Pas contents, l'historien Gérard Noiriel et ses amis de s'être fait traiter par Nicolas Sarkozy de «petite intelligentsia» (1) pour avoir osé critiquer la création d'un ministère dont l'intitulé associe «immigration» et «identité nationale» . En protestation contre ce qu'ils qualifient d' «acte fondateur de [la] présidence [Sarkozy]», qui revient, selon eux, à inscrire «l'immigration comme " problème " pour la France et les Français dans leur "être" même» ,
ces huit chercheurs avaient démissionné le 18 mai des instances
dirigeantes du comité d'histoire de la Cité nationale de l'histoire de
l'immigration (Libération du 19 mai).
Démissionnaires. D'autres chercheurs se mobilisent. Les universitaires membres du réseau scientifique Terra (Travaux études et recherches sur les réfugiés et l'Asie) ont mis en ligne leur propre pétition (2) signée par près de 3 000 personnes. Et, le 27 juin, ils organisent avec des associations d'anthropologues, ethnologues et sociologues un forum-débat sur «l'instauration d'un ministère dit de "l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement". La création de ce ministère va enraciner plus encore dans notreculture politique l'opposition entre la question nationale et le fait migratoire , expliquent-ils. Il risque d'ouvrir une nouvelle page de notre histoire, celle d'un nationalisme d'Etat et d'une xénophobie de gouvernement tendant à stigmatiser l'étranger comme un problème, un risque, voire une menace pour l'intégrité ou l'identité nationale.» Les démissionnaires de la Cité de l'immigration soutiennent cette initiative. Ainsi que les associations comme la Ligue des droits de l'homme ou la Cimade qui avaient protesté lorsque Nicolas Sarkozy avait dévoilé, le 8 mars, sa décision de créer un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» .
Par Catherine COROLLER (Libération)
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