Les élections législatives du 3 juin seront boycottées par l'opposition sénégalaise. Preuve que "le dialogue politique est en panne" dans le pays dirigé par Abdoulaye Wade, estime Le Bénin aujourd'hui.
Les principaux ténors de l'opposition au Parti démocratique sénégalais (PDS) du président Abdoulaye Wade ont choisi la politique de la chaise vide pour les législatives qui se dérouleront le 3 juin. Après avoir en vain réclamé la révision des listes électorales, ils ont décidé de ne pas apporter leur caution à un scrutin qu'ils considèrent comme truqué. En effet, au sortir de la présidentielle de février 2007, largement remportée par Abdoulaye Wade, ses concurrents avaient fait état de nombreuses fraudes en amont dans son organisation. L'ancien Premier ministre, Moustapha Niasse, avait notamment dénoncé les misères faites aux militants de l'opposition quant à l'obtention de leurs cartes électorales, en citant son cas personnel. Il s'était en outre élevé contre le gonflement des listes électorales par un système de fraude consistant à déplacer des électeurs d'une localité pour les faire voter dans une autre. Des pratiques parmi d'autres, qui méritaient que l'opposition participe au toilettage des listes électorales et soit assurée de la transparence du scrutin législatif.
Du côté du PDS, on considère plutôt les récriminations de l'opposition comme une fuite en avant. Et pour le ministre de l'Intérieur sénégalais les listes ne posent aucun problème qui nécessite une quelconque révision. La société civile s'est invitée dans le débat qui oppose pouvoir et opposition en demandant aux protagonistes de la vie sociopolitique nationale de trouver un compromis pour une participation au scrutin de toutes les forces politiques. Une médiation bien trop tardive en l'état actuel de l'avancement du processus. Manifestement, le modèle démocratique sénégalais n'en finit pas de prendre des coups. Peu avant la réélection d'Abdoulaye Wade, nombre de ses opposants, parmi lesquels un autre ancien Premier ministre, Idrissa Seck [accusé de détournement de fonds, il a passé plusieurs mois en prison en 2006, mais nombre de journaux sénégalais estiment que son incarcération était la conséquence de ses ambitions politiques], ont eu maille à partir avec lui. Tant et si bien qu'à l'époque beaucoup y ont vu un harcèlement politique de la part du chef de l'Etat vis-à-vis de ses rivaux potentiels.
Aujourd'hui, avec la nouvelle donne, le Sénégal risque fort de se retrouver avec un Parlement quasi unicolore dominé par le PDS. Sans épiloguer sur l'opportunité de la politique de la chaise vide de l'opposition, on peut affirmer que le dialogue politique est actuellement en panne au pays de Wade. D'autant plus qu'une bonne frange des acteurs sont exclus de la compétition. Il faut que l'opposition et le pouvoir trouvent enfin la bonne formule pour renouer le dialogue afin de redorer le blason de la démocratie sénégalaise.
Marcus Boni Teiga
Le Bénin aujourd'hui
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