BOUARFA (AFP) - Plusieurs centaines d'émigrants maliens et sénégalais, qui erraient indigents dans le désert oriental marocain, ont été conduits dimanche en bus vers Oujda pour être rapatriés en avion vers leurs pays respectifs.
Sept autobus à bord desquels avaient pris place 302 Sénégalais ont quitté vers 12H00 GMT Bouarfa, à plus de 500 km au sud-est de Rabat, pour Oujda, à 300 km plus au nord, afin d'être rapatriés en avion lundi vers leur pays, a indiqué à l'AFP l'ambassadeur du Sénégal Ibou Ndiaye, qui se trouve sur place.
"Nous attendons également l'arrivée de 189 Sénégalais, interpellés à Nador (près de l'enclave espagnole de Melilla). Nous pensons disposer dimanche ou lundi d'un avion mis à notre disposition par les autorités marocaines", a-t-il précisé.
"Tous les départs sont volontaires. Personne ne sera contraint de monter dans l'appareil s'il ne veut pas. J'ai reçu des instructions très claires en ce sens de mon gouvernement", a-t-il encore dit.
Cinq heures plus tard, près de deux cents émigrants maliens, ont été conduits à leur tour dimanche à bord de quatre bus vers la même destination, pour être rapatriés vers Bamako, a constaté une journaliste de l'AFP.
Plusieurs centaines de Maliens se trouvent depuis samedi dans des centres à Bouarfa, à plus de 500 km au sud-est de Rabat, où Médecins sans frontières (MSF) leur a distribué eau et nourriture.
Ils ont indiqué que les autorités marocaines, qui les avaient laissés dans le désert près de la frontière algérienne, sans eau, ni nourriture, sont venues les rechercher samedi.
Ceux qui n'ont pas pu monter dimanche dans ces autobus attendaient un nouveau convoi pour rejoindre Oujda, situé à 300 km plus au nord.
En revanche, le premier conseiller de l'ambassade de Guinée au Maroc Aboubakar Sylla a perdu la trace de 70 compatriotes.
A Bouarfa, ils n'ont laissé derrière eux que des chaussures, des vêtements et des bouteilles d'eau éparpillés. "Jusqu'à une heure du matin, j'étais au téléphone avec l'un d'eux. Il m'avait dit qu'ils étaient tous là", affirme M. Sylla. Le temps d'arriver dimanche, ils avaient disparu.
Des habitants assurent que les Africains sont montés vers 05H00 GMT du matin dans des camions militaires marocains, mais ils ignorent leur destination.
Les ONG présentes dans la région, dont MSF, racontent que, depuis quelques jours, des centaines d'Africains ont été envoyés dans le désert par les autorités marocaines, sans eau, ni nourriture. Mais, selon ces mêmes sources, des camions militaires sont allés les rechercher pour les ramener à Bouarfa.
Pour sa part, le ministre marocain délégué aux Affaires Etrangères, M. Taïeb Fassi-Fihri, a indiqué qu'une réunion avait eu lieu samedi avec des diplomates de sept pays africains pour examiner avec eux "le meilleur moyen de trouver une solution à cette situation dramatique".
"Comme l'Europe ne nous aide pas, nous essayons de régler l'affaire directement avec les pays africains dont sont originaires ces émigrés", a-t-il dit. Il a confirmé que son pays allaient affréter des avions pour permettre aux migrants de rentrer notamment vers Dakar et Bamako.
Il a totalement démenti que des migrants africains étaient conduits vers la Mauritanie. "Ils sont venus de l'est et donc la reconduite à la frontière se fait de la même façon. Il n'y a aucune raison pour les renvoyer vers la Mauritanie", a-t-il dit.
Par ailleurs, un nouveau groupe de 140 émigrants africains clandestins va être évacué dimanche de l'enclave espagnole de Melilla (nord du Maroc) vers des centres d'hébergement de la péninsule, a-t-on appris de sources policières espagnoles.
Une centaine de clandestins ont déjà été évacués samedi de Melilla vers le continent à bord de deux avions affrétés par le ministère de l'Intérieur.
Ces transferts visent à décongestionner le Centre temporaire d'accueil d'immigrants de Melilla (Ceti), prévu pour environ 450 personnes, mais où se sont entassés jusqu'à un millier d'émigrants clandestins qui avaient réussi à franchir la frontière entre le Maroc et Melilla.
La préfecture de Melilla a précisé samedi que ces émigrants étaient évacués du Ceti munis d'un ordre d'expulsion, et non refoulés vers le Maroc comme cela a été le cas jeudi dernier pour un groupe de 73 personnes.
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