Nicolas Sarkozy a encore haussé le ton dans la soirée du vendredi 27 avril contre Ségolène Royal et François Bayrou, qu'il a accusés de se livrer au "délit de faciès" et de tenter de confisquer le débat démocratique. A neuf jours du second tour de l'élection présidentielle et au soir d'une nouvelle journée dominée par les rebondissements de l'organisation d'un débat entre la candidate socialiste et le président de l'UDF, le candidat de l'UMP a prononcé près de Clermont-Ferrand son discours sans doute le plus violent.
"Les adeptes de la pensée unique n'ont pas aimé le premier tour", a lancé Nicolas Sarkozy, arrivé largement en tête du scrutin dimanche dernier. "Le peuple s'est levé. Eh bien, on veut le faire rasseoir (...) On veut ensevelir le peuple sous une avalanche de faux débats." Il faisait allusion au débat qui aura finalement lieu entre Ségolène Royal et François Bayrou samedi à 11 heures sur BFM TV et RMC Info, dans un grand hôtel parisien.
Il a accusé son adversaire du second tour et le candidat de l'UDF, éliminé de la course à l'Elysée, de chercher à "étouffer" le débat d'idées "sur les deux seuls projets entre lesquels les Français auront à choisir le 6 mai".
"CEUX QUI N'ONT PAS D'IDÉE"
"Je vois bien l'intérêt de tous ceux qui n'ont rien à dire, de ceux qui n'ont pas d'idée", a-t-il poursuivi devant plus de 10 000 personnes réunies dans un hall d'exposition.
"Je vois bien leur intérêt d'empêcher que la campagne du second tour ait réellement lieu, je vois bien la tentation pour tous ceux que le résultat du premier tour n'a pas satisfaits d'essayer de prendre leur revanche sur les urnes en provoquant un brouillage médiatique", a-t-il ajouté. "Ceux qui sont tentés par cette stratégie de confiscation du débat démocratique doivent savoir qu'ils me trouveront en travers de leur route." "Je ne laisserai personne voler aux Français le deuxième tour de l'élection présidentielle. Je ne laisserai personne confisquer le débat pour lequel les Français se sont prononcés massivement dimanche dernier", a insisté Nicolas Sarkozy.
L'ancien ministre de l'Intérieur s'en est particulièrement pris au "mauvais perdant" François Bayrou, qui lui a réservé cette semaine ses flèches les plus virulentes.
"Il y a aujourd'hui des gens (...) qui n'arrivent pas à accepter que les Français ne les aient pas désignés (...), qui sont tellement convaincus qu'ils ne peuvent être promis qu'à un destin exceptionnel, que leur défaite ne peut être que le fruit d'une odieuse manipulation", a-t-il déclaré.
Il a de nouveau taxé de "mensonge" et de "calomnie" Ségolène Royal et François Bayrou, qui l'accusent d'avoir fait pression sur les médias pour empêcher leur débat.
"PROCES STALINIEN"
Il leur a reproché de lui faire un procès "plus fort que le procès stalinien", sans "preuve" et sans "indice", au seul motif que sa tête ne leur reviendrait pas.
"Nous sommes dans le délit de faciès et le délit d'opinion !", a-t-il dit. "Bientôt, tout ceux qui ne sont pas d'accord avec eux seront des fascistes. Cela leur permettra de trouver le point commun qui leur manque pour entrer dans une coalition avec le Parti communiste et avec l'extrême gauche." Il a dénié à Ségolène Royal et à François Bayrou, ainsi qu'à leurs partisans, tout droit de lui faire la leçon : "Quand j'entends des gens dont la vie n'est pas particulièrement un exemple, qui n'ont jamais fait preuve, en tout cas à ma connaissance, d'une grandeur d'âme, d'un sang-froid, d'une dignité particulièrement remarquables, quand j'entends ces gens dans lesquels on aurait bien du mal à trouver une quelconque supériorité de coeur, d'intelligence ou de caractère, donner des leçons, je me dis (...) : mais qu'ont-ils fait dans leur vie de si admirable qui leur permette de parler de moi avec une telle violence, une telle intolérance et un telLes Français "méritent mieux que cette politique de caniveau", a affirmé Nicolas Sarkozy, qui n'a pas résisté à la tentation de faire une leçon de "morale" à ses adversaires.
"On ne fait dignement de la politique que pour servir", a-t-il dit. "Pour atteindre ce but, il faut que chacun d'entre nous ait juste un peu de morale." "Entre la coalition des rancoeurs et des déceptions qui rabaisse le débat et le front commmun des haines et des intolérances (...), il y a quand même une inquiétude à avoir pour l'avenir de notre démocratie", a ajouté Nicolas Sarkozy qui s'est présenté en "candidat du peuple" contre "la candidate des partis et des combinaisons".
"Il nous reste une semaine (...) pour que l'élan du premier tour ne se brise pas sur le mensonge, sur la mauvaise foi, sur la hargne des mauvais perdants qui ne se résignent pas à quitter provisoirement la scène", a-t-il conclu.
Source: Le Monde
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