La presse écrite a traité quasi unanimement hier, lundi 16 avril de l’incident qui a obligé la « Pointe de Sangomar », l’avion présidentiel à atterrir le samedi 14 avril au petit matin précipitamment à Palma de Majorque en Espagne alors qu’il se rendait avec à son bord, le chef de l’Etat et sa délégation dans les Emirats arabes unis. Ouf de soulagement et de reconnaissance au Seigneur des êtres et des choses de la part de tout un peuple qui s’interroge cependant au regard d’informations relatives à une commande qui serait datée de 2006 qu’aurait faite l’Etat du Sénégal auprès d’AirBus pour l’acquisition d’un avion avec option pour un A 319 ou un A 321 pour une livraison au plus tard en 2008. Si ces renseignements jusqu’ici non confirmés officiellement s’avèrent, l’incident du samedi dernier servirait assurément de « justif » bien à propos, commente-t-on dans certains milieux avisés.
Plus de peur que de mal. Les Sénégalais ont eu cependant chaud quand ils ont été informés de l’incident technique qui a obligé le général-pilote de « Air force one sénégalais », la « Pointe de Sangomar » qui se rendait dans les Emirats arabes unis à atterrir incidemment samedi 14 avril à Palma de Majorque en Espagne. Dans les villas, les cases, les chaumières et huttes, partout ou rassemblement se passe, des millions de poitrines qui peuplent l’espace sénégalais ont fusé des ouf de soulagement et de reconnaissance envers le Seigneur des Cieux et de la Terre pour avoir préservé le président de la République et sa délégation qui se rendaient ainsi dans les pays du Golfe. L’avion de commandement a connu des ennuis techniques sérieux au point que le pilote a jugé nécessaire de poser son appareil en Espagne. La Pointe de Sangomar qui a fait auparavant une escale à Paris avant de mettre le cap sur les Emirats Arabes Unis (Eau), a ainsi subi une avarie qui a amené son commandant de bord à s’arrêter en Espagne. Selon des témoins relayés par les radios Fm dimanche dernier, « la vitre qui donne sur le cockpit s’est fissurée ». Et de préciser que « la fissure se situe à la droite du cockpit » du côté du Général Madické Seck, le commandant pilote de l’avion présidentiel. L’anicroche, confient les mêmes témoins, s’est produite alors que l’avion volait à haute altitude. « La fissure est survenue à 30 mille pieds équivalents à 10 mille mètres au-dessus du sol », ont indiqué les mêmes témoins qui n’en revenaient pas encore de leur frayeur. Un incident qui n’est pas isolé si on en croit nos confrères du journal « l’As », qui informent d’un autre accroc qui serait déjà survenu lors d’un vol de la Pointe de Sangomar dans l’espace aérien nigérian dans leur édition d’hier, lundi 16 avril. Tout cela a amené plusieurs personnes à réclamer l’achat d’un nouvel aéronef pour le premier magistrat du pays. Le commandant Malick Fall, Directeur de l’exploitation et pilote à Air Sénégal international qui s’exprimait sur les ondes de la Radio futur média (Rfm) dimanche dernier sur l’incident du samedi 14 avril dernier, a estimé « qu’à court ou moyen terme, on devrait penser à équiper la présidence d’un avion moderne », faisant ainsi d’une voie autorisée chorus.
On apprend cependant, de sources généralement bien informées que l’Etat du Sénégal a passé commande depuis 2006 en jouant même des coudes pour ne pas dire qu’il a du montrer patte blanche auprès d’Air bus pour l’acquisition d’un aéronef avec option d’un A 319 ou A 321 à livrer en 2008 à quelques mois du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) que le Sénégal a encore l’insigne honneur d’abriter l’année prochaine après un report qu’il aurait sollicité et obtenu auprès de la Ouma. Cette acquisition serait possible grâce au concours « royal » d’un fonds saoudien alloué dans le cadre de l’Oci, avancent les mêmes sources. Le royaume saoudien serait ainsi disposé à payer pour le Sénégal la commande estimée à 22 milliards de nos francs dans le cadre d’un montage financier global.
Si l’information s’avère, le nouvel accident de samedi dernier de la Pointe de Sangomar malgré les frayeurs suscitées auprès des protagonistes et de tout le peuple sénégalais, aiderait grandement, pense-t-on dans certains cercles à justifier l’achat de ce nouvel avion, que n’explique pas cependant le risque encouru, « Si en effet, l’Etat a fait l’option de se payer un nouvel aéronef pourquoi a-t-on pris le risque de faire voyager le président de la République et sa délégation dans un coucou qui depuis quelque temps montre des signes évidents de vieillissement irrémédiable », font remarquer certains observateurs. D’autres par-contre s’inquiètent du fait que l’on veut coûte que coûte acheter un nouvel avion alors que celui qui est en « activité » est neuf parce que disposant de nouveaux moteurs depuis 2002. Et que pour les avions ce n’est point le point l’âge de l’avion qui compte mais ses heures de vol, ses décollages et atterrissages qui importent. La Pointe de Sangomar dispose de moteurs neufs depuis 2002 et dont la certification assurait, disent les mêmes sources une durée de vie de 15 ans.
L’avion de commandement acheté en 1978 en remplacement de la caravelle présidentielle la « Flèche des Almadies » est un Boeing 727-200 qui a été donc modifié et a subi au fil des années plusieurs liftings dont le dernier en date remonte en 2002 pour un montant de plus de 17 milliards officiellement déclaré, plus de 32 milliards de Fcfa avait souligné le journaliste écrivain Abdou Latif Coulibaly dans ses dernières productions. « On ne peut pas aller au-delà d’un seuil de modification », a fait remarquer au passage le commandant Malick Fall dans l’émission précitée de nos confrères de Rfm. Pour certains experts, les avions de ce type appartiennent au musée de l’aéronautique. Ces dernières années, une vingtaine d’appareils Boeing 727 se sont écrasés. Faux ont rétorqué d’autres connaisseurs, qui trouvent dans le souci de l’achat du nouvel aéronef qu’une lubie nouvelle. Ils arguent du fait que ceux qui l’avancent oublient qu’il faut au moins deux ans pour se voir livrer un avion, par conséquent si on devait en acheter un aujourd’hui, c’est pour n’en jouir qu’en 2009 au plus tôt. A deux ans de la fin du mandat présidentiel ?
N’empêche, l’achat d’un appareil plus moderne, plus adapté, plus sécurisant et à la mesure du standing sénégalais pourquoi pas, se sont certainement dits les tenants du pouvoir actuel si l’information est vraie. Mais alors, pourquoi prendre autant de risque ? Pourquoi ne pas informer simplement l’opinion publique des choix « autorisés » des mandants ?
Auteur: Madior FALL (Sud Quotidien)
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