La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, mardi 22 mai, avoir lancé une enquête sur les responsables présumés de crimes sexuels en Centrafrique, lors de la répression de la tentative de coup d'Etat du général François Bozizé en 2002 contre l'ex-président Ange-Félix Patassé. "C'est la première fois que le procureur ouvre une enquête dans laquelle les allégations de crimes sexuels excèdent largement le nombre d'assassinats présumés", a précisé la CPI, dans un communiqué.
Selon cette instance, "l'enquête ne vise aucun suspect en particulier à ce stade et sera guidée exclusivement par les preuves qui se feront jour". Mais le procureur Luis Moreno-Ocampo, cité par le communiqué, a précisé que "les allégations de crimes sexuels sont précises et étayées. (...) Les renseignements dont nous disposons laissent à penser que des viols ont été commis en des proportions telles qu'il est impossible de les ignorer au regard du droit international".
"PIC DE VIOLENCE EN 2002 ET 2003"
Des centaines de victimes de viols ont fait connaître leur histoire personnelle, décrivant "les viols subis en public, les actes de violences commis par plusieurs agresseurs, les viols en présence de membres de leur famille et les autres violences qu'elles ont endurées lorsqu'elles offraient une résistance". "Nous allons mener notre propre enquête de façon indépendante, rassembler des preuves et poursuivre les principaux responsables", a précisé le procureur, qui a ajouté qu'"une analyse préliminaire des crimes présumés a mis en évidence qu'un pic de violence et de criminalité fut atteint en 2002 et 2003".
Bien que le viol soit considéré comme un crime depuis des siècles, ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale qu'il a été formellement codifié dans la convention de Genève de 1949 "relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre". Mais il faudra attendre 2001 pour qu'il soit qualifié de crime contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à propos des camps instaurés par les forces serbes durant la guerre de Bosnie.
Lorsque la CPI fut créée par le traité de Rome en 1998, une attention particulière fut accordée aux crimes sexuels. Ainsi, dans la définition des crimes contre l'humanité qu'elle a pour mission de juger, on retrouve le viol, la mise en esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée, la violence sexuelle et la persécution basée sur le sexe.
Source: www.lemonde.fr
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