ACCRA (Reuters) - La plupart des Etats-membres de l'Union africaine (UA) ne veulent pas former un gouvernement continental dès maintenant, mais préfèrent renforcer l'unité africaine par étapes, estiment des ministres lors des préparatifs du sommet d'Accra.
Cette approche, qualifiée de "gradualiste", semble dominer parmi les ministres des Affaires étrangères qui préparent les trois jours de la rencontre entre les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA.
L'idée de créer un gouvernement continental sera évoquée lors du sommet, qui se tiendra dans la capital ghanéenne à partir de dimanche.
Le dirigeant Libyen Mouammar Kadhafi, dont le pays tire de larges bénéfices de ses ressources pétrolières, milite activement pour la formation rapide d'un tel gouvernement.
Kadhafi, qui aime à porter des vêtements décorés d'un motif brodé représentant le continent, a effectué une tournée en Afrique occidentale avant de se rendre au sommet, appelant à la création immédiate d'un gouvernement africain, d'une armée, d'une devise et d'un passeport uniques.
Il est désormais soutenu par plusieurs chefs d'Etat du Sahara et du Sahel, dont le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui croit également à la nécessité du projet.
Mais de nombreux pays africains pensent que précipiter la proclamation d'un gouvernement des Etats-Unis d'Afrique serait hâtif et contreproductif.
"POURQUOI SE PRESSER?"
"Il y a un groupe 'd'immédiatistes' qui pensent que le gouvernement (d'Afrique) doit être formé dès maintenant, mais la majorité ne pense pas que les conditions sont réunies", a déclaré la ministre mozambicaine des Affaires étrangères Alcinda Abreu.
"Pourquoi se presser?" a-t-elle demandé. "Regardez l'Union européenne, ils ne l'ont pas créée en un clin d'oeil."
L'Afrique du sud, poids lourd économique et politique parmi les participants, fait partie de la majorité préférant l'approche "gradualiste".
La société civile africaine, tout en reconnaissant l'attraction qu'exerce le rêve panafricain, a rappelé aux dirigeants qu'ils devaient s'occuper de problèmes plus urgents, comme les conflits du Darfour et de Somalie, la crise au Zimbabwe et la pauvreté endémique.
On s'attend à ce que les ministres des Affaires étrangères recommandent à leurs chefs d'Etat de commencer par renforcer les structures existantes, comme les communautés économiques régionales et les organes de l'UA tels que le parlement panafricain.
Toutefois, la création des Etats-Unis d'Afrique semble une tâche colossale dans ce continent d'un milliard d'habitants, marqué par les différences ethniques, politiques et religieuses et ravagé depuis cinquante ans par les guerres, les coups d'Etat et les massacres.
Plusieurs ministres pensent néanmoins que certains dossiers concernant l'Afrique entière, comme la lutte contre la désertification ou la recherche scientifique, pourraient dès maintenant être traités à l'échelle du continent.
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