VOILÀ un classement qui tombe à pic. Alors que le gouvernement doit présenter en fin de semaine son projet de réforme de l'université, censé rendre nos campus plus compétitifs, une nouvelle version du célèbre palmarès de Shanghaï vient rappeler que la France ne brille pas sur la scène universitaire internationale.
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L'université Jiao Tong de Shanghaï, qui publie chaque année depuis 2003 un classement des 500 premières universités mondiales, s'est attachée pour la première fois à décliner une nomenclature plus fine, par grandes thématiques.
Le constat est particulièrement peu glorieux pour la France en médecine et en pharmacie, domaines dans lesquels aucune université française ne figure parmi les cent premières mondiales ! Dans les secteurs des sciences agronomiques, informatique et sciences de l'ingénieur, seules une à deux universités françaises sont citées.
Le résultat est moyen en sciences sociales (économie, management), mais l'école de management de Fontainebleau, l'Insead, est distinguée par une honorable 42e place.
En revanche, la France tire son épingle du jeu dans les sciences de la vie et de la terre. L'université Paris-XI est classée à une honorable 24e place mondiale devant cinq autres institutions françaises : Paris-VI est 31e. L'École normale supérieure et l'université Strasbourg-I sont situées entre la 51e et la 75e et l'université Paris-VII est classée entre la 76e et la 110e place.
Largement en tête des universités françaises, Paris-VI (Pierre-et-Marie-Curie) est citée à trois reprises dans ces cinq classements thématiques à caractère scientifique. Les universités de sciences humaines n'ont pas été prises en compte car, selon Jiao Tong, « il est difficile de trouver des points de comparaison internationaux techniques dans ces matières ».
Coup de semonce
Le classement de Shanghaï se fonde sur un certain nombre de critères dont le nombre de prix Nobel et de médailles Fields, la fréquence de citations des chercheurs ou le nombre d'articles référencés dans les « meilleures revues » spécialisées.
Ces nouveaux classements devraient faire hurler dans les milieux universitaires français, même si nombreux sont les présidents d'université qui en reconnaissent aujourd'hui l'impact.
Les critères utilisés par l'université de Shanghaï, en partie liés à la taille de l'établissement, défavorisent les universités de l'Hexagone, estiment ses détracteurs. La situation française pâtit aussi des multiples labels accolés aux établissements de recherche (CNRS, labos universitaires....), qui rendent les signatures des articles scientifiques pas toujours lisibles depuis l'étranger... Sans compter les laboratoires français qui changent fréquemment de nom.
Ce classement est-il légitime ? Là n'est pas la question, répond Bertrand Bellon, professeur d'économie à Paris-XI. Dans un récent article de la revue Futuribles, il prédit qu'à l'avenir, « c'est par rapport aux classements établis que les universités auront à défendre leurs projets ». En quelques années, ces divers classements (Shanghaï, Financial Times, Webometric, etc.) se sont imposés dans le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur. Il faut donc faire avec.
Pour la France, le coup de semonce est venu en 2003 avec le premier classement de Shanghaï, qui a eu pour effet de replacer la France comme une puissance universitaire moyenne. Ce résultat « relativement banal », juge Bertrand Bellon, a dérangé « l'ordre de l'excellence communément admis dans le pays. L'orgueil national dût-il en pâtir, la France n'a pas les moyens d'être excellente dans tous les domaines. »
Tous ces palmarès placent les universités américaines en tête. Mais derrière ces campus d'élite, l'Europe ne s'en sort pas si mal. Parmi les 500 premières universités, elle supplante même l'Amérique du Nord.
Source: Le Fogaro
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