HEILIGENDAMM (Allemagne) - Certains pays du G8 "ne veulent pas soutenir" une augmentation de l'aide à l'Afrique lors du sommet qui s'ouvre mercredi soir à Heiligendamm (nord-est de l'Allemagne), a affirmé un haut responsable d'une délégation participant à la rencontre.
"Certains pays membres du G8 sont fatigués du dossier des promesses d'aide à l'Afrique et ne veulent pas le soutenir", a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat.
Dans les discussions entre experts, il s'agit pour une partie du G8 de trouver une formule qui convienne à tous, a-t-il souligné, relevant que "plus d'un ou deux pays sont concernés" par ces réticences.
Un porte-parole de DATA, l'organisation co-fondée par le chanteur Bono, a indiqué mercredi à l'AFP qu'il était "vraiment difficile, incroyablement dur de progresser. Parfois on a l'impression de devoir saigner une pierre."
Bono, accompagné du chanteur et percussionniste sénégalais Youssou N'Dour et d'un autre artiste et autre grande figure de l'aide à l'Afrique, Bob Geldof, a rencontré mercredi la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre italien Romano Prodi, les présidents français et américain Nicolas Sarkozy et George Bush.
Ils ont plaidé pour une mobilisation financière en faveur du tiers-monde.
La discussion avec Mme Merkel a été "plutôt frustrante", a déclaré Oliver Buston, porte-parole de DATA, déplorant "presque un désaccord" avec l'Allemagne: "Nous doutons de l'existence d'un projet robuste" de la part des Allemands pour augmenter l'aide.
Pour le chanteur Youssou N'Dour, interrogé par l'AFP, l'Allemagne risque de "rater son sommet", bien que le pays hôte ait fait de l'aide à l'Afrique l'une des priorités de la réunion.
"Le Canada nous inquiète beaucoup", a-t-il encore indiqué. "Ce serait terrible s'il bloquait un accord du G8" sur une augmentation de l'aide.
"D'après nos rencontres, l'Italie et le Japon ne bloqueront pas", a encore estimé le chanteur, martelant: "Ce que je veux leur dire à tous, c'est qu'il ne s'agit pas d'aide, mais d'investissement, d'équilibre."
Nombre d'organisations et d'institutions, dont la Banque mondiale, ont accusé le G8 de ne pas respecter son engagement, pris lors du sommet de Gleneagles (Ecosse) en 2005, de doubler son aide annuelle aux pays pauvres d'ici à 2010, pour arriver à cette date à 50 milliards de dollars par an, dont 25 milliards pour l'Afrique.
A Heiligendamm, des organisations d'aide au développement ont appelé le G8 à tenir ses promesses et à s'engager à financer le Fonds de lutte contre le sida et la tuberculose, qui tuent respectivement 2,9 millions et 2 millions de personnes chaque année dans le monde.
"Ce que nous attendons du G8 est de l'argent et non un communiqué ennuyeux de plus qui nous dit à quel point la lutte contre le VIH/sida est importante", a déploré Max Lawson, de l'organisation Oxfam. "Il est du pouvoir du G8 d'empêcher des millions de morts inutiles", a-t-il martelé.
"Si les promesses ne sont pas tenues, des millions de personnes continueront à être infectées par le virus", a mis en garde Marwin Meier de l'organisation de protection des enfants World Vision. En 2006, 4,9 millions de personnes, dont 530.000 enfants ont été infectées, selon elle.
Le pape Benoît XVI a de son côté lancé mercredi à Rome "un nouvel appel aux dirigeants réunis à Heiligendamm pour qu'ils n'aillent pas en-deçà de leurs promesses (antérieures, ndlr) d'augmenter substantiellement l'aide au développement en faveur des populations qui en ont besoin, surtout celles du continent africain".
L'Afrique a besoin de cette aide pour réaliser les huit objectifs de développement du Millénaire (OMD) fixés par l'ONU en 2000, qui visent notamment à réduire de moitié d'ici à 2015 (par rapport aux années 90), la proportion de ceux qui vivent avec moins d'un dollar par jour et de ceux qui souffrent de la faim.
(©AFP / 06 juin 2007 22h51)
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