La confusion régnait, jeudi 28 juin, à Harare, la capitale du Zimbabwe, après la décision du gouvernement d'imposer une baisse des prix de moitié pour lutter contre l'hyper-inflation qui ravage le pays. La mesure revient à ramener les prix au niveau de la semaine précédente. Tous les biens et les services sont concernés, a précisé le ministre de l'industrie, Obert Mpofu. Pour les carburants, la réduction des prix était de 70 % mais la plupart des stations-service étaient fermées faute d'approvisionnement. Dans certains magasins les prix des produits de base - le pain, la viande, le lait - n'avaient pas été réduits. Dans d'autres boutiques, des prix très différents cohabitaient selon que le produit avait été livré avant ou après l'annonce gouvernementale. "On nous demande de vendre des produits moins chers qu'on ne les a payés. Ça veut dire qu'on ne pourra pas se réapprovisionner. Ça n'a aucun sens", faisait observer un commerçant interrogé par l'agence Associated Press.
SURVEILLANCE POLICIÈRE
Les autorités ont annoncé la création d'une police des prix, incluant des agents des services de sécurité, pour s'assurer que les commerçants respectent la décision gouvernementale. Dans des quartiers de Harare, des hommes en uniforme et armés visitaient les échoppes des commerçants pour vérifier l'application de la baisse des étiquettes. "Tous les citoyens détenant des informations concernant des violations ou des stockages (de biens) doivent tout de suite les rapporter au poste de police le plus proche", selon un communiqué gouvernemental, lu jeudi à la radio.
L'inflation a atteint des sommets dans le pays. Au cours de la semaine écoulée la hausse des prix était de 300 %. En avril, elle dépassait 3 700 % sur une base annuelle, selon les données officielles. D'autres sources l'évaluent à 20 000 %, un record mondial.
Confronté à une crise économique sans précédent (un quart de la population aura besoin d'une aide alimentaire en 2008), le gouvernement a publié en début de semaine un projet de loi pour transférer 51 % des actions des entreprises privées à ceux qui ont été "désavantagés par des discriminations déloyales sur le plan de leur race" avant avril 1980, date de la fin de l'apartheid. Le texte sera débattu en juillet lors de la prochaine session parlementaire.
Un fonds étatique devrait être créé pour aider les Zimbabwéens pauvres à acquérir des actions mais rien dans le projet de loi ne précise comment celui-ci sera alimenté alors que l'Etat est au bord de la banqueroute. Même si les entreprises étrangères ne sont pas spécifiquement visées par le projet gouvernemental, celui-ci n'est pas sans rappeler la nationalisation de milliers de fermes détenues par des Blancs au début des années 2000. Cela avait déclenché la crise économique actuelle.
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