Ce mandat étant le dernier pour lui, Abdoulaye Wade, en bisbille avec tous ses adversaires, susceptibles de le remplacer au sommet de l'Etat, a élaboré un plan pour sa succession. L'homme désigné par le chef de l'Etat, rassure notre source, est Moustapha Sourang, ministre de l'Education. Pour préparer son dauphin, des jalons sont en train d'être posés. Subtilement.
Lors de son meeting pré-électoral dans la ville de Thiès, Me Wade avait pointé du doigt Moustapha Sourang, ministre de l'Education, en soutenant que ce dernier remplit toutes les conditions pour lui succéder. A travers ce message, déjà, les esprits avertis avaient compris le dessein de Wade : préparer son dauphin. Mais, pour réaliser son rêve, le président Wade a décidé d'opter pour une stratégie de diversion et de ruse qui dépasse, selon les analystes, le machiavélisme. Sa sortie après la proclamation des résultats provisoires de l'élection présidentielle proclamée par la cour d'appel de Dakar, est le début du déroulement d'une stratégie de liquidation définitive de l'opposition, pour baliser la voix à celui qu'il a déjà désigné comme son successeur. Présentant ses adversaires politiques, les plus à même de lui succéder (entre autres, Idrissa Seck, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng), comme des leaders aux “ mains sales ”, donc indignes de présider aux destinées du Sénégal, Wade prépare une passation sans anicroche de pouvoir, avec celui qu'il a désigné pour diverses raisons. Nos sources de révéler que le vœu de Wade étant de placer à la tête pays un homme aux mains propres, n'étant pas politique mais administratif. Universitaire émérite, ancien recteur de l'Ucad, Moustapha Sourang a l'avantage de n'être pas un politique, mais surtout d'être crédité de beaucoup de qualités, dont les moindres ne sont pas la droiture et la pondération, la compétence... Abdoulaye Wade, séduit, pour ne pas dire obsédé par le parcours prestigieux du Poète-Président Senghor, jusqu'à vouloir faire coûte que coûte comme lui, ou mieux, a planifié la même démarche que le père de l'indépendance sénégalaise. A l'image de Senghor qui, bien avant 1980, avait émis le souhait de laisser les destinées du Sénégal entre les mains d'un homme compétent, mais moins charismatique que lui, afin de laisser son image imprégnée dans l'esprit des Sénégalais, le temps de bien s'installer en France, il avait placé Abdou Diouf, un Premier ministre technocrate, sans envergure politique, à la tête de l'Etat. Et à la surprise de tous les analystes politiques. Aujourd'hui, Abdoulaye Wade se taillant l'image d'un chef d'Etat planant sur la classe politique, a décidé de laisser le Sénégal entre les mains d'un vrai commis de l'Etat, secondé par un parti très puissant. Installant Moustapha Sourang au Palais présidentiel à côté d'un Pds largement majoritaire à l'Assemblée nationale, il fera ainsi d'une pierre deux coups.
Quand on se rappelle que Wade a toujours en tête le rôle de Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma dans la création de son parti, ainsi que l'appui que Serigne Saliou lui a toujours manifesté, de même que l'adhésion des mourides à son action, le choix de Moustapha Sourang comme son successeur serait un retour d'ascenseur envers son bienfaiteur, Serigne Cheikh Mbacké ; mais surtout, son protecteur et soutien, serigne Saliou Mbacké. Moustapha Sourang, neveu de Serigne Cheikh Mbacké (sa mère et Gaindé Fatma ont le même père, Moustapha Mbacké, aîné de Serigne Touba) qui l'a lui-même conduit à l'école française, certainement pour cette destinée-là, mais surtout petit-fils de Serigne Touba, non moins intellectuel émérite. Apparenté à toutes les grandes familles religieuses du Sénégal, du Fouta au Sud du pays, Sourang est un Sénégalais de souche. Pour rappel, en dégageant le profil de son successeur, Me Wade l'avait présenté comme un intellectuel, un homme d'expérience, et avec des relations au plan international bien ficelées. Le seul critère qui manque au professeur Sourang, que sont les relations internationales, Me Wade a cinq ans pour le lui coller.
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