Un coup de feu. Celui qui a mis fin à la vie du vice-président du Conseil constitutionnel, Maïtre Babacar Sèye, le 15 mai 1993. La reconstitution de ce meurtre est au cœur des premières images de Et si Latif avait raison!, le dernier documentaire de Joe Gaï Ramaka. Présenté à Paris le mercredi 2 novembre dernier en présence du réalisateur et de l’opposant Amath Dansokho, le leader du Pit, ce film se présente comme l’adaptation cinématographique de l’ouvrage du journaliste Abdoulatif Coulibaly, Wade, un opposant au pouvoir : l’Alternance piégée ?, sorti en 2003.
Dédié à Maître Babacar Sèye et aux victimes du naufrage du Joola, Et si Latif avait raison ! égrène, pendant 90 minutes, les scandales qui ont entâché l’alternance. Assassinat de Maître Babacar Sèye, musellement de la presse, naufrage du Joola, agression de Talla Sylla, loi Ezzan, détournements de l’argent public... Face à tous ces événements, et pour «ne pas adopter la posture qui consiste à dire : «Je ne savais pas», le réalisateur a choisi de ne pas rester les bras croisés. «Que reste-t-il des rêves nourris au soir du 19 mars 2000 ? Que reste-t-il de cette victoire conquise pas à pas, souvent au prix d’immenses sacrifices, mais aussi de persévérance, de calme et de lucidité de tout un peuple ? Omar Diop Blondin, Ibnou Diop, Omar Daff, Alhouseyni Cissé… seraient-ils morts pour rien ?!», martèle-t-il. Porté par la voix profonde du journaliste Jean-Pierre Corréa, le documentaire est construit comme un polar : sombre, mystérieux, enfumé lors des interventions du narrateur.
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