Les autorités territoriales de Sédhiou ne sont pas favorables à la construction d’une route de 15 kilomètres pour relier Ndiamacouta à Sénoba. Elles invoquent la nécessité du respect de la hiérarchie pour s’opposer à la volonté d’un fils de ce terroir, El Hadji Gandel Cissé, qui veut financer cette construction. Le préfet et le sous-préfet de Sédhiou renvoient M. Cissé au ministère de l’Equipement. Pourtant la réalisation de ce tronçon permettrait de faire un grand pas pour désenclaver ce département qui n’a qu’une route bitumée.
Si le développement économique d’une localité dépend de ses infrastructures routières, celui de Sédhiou n’est pas pour demain. Vaste de 7 350 km2, le département ne dispose que d’une seule route butimée encore en construction. De guerre lasse d’attendre de l’Etat des réalisations concrètes, les populations ont décidé de prendre le destin de leur localité en main.
Seulement, les initiatives locales butent sur les principes (autoritaires ?) de l’administration territoriale. A Ndiamacouta, une des plus vastes communautés rurales du département, un des fils du terroir, en l’occurrence, El Hadj Gandel Cissé, voudrait relier la localité du reste de la région. Sur fonds propres, il entend relier Ndiamacouta à Sénoba, un tronçon long de 15 km pour éviter le grand tour qui fait 40 km par Saré Alkaly.
A en croire M. Gandel Cissé, il ne lui manque que les études topographiques pour compléter son dossier et démarrer les travaux. Le préfet de Sédhiou saisi par lettre du bailleur, rejette la réalisation du projet, sous prétexte que les autorités administratives n’ont pas été averties à temps. Dans une lettre n° 00821 datée du 3 décembre 2005, le préfet écrit : «Tout en saluant votre initiative, je voudrais porter à votre connaissance que la conception et la réalisation d’un tel projet ne sauraient se faire à insu des autorités administratives.» «Par conséquent», l’autorité préfectorale «demande (à M. Cissé) de surseoir à toute action dans ce domaine et de (se) rapprocher des autorités supérieures pour les formalités d’usa-ge».
Le sous-préfet de Bounkiling, quant à lui, se veut plus répressif. Dans une lettre n° 55, datée du mois de juin, il indique qu’«il est formellement interdit tout rassemblement sur le site retenu pour abriter la cérémonie projetée par M. Gandel Cissé pour la pose de la première pierre de la construction de la piste Sénoba-Ndiamacouta prévue le 5 décembre pour menaces à l’ordre publique».
M. Gandel Cissé, qui semble ne rien comprendre de cette option des autorités administratives, a réuni certains sages de sa communauté rurale pour amener les autorités de l’administration territoriale à de meilleurs sentiments. Mais imperturbable, le préfet maintient son interdiction et lui demande de se rapprocher du ministre de l’Equipement, considérant qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
«Je voulais juste que les autorités locales viennent à Ndiamacouta identifier avec nous le site et l’aide des Eaux et Forêts pour éviter les zones classées, mais il ne s’agissait point de pose de première pierre», précise M. Cissé.
Après ce premier projet de 120 millions, M. Gandel Cissé voudrait aussi relier Sénoba à Kolda long de 80 km, une façon de contourner l’axe Médina Wandifa / Carrefour Ndiaye long de plus de 100 km. Mais cette aubaine risque de retourner au ciel.
Par Paul Diène FAYE - Correspondant (Le Quotidien)
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