La Cedeao durcit le ton dans sa lutte contre l’accumulation excessive et déstabilisatrice des armes légères et de petit calibre dans son espace. C’est ainsi qu’à côté des opérations de sensibilisation tous azimuts, elle a décidé de prendre plusieurs mesures tendant à redynamiser son combat contre la prolifération de ces armes dans la sous-région.
La ratification de la Convention sur les armes légères et de petit calibre par les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) est en bonne voie. L’information a été donnée hier par le chargé de programme de l'unité des armes légères de la Commission de l'organisation sous-régionale, Abdourahmane Dieng. Et cette convention de la Cedeao adoptée le 14 juin 2006 s’est fixée comme objectif principal la prévention et la lutte contre l’accumulation excessive et déstabilisatrice des armes légères et de petit calibre dans son espace. Cette convention s’est avérée nécessaire suite au constat de la menace que représente la prolifération des armes sur la sécurité des Etats et la sécurité humanitaire. D’où l’envoi d’une mission dans les pays membres de la Cedeao pour les amener à la ratifier. Cette délégation dirigée par le commissaire en charge des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, le colonel Mahamane Touré, est en voie d’atteindre son objectif. En effet, si l’on en croit M. Dieng, ‘dans chaque pays où la mission de la Cedeao est passée, la volonté politique est affirmée et les processus sont déjà enclenchés, il s'agit juste d'une question de mois puisqu'on a rencontré aucune réticence de la part des gouvernements’. Cette mission de sensibilisation sur les armes légères et de petit calibre envoyée par l’organisation sous-régionale devrait se rendre dans quatre pays membres que sont le Bénin, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana, après avoir déjà effectué des missions de sensibilisation similaires au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Liberia.
Pour rendre plus efficace sa mission, la Cedeao compte procéder par une redynamisation de la lutte contre la prolifération des armes légères, tout en promouvant la confiance, les échanges et la coopération entre les pays membres grâce à une action concertée et transparente. A cet effet, plusieurs dispositions seront prises parmi lesquelles l’interdiction du transfert d’armes légères et de petit calibre. Celle-ci sera cependant assortie de la possibilité d’exemptions délivrées par la commission de la Cedeao sur la base de conditions bien déterminées et de critères bien précis. L’autre disposition qui sera adoptée concerne l’interdiction sans possibilité de dérogation de transfert d’armes aux acteurs non étatiques si l’Etat importateur ne l’a pas autorisé, mais également un contrôle strict de la fabrication des armes légères et de petit calibre.
La Cedeao a créé la commission nationale qui s’implante dans chaque Etat membre. Et celle-ci se fixe comme objectif l’interdiction de la détention d’armes légères et le contrôle strict de la détention de petit calibre par les civils. Elle va également s’occuper de la transparence en matière de flux des armes légères et de petit calibre par la création de différents registres sur le plan national, régional et des opérations de paix. Tout en étant strict sur la possibilité de sanctions applicables en cas de violation de ces traités par un Etat membre.
En attendant, la mission de la Cedeao qui parcourt la sous-région vise essentiellement à sensibiliser les populations sur l’impact négatif de la prolifération de ces outils à destruction massive. Elle veut également garantir la sécurité des biens et des individus, puisque ces armes contribuent à alimenter les conflits dans la sous-région. C’est pourquoi, la Cedeao veut déployer toute sa force en travaillant en synergie avec les organisations nationales comme l’Assemblée nationale, les forces armées, et de sécurité, la société civile et les médias, mais aussi et surtout avec des organisations non gouvernementales et partenaires que sont Oxfam América, Oxfam Grande Brétagne, Malao, Rasalao Waansa, etc. La mise en œuvre de la convention devrait consolider les acquis du moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères et de son code de conduite adopté en 1999 par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao.
Cheikh Yéro KABA (Walf)
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