Ils ne comprennent pas que la volonté du chef de l’Etat de ne pas privatiser le port de Dakar ait été prise en défaut juste après une visite effectuée par son fils à Dubaï, et pensent que ce dernier a dû user d’une certaine influence dans le dossier. Les travailleurs, craignant pour leurs emplois, ne veulent pas voir des concessionnaires arabes débarquer sur le terminal à conteneurs de Dakar où ils vont chasser les autres concurrents.
Les travailleurs des entreprises présentes au niveau du Port autonome de Dakar (Pad) ne veulent pas relâcher la pression contre la cession du port à conteneurs octroyée à la société Dubaï Port World (Dp world) après appel d’offres. Hier, les travailleurs de Sdv ont tenu une conférence de presse conjointe avec l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (Udts) dirigée par Aliou Sow. Ils ont, au cours d’une déclaration liminaire, dénoncé «la nébuleuse des délibérations» qui ont conduit à l’attribution du terminal à conteneurs de Dakar au groupe émirati. Les travailleurs s’émeuvent particulièrement de savoir que le groupe Bolloré a été écarté de l’adjudication, alors qu’il a fait «une offre globale de 585 milliards de francs Cfa, alors que nous apprenons de la bouche du Dg du Port que Dubaï va casquer pour 260 milliards».
Le secrétaire général de l’Udts de son côté, s’est indigné de ce que la concession-privatisation du terminal à Dubaï ait été faite après que le chef de l’Etat, le président Abdoulaye Wade a donné sa garantie aux syndicalistes, le premier mai, que le port ne sera pas privatisé. «Il nous a demandé de ne pas nous inquiéter, car il ne voulait que réaliser quelques aménagements du côté de Hann», tourne en dérision Aliou Sow, en voyant que les promesses ont été démenties par les faits. Beaucoup plus inquiétant pour le syndicaliste, cette annonce de concession a été faite au retour d’une «mission composée, entre autres, de Karim Wade, le fils du Président, de Baïdy Agne, le Président du Cnp et de Bara Sady, le Dg du Port». Une manière pour lui, de laisser entendre que des pressions politiques et des manœuvres occultes, sont à la base du choix de Dubaï, qui n’est, à ce jour, pas vraiment connu sur la place de Dakar.
Les travailleurs se saisissent de cela pour sensibiliser sur une éventuelle perte d’emplois. «Si Dubaï Port World s’installe au terminal, cela signifie qu’il aura le monopole de la manutention et de la gestion des conteneurs alors qu’il a zéro navire. Dubaï peut-il contraindre les 3 principaux armateurs mondiaux (donnés perdant dans l’adjudication par le Pad) à amener les conteneurs à Dakar, quand on sait que les armateurs choisissent librement leurs propres ports de transbordement ?»
Ce qui repose la question du groupe Bolloré, qui est présent sur le Port de Dakar depuis des décennies, à travers ses différents démembrements. Ses employés ne s’expliquent pas qu’il ait pu être écarté du processus d’adjudication, alors que son dossier était mieux disant que celui à qui a été adjugé le terminal. Son personnel craint que cette situation n’entraîne à terme, une compression du personnel, par la contraction de certaines activités qui seront redéployées sur d’autres sites où le groupe est mieux loti. Ce qui porterait un sérieux coup à la volonté des pouvoirs publics de créer des emplois.
Mohamed GUEYE (Le Quotidien)
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