Abdou Diaw doit certainement avoir une pierre à la place du cœur. Sinon comment expliquer qu'il ait assouvi son désir sur une mineure qui ne peut ni parler encore moins entendre ? Sa tentative de régler l'affaire à l'amiable avec des espèces sonnantes et trébuchantes ayant échoué, une très longue privation de liberté risque de sanctionner son acte barbare.
Domicilié à Malika, le sieur Abdou Diaw âgé de
trente et un printemps est un maçon de profession. Ayant décroché un chantier à
Yeumbeul au quartier Darou Salam 6, il s'y rend chaque matin de bonne heure pour
se mettre à l'œuvre. Tout marchait bien jusqu'au 25 avril passé. Ce jour-là, aux
environs de quatorze heures, il observe une pause. Mais au lieu de se reposer,
monsieur a plutôt une idée malsaine dans la tête. Il veut coûte que coûte une
partenaire pour s'exercer à la gymnastique horizontale. C'est ainsi qu'il se
dirige d'un pas alerte vers une maison sise non loin. Arrivé à la devanture, il
tombe sur Nd G, une fillette sourde et muette qui a tout juste soufflé ses
treize bougies, sagement assise avec la fillette de son demi-frère. Tout en
jetant un regard à gauche et à droite pour s'assurer que personne ne l'a vu, il
extirpe de sa poche un billet flambant neuf de mille francs et l'exhibe pour
appâter la petite. Croyant l'avoir ferrée, il l'invite par des gestes à venir
avec lui au chantier. Nd G lui oppose un niet catégorique et rentre dans la
maison avec la fillette de son demi-frère, fermant la porte à double tour.
C'était sans compter avec la détermination du bonhomme qui ne pouvait plus
contenir la grosse envie qui le tenaillait. Il escalade le mur et la rejoint
dans la chambre du maître des lieux. Décidé plus que jamais à soulager sa
libido, il arrache d'un geste vif le câble du poste téléviseur et ligote
solidement la jeune fille pour la violer sauvagement. Sa sale besogne terminée,
il retourne tranquillement à son lieu de travail sans le moindre remord. Le
frangin de Nd G lui tend un piège pour le faire cravater Informé du viol, Pape
Guèye son demi-frère et tuteur en voyage dans un village sis dans le département
de Linguère, rapplique le surlendemain et conduit Nd G au centre de santé
Dominique de Pikine pour la faire examiner. Un certificat médical attestant
d'une perte récente de l'hymen et d'une incapacité temporaire de quinze jours
leur est délivré par le Docteur M Seck. De retour à la maison, Pape Guèye
rencontre d'adord le délégué de leur quartier pour le mettre au courant.
Convoqué à une réunion, Abdou Diaw ne cherche pas midi à quatorze heures pour
reconnaître les faits et regrette d'avoir agi de la sorte. Il appelle à un
arrangement à l'amiable et promet de verser à titre de dédommagement cent milles
francs ; contrairement aux deux cent cinquante mille demandés par son
interlocuteur. «J'avais accepté sa proposition uniquement pour le piéger en le
mettant en confiance, le temps de porter plainte» dira plus tard le tuteur de la
fillette. Le mardi 2 courant, comme convenu, Abdou Diaw se présente au domicile
du délégué de quartier l'argent en poche, tout heureux que la justice ne soit
pas saisie. C'est du moins ce qu'il croyait. Erreur grossière ! Il manque
d'avoir un arrêt brusque du cœur quand à son tour Pape Guèye pénètre dans la
maison, flanqué des hommes du commissaire Demba Diallo de Yeumbeul venus le
cueillir. Devant l'enquêteur, il fait un revirement à cent quatre-vingt-dix
degrés, niant catégoriquement avoir abusé de la sourde-muette. «Je n'ai pas
violé la petite et je n'ai pas non plus proposé des sous à son grand-frère.
C'est plutôt mon père qui a fait la proposition et je ne sais dans quel but»
tente-t-il de faire avaler aux limiers sans convaincre. Déféré au parquet pour
viol avec violence hier jeudi, les portes de l'hôtel sans étoile de Rebeuss se
sont refermées sur lui en attendant qu'il sache la durée du séjour qu'il fera
là-bas.
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