L'ex-président libérien Charles Taylor, accusé de crimes de guerre, refuse de comparaître devant ses juges et a dénoncé dans une lettre lue à l'ouverture de son procès lundi à La Haye l'inégalité des moyens entre l'accusation et la défense.
"J'en suis arrivé à la conclusion que je ne bénéficierai pas de procès équitable devant le Tribunal spécial (pour la Sierra Leone, TSSL) à ce stade et je dois refuser d'assister aux audiences", a écrit Taylor dans une lettre lue par son avocat, le Britannique Karim Khan.
"Je ne peux pas participer à cette comédie qui est injuste pour le peuple du Liberia et pour le peuple de Sierra Leone," a-t-il ajouté.
"Je n'ai qu'un avocat pour me représenter contre neuf pour l'équipe de l'accusation", a poursuivi Charles Taylor, premier chef d'Etat africain jugé par un tribunal international. "Cela n'est ni équitable ni juste".
Il a annoncé qu'il ne donnerait plus d'instructions à son défenseur et Me Khan a indiqué qu'il "se représenterait lui-même".
Après une partie de bras de fer entre Me Khan et la présidente de la chambre, la juge ougandaise Julia Sebutinde, qui lui a ordonné de continuer à représenter Charles Taylor pour ce lundi, l'avocat a quitté la salle d'audience.
Mme Sebutinde a dans la foulée ordonné à un avocat assistant Me Khan, Charles Jalloh, de représenter Charles Taylor.
Me Khan s'est toujours plaint lors des audiences de préparation du procès du manque de temps et de moyens à disposition de la défense, ajoutant que la délocalisation des audiences privait son client d'un procès équitable.
Le procès de de Charles Taylor, 59 ans, accusé de soutien aux rebelles qui ont martyrisé des civils en Sierra Leone dans les années 90, se déroule devant une chambre du TSSL siégeant à La Haye à la demande des autorités libériennes qui invoquent des problème de sécurité.
M. Taylor doit répondre de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Selon l'acte d'accusation, il contrôlait des rebelles au Sierra Leone qui ont tué et mutilé des civils, contraint des femmes à l'esclavage sexuel et recruté ou forcé des enfants à s'enrôler comme soldats.
L'accusé est considéré comme la figure centrale dans les guerres civiles qui ont ravagé le Libéria et la Sierra Leone entre 1989 et 2003 et fait près de 400.000 morts.
Charles Taylor plaide non coupable. Selon son avocat, Me Karim Khan, il n'est qu'un acteur mineur du conflit, pour avoir soutenu le Front révolutionnaire uni (RUF) et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), des groupes révolutionnaires sierra-léonais.
S'il est condamné à l'issue du procès qui devrait durer un an et demi, selon l'accusation, la Grande-Bretagne est prête à l'accueillir comme prisonnier.
AFP et Courrier international
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