BOBIGNY (AFP) - Plusieurs couples en mal d'enfants soupçonnés d'avoir "acheté" des bébés bulgares ont été arrêtés mardi en France, dans le cadre d'une instruction menée depuis plus d'un an à Bobigny (Seine-Saint-Denis) sur un trafic de revente de nourrissons.
Sept bébés d'environ 18 mois vendus par des Bulgares à des couples ont été retrouvés mardi matin et leurs "parents adoptifs", une dizaine de personnes au total, arrêtés et placés en garde à vue.
Selon le parquet de Bobigny, ces arrestations simultanées ont eu lieu en région parisienne, à Lille et à Marseille, par les policiers de l'Office central pour la répression du trafic des êtres humains (OCRTEH), la gendarmerie et la police judiciaire.
Des interpellations ont également eu lieu dans la région Centre, a-t-on précisé de source policière.
Les bébés ont tous été retrouvés en bonne santé, bien traités, par leurs "parents adoptifs" qui semblent n'avoir agi que par désir d'avoir des enfants.
Ces acheteurs présumés, tous issus de la communauté du voyage, avaient dû payer "de 5.000 à 6.000 euros, selon qu'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon". La mère biologique touchait entre 400 et 1.000 euros.
Policiers et gendarmes agissaient sur commission rogatoire d'une juge d'instruction de Bobigny, Stéphanie Tacheau, dans le cadre d'une enquête entamée en juillet 2004 à la suite d'une plainte pour enlèvement d'enfant d'une mère bulgare de retour dans son pays.
Cinq personnes avaient été mises en examen et incarcérées quelques jours après le début de l'enquête, pour "atteinte à la filiation", "simulation entraînant une atteinte à l'état civil" et "provocation à l'abandon d'enfant".
A la tête du réseau, se trouverait une famille bulgare qui recrutait dans son pays des jeunes femmes enceintes issues de milieux modestes.
Arrivées en France, deux possibilités étaient offertes aux jeunes femmes. Soit elles accouchaient sous leur propre identité et le père du couple acheteur allait en mairie reconnaître l'enfant, soit la parturiente donnait naissance en usurpant l'identité de la mère adoptive.
Certaines de ces jeunes femmes se sont par ailleurs prostituées en France, avant ou après leur accouchement.
Les acheteurs sont exposés à des poursuites pour "enlèvement de mineurs de moins de 15 ans, provocation à l'abandon d'enfant, substitution volontaire entraînant une atteinte à l'état civil de l'enfant", voire de "traite des êtres humains en bande organisée", une mise en cause de nature criminelle.
Des juges pour enfants de chaque juridiction concernée vont être saisis des situations des bébés et décider de leur devenir. Un juge pour enfant de Bobigny devrait par exemple être saisi de trois des cinq cas: deux en Seine-Saint-Denis et un à Paris.
Ils pourront soit ordonner un placement des bébés, avec ou sans droit de visite pour les "parents adoptifs", soit leur en confier la garde, avec une obligation de suivi éducatif.
Selon une source proche du dossier, il s'agit de privilégier l'intérêt de l'enfant, en dehors de la question de la fraude, car "à cet âge là, une séparation pourrait être plus dommageable".
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