Une ONG publie sur Internet les dépenses
de Christel Sassou-Nguesso réglées grâce à un compte offshore. La famille Sassou-Nguesso n’aime pas ce
genre de publicité. L’ONG Global Witness, qui milite contre la corruption, a
récemment publié sur son site Internet une série de documents bancaires
retraçant les dépenses personnelles de Christel Sassou-Nguesso, le fils du
président du Congo. Des dépenses somptuaires effectuées
à Paris ou Marbella, et réglée grâce à un compte offshore, bénéficiaire
indirect de recettes pétrolières de l’Etat congolais.
Parmi ses fournisseurs
habituels : Louis Vuitton, Dior, Chanel. Un tribunal londonien a débouté
Sassou-Nguesso fils de sa requête visant à censurer le site (1). Global Witness
a récupéré ces documents à l’occasion des nombreuses procédures judiciaires (à
Londres, New York ou Hongkong) opposant l’Etat congolais et des «fonds
vautours», structures financières souvent basées dans des paradis fiscaux,
spécialisées dans le rachat à bas prix de la dette publiqueu déficit public de
pays surendettés du tiers-monde.
Cargaisons. Au
Congo-Brazzaville, le fonds Kensington (îles Caïmans), après avoir racheté pour
10 millions de dollars une créance dont la valeur était à l’origine de
80 millions, exige le remboursement de 300 millions de dollars (compte tenu des
intérêts de retard). La tâche des créanciers privés se résume à rémunérer des
cabinets d’avocats en vue de saisir des cargaisons pétrolières ou le moindre
avoir bancaire.
Pour échapper à ses créanciers,
l’Etat congolais a mis en place une invraisemblable usine à gaz, sa compagnie
pétrolière (SNPC) passant contrat avec des intermédiaires tropicaux dans la plus
parfaite opacité, avec le soutien logistique de BNP Paribas. Denis
Sassou-Nguesso se justifie : «Nous continuerons de nous opposer à cette
forme de pillage, de gangstérisme. Nous n’avons pas caché de l’argent, nous
avons plutôt protégé les ressources du Congo pour qu’elles lui reviennent.»
Audacieuse posture, compte tenu de l’évaporation proverbiale en Afrique.
Coquille. La
dernière procédure initiée à Hongkong par Kensington, outre qu’elle oblige le
Congo à brader son pétrole en deçà des cours mondiaux, a mis au jour un système
de dérivation au profit de son fils, Christel. Président de la Cotrade, filiale
de la SNPC chargée de commercialiser son pétrole, il est l’ayant droit personnel
d’une coquille offshore, Long Beach Ltd. Basée à Hongkong et gérée par une
fiduciaire d’Anguilla, elle bénéficie d’un «contrat de consulting»
passé en 2004 avec une autre structure créée par la SNPC, Sphynx Bermuda.
Bref, le pétrole congolais alimente
les dépenses personnelles de Christel Sassou-Nguesso, payées en carte Gold.
CQFD. Et ce qu’il ne fallait surtout pas mettre en ligne.
(1) www.globalwitness.org
http://www.liberation.fr/actualite/monde/267863.FR.php
http://www.liberation.fr/actualite/monde/267863.FR.php
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