Dakar lache Taïwan

Dakar a annoncé mardi la reprise de ses relations diplomatiques avec la Chine, interrompues pendant neuf ans après la reconnaissance par le Sénégal de la république de Taïwan, invoquant "une analyse objective et approfondie de la géopolitique mondiale".

Dans le cadre de ce rapprochement, le Sénégal "reconnaît" désormais que Taïwan fait "partie intégrante du territoire chinois".

"Le gouvernement a rendu effective (...) l'importante décision de renouer les relations diplomatiques avec la république populaire de Chine", a indiqué Dakar dans un communiqué.

Au cours d'une cérémonie tenue mardi à Pékin, le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio et son homologue chinois Li Zhaoxing ont précisé que les deux pays "sont convenus d'échanger de nouveau des ambassadeurs (...) conformément aux intérêts et aspirations des peuples sénégalais et chinois", poursuit le texte.

La Chine avait rompu ses relations diplomatiques avec le Sénégal en janvier 1996 après que ce pays eut reconnu la république de Taïwan, mais la coopération entre les deux pays n'avait jamais été interrompue.
Le document sanctionnant le rétablissement des relations entre les deux pays comporte une mention obligatoire aux yeux de Pékin mais susceptible de froisser son ennemi intime.

Dans le texte, le Sénégal "reconnaît que le gouvernement de la république populaire de Chine est l'unique gouvernement légal représentant toute la Chine et que Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois".
"Nous regrettons beaucoup la décision prise, et aussi ce qui a été dit au sujet de Taïwan considéré comme une province faisant partie intégrante du territoire de la Chine", a déclaré à l'AFP Blanche Hsu, chargé de communication de l'ambassade de Taïwan à Dakar, ajoutant être en attente d'instructions de Taïpei.

Mme Hsu a précisé que "la coopération bilatérale entre le Sénégal et Taïwan est une coopération d'amitié multiforme dans le développement économique et social".
On ignore encore si cette prise de position de Dakar remettra en question la coopération avec Taïwan, notamment la subvention de 60 milliards de francs CFA (près de 91,5 millions d'euros) sur cinq ans consentie en mars par l'île pour la réalisation d'une trentaine de projets dans divers secteurs.

Selon le communiqué du gouvernement sénégalais, "cette décision (...) résulte d'une analyse objective et approfondie de la géopolitique mondiale". Elle "correspond parfaitement aux intérêts fondamentaux de notre pays et à l'esprit de la nouvelle diplomatie (...) au service de l'intérêt national et de la promotion de la cause africaine".

Une source proche de la présidence sénégalaise a estimé qu'"un pays qui a des ambitions diplomatiques comme le Sénégal ne pouvait maintenir une telle position vis à vis d'un pays comme la Chine, vu sa position dans la géopolitique mondiale".

D'après cette source, la décision du président sénégalais Abdoulaye Wade a vraisemblablement été motivée par la candidature du Sénégal pour un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
"Au moment où tous les grands pays tiennent à entretenir des relations diplomatiques avec la Chine, le Sénégal a plus à gagner avec ce pays qu'avec Taiwan", a analysé Babacar Gaye, vice-président de l'Assemblée nationale.
"Le pays a pris une sage décision et évite ainsi de se mettre en marge d'une dynamique à laquelle nous serions soumis de toutes façons tôt ou tard", a-t-il encore expliqué.

A ce jour, six pays africains (Burkina Faso, Gambie, Malawi, Sao Tomé et Principe, Swaziland, Tchad) reconnaissent la souveraineté de Taïwan, île séparée de facto depuis 1949 de la Chine mais que Pékin considère comme faisant partie de son territoire.

(Source: www.republicoftogo.com )