PARIS - L'Afrique a enregistré une croissance dynamique de 5,5% en 2006 grâce à la flambée des matières premières, et cette tendance devrait se poursuivre en 2007 et 2008, a indiqué le Centre pour le développement de l'OCDE lundi lors d'une conférence de presse à Paris. Cette progression reste toutefois très inférieure aux 7% de croissance nécessaires pour réduire la pauvreté.
"L'année 2006 a été une année positive pour l'Afrique, la 4e consécutive, et cette tendance devrait se poursuivre en 2007 et 2008", a expliqué Lucia Wegner, économiste du Centre pour le développement de l'OCDE.
Après 5,5% en 2006, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) table sur une croissance de 5,9% cette année et de 5,7% l'année prochaine.
Les pays exportateurs de pétrole ont le mieux tiré leur épingle du jeu. A l'inverse, "l'inflation a franchi à nouveau la barre des 10% dans les pays importateurs de pétrole, sous l'effet principalement de la flambée des cours", précise le Centre dans un rapport sur les perspectives économiques africaines.
La facture pétrolière a aussi aggravé le déficit commercial de certains pays, "ce qui rend la lutte contre la pauvreté encore plus difficile", a souligné Mme Wegner.
Certains pays importateurs d'hydrocarbures ont toutefois enregistré de bonnes performances grâce à de bonnes récoltes (Burkina Faso), au cours élevé des métaux (Afrique du Sud, Zambie) ou à de bonnes politiques macroéconomiques.
Des graves difficultés subsistent cependant au Soudan avec "la catastrophe humanitaire du Darfour", au Zimbabwe où l'économie fait naufrage et en Côte d'Ivoire où sévit toujours l'instabilité politique. Comme en Éthiopie et en Somalie ou encore au Nigeria, confronté aux problèmes de sécurité dans la région pétrolifère du delta.
Le rapport met en avant "une augmentation significative" de l'aide au développement à l'Afrique des années 90 jusqu'à 2005, en grande partie grâce aux allègements de dette et à l'aide d'urgence". Mais l'OCDE a déjà signalé une baisse de l'aide des pays riches l'an dernier et table sur un nouveau déclin en 2007 et 2008.
Cette baisse et la menace de l'explosion démographique restent des obstacles considérables à la réduction de la pauvreté du continent.
D'autant plus qu'avec une croissance de 5,5%, l'Afrique rattrape à peine son retard économique. "On est loin de l'objectif de croissance de 7% nécessaire selon l'Organisation des Nations unies" pour faire reculer la pauvreté, note Mme Wegner.
Elle note par ailleurs que si les exportations de certains pays de la zone franc CFA ont pâti de la hausse de l'euro, auquel est lié le franc CFA, plusieurs ont pu le compenser grâce à l'envolée du prix des matières premières, comme l'or dans le cas du Mali, par une meilleure production de métaux, ou par de meilleures récoltes, comme au Burkina.
Les pays producteurs de coton, dont les cours restent déprimés, ont en revanche plus souffert de la hausse du franc CFA, selon elle.
(©AFP / 14 mai 2007 20h22)
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