Les inégalités de salaires se sont accrues entre 1994 et 2005 dans 16 des 19 pays de l'OCDE pour lesquels les données nécessaires sont disponibles", reconnaissent les auteurs de l'étude 2007 sur Les Perspectives de l'emploi de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), publiée mardi 19 juin. Seuls l'Irlande, l'Espagne et, dans une moindre mesure, le Japon, ont au contraire réduit l'écart. Celui-ci est resté stable en France. Dans tous les autres, les rémunérations des habitants appartenant à la catégorie des 10 % les mieux payés ont davantage augmenté que les 10 % les moins payés.
Cette raison expliquerait-elle l'hostilité des opinions publiques à l'encontre de la mondialisation, s'interroge l'Organisation. Pour l'OCDE, cette hostilité est paradoxale. La mondialisation accroît selon elle la productivité et donc le niveau de vie. Pourquoi donc s'en inquiéter ?
Certes, indique le rapport, les pays en développement que sont les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) disposent désormais de 45 % de la main-d'oeuvre mondiale, contre 20 % pour les 30 pays de l'OCDE. Certes, aussi, ces pays ne doivent plus seulement être considérés comme des lieux où l'on peut délocaliser une fraction de la production industrielle. "La plupart des entreprises et des travailleurs se trouvent directement ou indirectement en situation de concurrence dans l'économie mondiale d'aujourd'hui."
Mais, ajoutent les auteurs, la mondialisation aurait joué un rôle bien moindre que les technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'accroissement des inégalités. Pour preuve, les pays très ouverts aux échanges, comme les pays nordiques ou la Suisse, sont également ceux qui ont les plus faibles taux de chômage.
Les TIC ont accru la demande de personnel qualifié, faisant monter les salaires pour cette catégorie d'emplois. Les inégalités se sont aussi accrues dans les BRIC, constatent les auteurs du rapport.
"Il est improbable que la mondialisation ne réduise pas l'emploi globalement, à long terme, ajoutent-ils. L'amélioration de la compétitivité et l'accroissement du chiffre d'affaires qui en résulte provoquent plus de recrutements que de suppressions de postes."
DÉFICIT D'EMPLOIS QUALIFIÉS
Le problème serait une question d'adéquation. Les nouveaux emplois sont destinés à du personnel qualifié, à la différence des emplois perdus. Aux Etats, donc, de mettre en oeuvre des politiques à même de réaliser au plus vite les ajustements nécessaires.
En favorisant l'innovation. Pour se spécialiser rapidement dans de nouveaux secteurs porteurs d'avenir. En facilitant, voire en favorisant la mobilité des travailleurs. En développant l'efficacité des systèmes d'aide à la recherche d'emploi. En améliorant l'offre de formation, notamment pour les emplois les moins qualifiés. En rendant le système de protection sociale plus progressif et en le fondant davantage sur des avantages fiscaux plutôt que sur les cotisations sociales. Globalement, "en faisant en sorte que travailler soit payant". Un mot d'ordre qui en rappelle un autre...
Commentaires