Ami du violeur, Mass, le père de la fillette de treize ans violée par le compagnon de son père a rendu visite à l’Observateur suite à l’article paru le mardi sur Mbaye Touré. Voulant montrer la profondeur de sa douleur, l’agent des Postes a passé en revue son compagnonnage avec son ami d’enfance et laissé libre cours à sa déception.
Nés en 1963 à Kazaville pour Mbaye Touré et 1964 pour Mass, les deux natifs de Kaolack ont partagé leurs années de jeunesse à parcourir les rues de la capitale du bassin arachidier. Revenant sur ces années d’innocence, Mass, amer, soutient : «Bien qu’étant d’un an mon aîné, nous étions toujours ensemble, tantôt, à Kaznack, chez moi ou à Kazaville chez les parents de Mbaye Touré ». Ayant grandi ensemble, les deux compagnons quitteront leur ville pour venir s’installer à Dakar. Mécanicien de profession, Mass parviendra à trouver un boulot dans la réparation des véhicules de la Poste et son ami, moins qualifié que lui, est employé comme manoeuvre journalier à la Soboa. Ayant trouvé une piaule, il fera venir son ami avec qui, déclare-t-il, «j'ai vécu dix ans dans une même chambre en lui donnant à manger, à boire…». Revenant sur ces années de vaches maigres, le père de la fille se souvient que «c’est en compagnie de Mbaye» qu’il partait rendre visite à Ndella, (c’est un nom d’emprunt), qui deviendra plus tard l’épouse de Mass. De l’union de Mass et de cette femme est née, il y a treize années exactement, une fille qui est baptisée par l’ami intime de tous les jours, Mbaye Touré. Cette enfant, née en septembre 1993, est aujourd’hui élève en classe de CM1 dans une école élémentaire. Et, d’après ses notes d’école, Nogaye est parmi les élèves les plus brillantes de sa classe. Lorsque, grandissante, la famille débarque à la Cité de la Poste où Mass bénéficie d’une parcelle, le père de Nogaye qui avait construit une chambre pour son ami fait appel à lui.
« Il m’a trahi en violant ma fille qu’il a lui-même pris sur ses genoux à son baptême»
Comme toujours, il regagne son ami et s’installe à Keur Mbaye Fall. Interpellé sur cet attachement qu’il voue à son ex-ami, Mass confesse : « J’avais une confiance aveugle en lui ». Pour illustrer cette confiance débordante, malgré la présence de son neveu et de son grand frère à Dakar, le père de Nogaye soutient :« Quand je pars en mission, c’est à lui que je confiais ma famille ». Mais, à sa grande surprise, il apprend une terrible information de son neveu. « Il m’a raconté qu’il a vu Mbaye Touré, marchant sur la pointe des pieds et à reculons, sortir de la chambre de Nogaye ». Choqué par cette information et ne se doutant nullement qu’il puisse se passer quoi que ce soit entre sa fille et celui que ses enfants appelaient « Papa Mbaye », Mass appelle son ami et le confronte avec son neveu. Sans convaincre personne, Mbaye balaie les soupçons du père et soutient considérer Nogaye comme sa propre fille. Cette première surprise se renouvellera, le même mouchard vendra la mèche et la même attitude sera prise par Mass pour ne pas frustrer son ami. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Mass alerté par des bruits provenant de la chambre de sa fille ira s’enquérir la situation. « À ma grande surprise, soutient-il, quand j’ai ouvert la porte, j’ai trouvé Mbaye Touré collé au mur derrière la porte pour se cacher ». Interpellé sur l’objet de sa présence dans cette posture et dans cette chambre, Mbaye a, selon le père de la victime, soutenu y être venu chercher la spirale anti-moustique pour la mettre dans la cour. « Et, à en croire Mass, toutes ses choses se passaient aux alentours de 3 heures du matin ».
« C’est Papa Mbaye Touré qui m’étrangle et abuse de moi ».
Après lui avoir craché ses vérités au nez et lui avoir déclaré qu’il n’avait rien à faire dans cette chambre, Mass demandera à sa femme de conduire la petite à l’hôpital. « Et malheureusement, ma femme est tombée malade ». Après la mère, c’est Nogaye qui a des problèmes de santé. Soupçonnant sa fille de lui cacher des choses, Mass la soumet à un interrogatoire. Et, comme si elle n’attendait que cela, Nogaye lâche le terrible mot. « C’est Papa Mbaye qui, à chaque fois qu’il veut assouvir son désir sexuel, m’étrangle et me contraint à coucher avec lui en me disant que, si jamais j’en parle à mon père, il allait me tuer, et en faire autant de mes parents ». C’était dans la nuit du 16 au 17 mai. Le 17 mai, Mass convoque son ami pour éclaircir les choses. Le temps qu’il entre dans sa chambre, il découvre que son ami a détalé. « Il a fui pour escalader le mur ». Il sera poursuivi, attrapé et conduit à la maison. Soumis à un interrogatoire, il a tout de suite reconnu les faits. « Ensuite, nous avons fait appel au chef de quartier qui, à son tour, a fait appel à la gendarmerie ». L’examen médical qui sera effectué révélera l’absence de l’hymen et la présence d’un embryon humain âgé d’un mois et quelques jours. Plus poussé, les conclusions du prélèvement vaginal effectué au centre Youssou Mbargane Diop de Rufisque révèlent « une présence de signes biologiques d’une candidose vaginale et d’une vaginite bactérienne». Pire, dans ses conclusions, la spécialiste précise que : « la flore vaginale est très détériorée». En attendant que la justice se prononce sur cette affaire, l’avenir, de la victime qui est au centre de ce débat, risque d’être compromis.
Article Par Babacar Touré (L'Observateur)
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