Reuters / George Bush entame vendredi une tournée de six jours en Afrique, l'une des rares régions du monde où il peut revendiquer certains succès, dans la lutte contre le sida ou l'aide au développement, même si son bilan de politique étrangère reste dominé par la guerre en Irak. Les violences au Darfour et au Kenya resteront en toile de fond de ce voyage, destiné à souligner les réussites obtenues grâce aux investissements américains dans les domaines de la santé et du développement dans des pays aussi divers que le Bénin, la Tanzanie, le Ghana, le Rwanda et le Liberia.
"Ce sera l'occasion de démontrer l'engagement de l'Amérique aux côtés de ces pays et de l'Afrique tout entière", déclare Stephen Hadley, conseiller de la Maison blanche à la sécurité nationale. "Il y a aujourd'hui bien plus de place pour l'espoir en Afrique et le peuple américain peut être fier car cela est dû en grande partie aux programmes d'assistance que nous y avons menés." Ce voyage, du 15 au 21 février, sera le deuxième du président américain en Afrique, le cinquième pour son épouse Laura. La situation au Kenya, où les violences ont fait un millier de morts depuis l'élection présidentielle du 27 décembre, ainsi que le déploiement de la force multinationale Onu-Union africaine au Darfour devraient largement occuper les entretiens entre l'hôte de la Maison blanche et ses interlocueurs africains. Washington affirme que 25.000 soldats de la paix sont nécessaires dans la province soudanaise, en guerre depuis cinq ans, et Bush s'est plaint à plusieurs reprises des lenteurs de la mobilisation internationale. "ARC DE CRISE" Ces deux grands dossiers devraient être examinés avec le président tanzanien Jakaya Kikwete, qui préside actuellement l'Union africaine et dont le pays est affecté par les retombées des violences au Kenya voisin. "Il y a un arc de crise qui s'étend dans l'Est et la Corne de l'Afrique. A la porte de la Tanzanie. A la porte de l'Union africaine", a souligné Stephen Morrison, co-directeur du programme Afrique au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS). Le thème majeur de cette tournée restera toutefois l'aide américaine au continent africain. "De manière générale, Bush est vu de manière positive en Afrique, et les Etats-Unis aussi", déclare J. Anthony Holmes, directeur du programme Afrique au Conseil des relations extérieures (Council on Foreign Relations). Dans le dernier projet de budget, Bush a demandé 30 milliards de dollars sur cinq ans pour financer le plan d'urgence présidentiel de lutte contre le sida (PEPFAR). Une autre initiative du président américain, le Millennium Challenge Corp, permet de fournir des fonds aux pays qui adhèrent aux principes démocratiques et s'engagent à assainir leurs finances publiques. Dans ce cadre, Bush profitera de sa visite pour signer l'accord sur le versement de 698 millions de dollars à la Tanzanie. Le projet du Pentagone de mettre sur pied une structure militaire en Afrique, l'Africa Command (Africom), a suscité des inquiétudes sur le continent et devrait être aussi au menu des conversations mais aucune annonce n'est attendue. Les Etats-Unis ont actuellement 1.700 militaires à Djibouti, où se trouve également une base française. Le Liberia a proposé d'accueillir l'Africom mais d'autres pays comme l'Afrique du Sud et le Nigeria se montrent plus méfiants. Les Etats-Unis doivent faire face en Afrique à la compétition de la Chine, qui y investit massivement depuis plusieurs années.
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