendeurs à la sauvette (...) et espérer gouverner dans la tranquillité", assure le journal.
Le climat social se détériore au Sénégal
Ces protestations sont parmi les plus violentes depuis l'élection en
2000 du président Abdoulaye Wade, 81 ans, réélu dès le premier tour en
février 2007 pour un mandat de cinq ans.
L'interdiction il y a une semaine par les autorités, sur ordre du chef
de l'Etat, de tout commerce informel sur les trottoirs de la capitale
sénégalaise a mis le feu au poudre dans un pays où le secteur informel
génère la quasi-totalité des emplois.
Mercredi matin, plusieurs centaines de vendeurs ambulants, rejoints par
des jeunes gens, ont violemment protesté dans le centre de Dakar contre
cette interdiction, qui les prive de tout revenu.
Les commerçants mécontents ont d'abord allumé des feux à l'aide de
pneus, poubelles et étals en bois à des carrefours du quartier
administratif du Plateau, autour du grand marché de Sandaga, rendant la
circulation automobile quasiment impossible. Plusieurs véhicules ont
été endommagés.
Des protestations similaires ont eu lieu dans le quartier populaire de
la Médina, près du Plateau, où la situation a rapidement dégénéré. Les
vitres de la mairie de la Médina ont été brisées à coups de pierre. Un
véhicule municipal a été incendié et un autre caillassé.
"Ils sont venus et ont tout cassé. Les dégâts matériels sont très
importants. Heureusement, il n'y a pas de blessé parmi les agents", a
indiqué le maire de la Médina, Pape Momar Diop, sur une radio locale.
Source : AFP
Retour à la normale dans la capitale, après la manifestation des marchands ambulants
APS/La situation est redevenue normale en début d'après-midi dans les différentes rues de la capitale qui ont été le théâtre d'affrontements mercredi matin entre les marchands ambulants et les forces de l'ordre.
Dans un mouvement spontané, les marchands ambulants de la capitale ont protesté contre la décision prise jeudi par le gouvernement de leur interdire d'exercer dans le centre-ville.
Ils ont brûlé des pneus, saccagé des édifices publics et bloqué certaines artères de la ville. Les feux de signalisation et les panneaux publicitaires ont aussi subi la furie des manifestants.
Les éléments du Groupement mobile d'intervention (GMI), aidés d'un détachement de la Légion de gendarmerie intervention (LGI), sont parvenus à maîtriser les manifestants.
La circulation a recommencé à l'Avenue Blaise Diagne malgré la présence de pneus et bacs à ordures brûlés sur la chaussée.
Toutefois les marchés Tilène et Sandaga sont restés fermés. Les populations surprises par les événements sont confrontées à des problèmes de mobilité.
Les cars de transports urbains se faisant rares, dans la circulation, les écoliers sont obligés de marcher vers le supermarché Casino à la Médina pour trouver un véhicule.
Des écrans de fumée continuent de se dégager de différents points la capitale.
Le centre-ville toujours calme est paralysé par les affrontements entre les policiers et les marchands ambulants.
La circulation a également repris sur les principaux axes routiers des HLM et des quartiers Ouagou Niayes et Castors (proche banlieue) où elle est interrompue pendant l'après-midi.
Les marchands ambulants invités de s'enregistrer auprès des autorités de la capitale
Agence de Presse Sénégalaise (Dakar)La ville de Dakar a ouvert un guichet au niveau de l'hôtel de ville "pour leur recensement en vue de leur intégration au niveau de certains marchés et points de vente", a appris l'APS auprès de la mairie de la capitale.
"Les marchands ambulants méritent un traitement" meilleur, a souligné mercredi le maire-sénateur de Dakar qui a plaidé pour une "solution définitive" à la question des marchands ambulants qui ont manifesté le même jour dans divers artères de la capitale, pour protester contre leur déguerpissement des lieux qu'ils occupaient pour leur commerce.
Pape Diop qui sortait d'une réunion entre le gouvernement et les représentants des marchands ambulants a sur ce point déploré l'absence d'interlocuteur selon lui crédible dans l'affaire des marchands ambulants, assurant que "des solutions palliatives" ont été trouvées juste après l'annonce de déguerpissement, mais "n'ont pas été portées à qui de droit".
Il fallait trouver des "solutions palliatives" au problème compte tenue de la période, marquée par l'approche des fêtes de fin de tabaski et de fin d'année.
Des piles de pneus calcinés, des déflagrations de gaz lacrymogènes, des véhicules incendiés, de la fumée noire qui prend à la gorge, Dakar et ses environs donnent mercredi l'image d'une ville assiégée avec comme protagonistes des milliers de jeunes, des marchands ambulants pour la plupart, qui surgissaient partout, frappant à divers endroits, face à des forces de l'ordre qui tentent de juguler le mouvement.
Dans l'après-midi le gouvernement a trouvé un terrain d'ente avec les représentants des marchands ambulants en leur permettant d'exercer leurs activités dans certaines rues da la capitale.
La rue Emile Badiane leur sera ouverte le samedi et dimanche jusqu'à 16 heures et l'avenue Lamine Guèye le dimanche. Le site dit du "Cerf volant" leur sera également aménagé prochainement.
Les marchands ambulants invités de s'enregistrer auprès des autorités de la capitale
APS / La ville de Dakar a ouvert un guichet au niveau de l'hôtel de ville "pour leur recensement en vue de leur intégration au niveau de certains marchés et points de vente", a appris l'APS auprès de la mairie de la capitale.
"Les marchands ambulants méritent un traitement" meilleur, a souligné mercredi le maire-sénateur de Dakar qui a plaidé pour une "solution définitive" à la question des marchands ambulants qui ont manifesté le même jour dans divers artères de la capitale, pour protester contre leur déguerpissement des lieux qu'ils occupaient pour leur commerce.
Pape Diop qui sortait d'une réunion entre le gouvernement et les représentants des marchands ambulants a sur ce point déploré l'absence d'interlocuteur selon lui crédible dans l'affaire des marchands ambulants, assurant que "des solutions palliatives" ont été trouvées juste après l'annonce de déguerpissement, mais "n'ont pas été portées à qui de droit".
Il fallait trouver des "solutions palliatives" au problème compte tenue de la période, marquée par l'approche des fêtes de fin de tabaski et de fin d'année.
Des piles de pneus calcinés, des déflagrations de gaz lacrymogènes, des véhicules incendiés, de la fumée noire qui prend à la gorge, Dakar et ses environs donnent mercredi l'image d'une ville assiégée avec comme protagonistes des milliers de jeunes, des marchands ambulants pour la plupart, qui surgissaient partout, frappant à divers endroits, face à des forces de l'ordre qui tentent de juguler le mouvement.
Dans l'après-midi le gouvernement a trouvé un terrain d'ente avec les représentants des marchands ambulants en leur permettant d'exercer leurs activités dans certaines rues da la capitale.
La rue Emile Badiane leur sera ouverte le samedi et dimanche jusqu'à 16 heures et l'avenue Lamine Guèye le dimanche. Le site dit du "Cerf volant" leur sera également aménagé prochainement.
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