Dans un rapport intitulé "Un Maroc de façade", publié mardi 3 juillet, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), organisation non gouvernementale basée à New York, accuse les autorités marocaines d'exercer des pressions "imprévisibles et de plus en plus sophistiquées" sur les journalistes marocains.
Depuis 2005, souligne le CPJ, au moins cinq journalistes ont été frappés par des amendes disproportionnées. Cinq se sont vu infliger des peines de prison avec sursis, et un a été frappé de l'interdiction pure et simple d'exercer son métier. Cette situation conduit un nombre grandissant de journalistes marocains à pratiquer l'autocensure.
Le pouvoir marocain ne réprime pas de façon frontale comme le font d'autres pays arabes, souligne le CPJ, mais préfère s'appuyer sur une instrumentalisation de la justice, ou exercer des pressions sur la manne publicitaire distribuée (ou retirée) aux journaux en fonction de leur degré d'allégeance. Il organise également, via les médias d'Etat, des campagnes de dénigrement des voix indépendantes ou critiques à l'égard de la monarchie ou de la question du Sahara occidental. Il lui arrive aussi d'orchestrer des "manifestations" contre des journaux connus pour leur franc-parler.
DOUBLE LANGAGE
Si la presse écrite marocaine a fait de grandes avancées depuis les années 1990 et se range encore aujourd'hui parmi les plus critiques du monde arabe, reconnaît le CPJ, la liberté de la presse dans le royaume "a régressé notablement" au cours de ces dernières années. Deux publications, Le Journal hebdomadaire et Tel Quel, font particulièrement les frais de ce tour de vis.
Le CPJ dénonce le double langage des autorités marocaines, qui, en public, "se disent favorables à une presse libre" et, en privé, comptent "sur un système feutré" de contrôle judiciaire et financier pour continuer à "tenir sous surveillance les journalistes entreprenants".
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