(AFP) - Le président sénégalais doit être investi mardi dans un stade de Dakar en présence de plusieurs chefs d'Etat africains alors que l'opposition a brandi la menace d'un boycottage des législatives de juin qu'elle pourrait mettre à exécution dès vendredi.
Le président du Togo, arrivé mardi matin à Dakar, devait être suivi dans la journée des chefs d'Etat de Guinée-Bissau, de Mauritanie, du Mali, du Tchad, du Soudan, de l'Ethiopie et d'Egypte.
Une vingtaine de chefs d'Etat africains avaient été annoncés pour cette investiture.
M. Wade, âgé de 80 ans et élu une première fois en 2000 après 25 ans d'opposition, doit prêter serment devant les cinq membres du Conseil constitutionnel, en jurant devant Dieu et la nation sénégalaise.
La cérémonie doit débuter à 16H00 (locales et GMT) au stade Léopold Sédar Senghor, d'une capacité de 60.000 spectateurs.
La cérémonie sera retransmise en direct par la Radio télévision sénégalaise (RTS, publique) et sera suivie le lendemain mercredi de la célébration de la fête nationale du Sénégal, marquant 47 ans d'indépendance.
Le même jour, le chef de l'Etat lancera les travaux de construction d'un nouvel aéroport situé à Diass, à une quarantaine de km de Dakar, qui doit à terme remplacer celui de Dakar-Yoff.
Pour cette prestation de serment, les journées de mardi, mercredi et jeudi ont été déclarées "chômées et payées" au Sénégal.
L'investiture du président Wade est cependant ternie par l'annonce lundi par l'opposition d'un probable boycottage des législatives prévues le 3 juin.
"La date limite de dépôt (des listes pour les législatives) est vendredi (à minuit). Aucune liste ne sera déposée de la part de l'opposition", a déclaré mardi le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS, ancien parti au pouvoir), Ousmane Tanor Dieng.
"Nous avons décidé de demander à nos mandataires de retirer les cautions" d'un montant de 15 millions FCFA (près de 23.OOO euros) par liste déposées pour les législatives de juin prochain, a poursuivi M. Dieng.
Lundi, au cours d'une conférence de presse à Dakar en présence de ses principaux responsables, l'opposition a exigé du président Wade une concertation en vue notamment de réviser le fichier électoral et de créer une structure indépendante pour l'organisation des élections.
Cette structure indépendante devrait, selon elle, remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA), qu'elle accuse d'avoir été complice de la "mascarade électorale" du 25 février.
Le président Wade avait été élu au premier tour avec officiellement 55,90% des suffrages exprimés, selon les résultats définitifs proclamés le 11 mars par le Conseil constitutionnel.
"Un boycottage (des législatives par l'opposition) serait une régression de la démocratie sénégalaise. Ce serait un échec de la classe politique sénégalaise et de la société civile", a toutefois indiqué mardi à l'AFP Alioune Tine, le secrétaire exécutif de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO), une Ong basée à Dakar.
Le président "Wade doit absolument les recevoir (les responsables de l'opposition) pour trouver une solution consensuelle", a ajouté M. Tine.
Par Malick Rokhy BA
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