Le rapport préliminaire, établi la nuit suivant cet assaut qui s'est soldé par cinq morts, affirme que les tirs qui ont touché les deux clandestins décédés côté espagnol, provenaient "probablement de l'autre côté", à savoir du Maroc, en raison de leur trajectoire et caractéristiques.
Le seul projectile retrouvé près de la barrière haute de 3,5 mètres de haut dans le cadre de l'enquête espagnole était "argenté" alors que les balles utilisées par la garde civile espagnole sont "cuivrées", précise encore ce journal proche du gouvernement socialiste.
De plus la balle retrouvée présentait des marques indiquant qu'elle avait effectué une rotation dans le sens des aiguilles d'une montre à l'intérieur du canon de l'arme, alors que les armes de la garde civile espagnole impriment aux balles une rotation inverse.
Au cours de l'inspection par les autorités espagnoles des abords du double grillage frontalier, "sept impacts de balles sur une maisonnette abritant un transformateur électrique" ont été relevés "face au côté marocain", selon l'extrait du rapport publié par El Pais.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, José Antonio Alonso avait indiqué vendredi que les deux immigrants morts côté espagnol avaient été touchés par des "impacts de balles".
Le premier cadavre a été retrouvé sur le grillage extérieur en position horizontale, présentant "une blessure d'arme à feu avec un orifice d'entrée sur le flanc droit, qu'il présentait du côté marocain, et de sortie à hauteur de l'épaule gauche", selon le rapport de la garde civile publié par El Pais.
Le second a été levé dans la zone de quelques mètres entre les deux grillages, "blessé par arme à feu et dont l'orifice d'entrée était dans le fessier et de sortie au niveau de l'aine gauche, se trouvant en conséquence dos à la zone marocaine".
Normalement, les gardes civils affectés à la surveillance de la frontière ne sont pas fournis en balles réelles, mais en balles en caoutchouc.
Les officiers et sous-officiers ont toutefois été interrogés dans le cadre du rapport pour savoir s'ils avaient constaté que des gardes civils aient tiré à balles réelles, "même comme mesure dissuasive", ce à quoi ils ont répondu par la négative.
"Il est possible d'affirmer qu'aucun tir à feu réel n'a été effectué de la part des forces de la garde civile de Ceuta, en conséquence de quoi ils n'ont pas pu être à l'origine des blessures détectées" sur les deux cadavres, conclut le rapport.
En revanche, selon des sources de la sécurité marocaine jeudi, deux des morts du côté marocain ont été atteints par des balles en caoutchouc utilisées par les Espagnols, ce que Madrid n'a ni confirmé ni démenti à ce jour.
Rabat n'a pas confirmé la présence d'un troisième mort de son côté (sur le total de cinq), qui pourrait être un bébé selon des témoignages. Le Maroc n'a pas non plus indiqué si ses agents avaient utilisé leurs armes ou non.
Une enquête conjointe hispano-marocaine est en cours mais ni ses modalités ni sa date de conclusion n'ont été spécifiées.
Commentaires