Toujours avide de mieux connaître ses utilisateurs, le géant de Mountain View investit dans une startup qui aide ses clients à décrypter leur profil génétique. Vous hésitez sur la couleur du pantalon que vous allez mettre, sur ce que vous allez faire demain ou sur l’orientation de votre carrière professionnelle ? Pas de problème : Google vous connaîtra bientôt suffisamment bien pour répondre à votre place. C’est en tout cas l’ambition affichée du leader des moteurs de recherches qui annonce vouloir constituer la base de données personnelles la plus riche au monde.
Google, qui conserve déjà soigneusement toutes les traces de clics et les recherches effectuées par ses utilisateurs, veut mener jusqu’au bout la logique du «dis-moi quels sites tu visites, je te dirais qui tu es». Comment ? En perfectionnant ses algorithmes pour avoir une vision plus précise et une meilleure analyse des navigations de chaque internaute. Or, plus un moteur de recherche connaît son utilisateur, plus il est à même de lui proposer une publicité qui correspond à ses centres d’intérêt.
Cousins d'ADN
Mais, presqu’au même moment, Google réalisait une «petite» opération financière remarquée : une prise de participation minoritaire à hauteur de 3.9 millions de dollars dans 23andMe, une startup détenue par …. la nouvelle épouse d’un des cofondateurs du géant de Mountain View, Sergey Brin. Cette entreprise de biotechnologie encourage les gens à décrypter leur patrimoine génétique pour améliorer les traitements et tendre vers une médecine personnalisée.
Car, aux Etats-Unis et dans plusieurs autres pays, comme la Suisse ou l’Espagne, de nombreuses officines de recherche ADN comme Family Tree DNA font florès et pour quelques centaines de dollars, on peut obtenir sa «carte d’identité» génétique et trouver ses «cousins d’ADN» à travers le monde entier.
Est-il possible alors d’imaginer que Google projette de connaître jusqu’au profil génétique de ses utilisateurs, pour encore mieux les cibler ?
Pour le Génopole d’Evry, «on est à des années lumière de pouvoir faire coïncider un profil Internet avec un profil génétique dans la mesure où regarder Internet suppose d’avoir un profil multigénique et multiculturel». «Cela suppose d’une part que les gens acceptent d’envoyer spontanément des informations sur leur génome et d’autre part, qu’on parvienne à les faire coïncider, ce qui est technologiquement impossible. C’est impensable d’un point de vue éthique», estime Nicole Chemani, directrice de la communication du Génopole. Et d’ajouter : «Il semble juste que quelqu’un ait voulu faire plaisir à sa femme…»
Pas de réglementation
Moins affirmatif, Jean-Marie Chauvet, directeur de LC Capital, spécialiste des entreprises innovantes dans les secteurs des technologies de l'information, estime que ce rapprochement pose des questions. «Il n’est pas sûr que les gens se prêterait à ce jeu-là (…), mais on peut imaginer que Google fasse comme font ces officines de recherche ADN et mettre en ligne des informations relatives à des dossiers médicaux, pour faire des recherches de dissemblance ou de similarité», explique-t-il. Outre l’énorme problème de confidentialité et de protections des données soulevé par cette hypothèse, «Google détiendrait alors des données personnelles utiles pour les grandes entreprises pharmaceutiques toujours à la recherche d’informations sur des populations spécifiques». Et d’ajouter : «ce qui est alarmant, c’est que Google est la chose la moins réglementée sur terre». «Mais peut-être qu’on ne se fait que du cinéma…»
Source: Julie Connan (lefigaro.fr)
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