BRAZZAVILLE (AFP) - Le premier tour des législatives au Congo, destinées à renouveler les 137 députés de l'Assemblée nationale, s'est déroulé de façon chaotique dimanche, de nombreux bureaux ayant ouvert très tardivement faute de matériel électoral ou de scrutateurs.
Le dépouillement a progressivement commencé vers 18H00 (17H00 GMT), mais le président de la Commission nationale d'organisation des élections (Conel), reconnaissant que le scrutin avait "commencé avec retard" à Brazzaville et Pointe-Noire, a autorisé "la poursuite du vote au delà de 18H00 pour les bureaux n'ayant pas ouvert à 07H00 précises"
A Brazzaville, presqu'aucun bureau n'a ouvert à l'heure officielle du début du scrutin, a constaté dans la matinée un journaliste de l'AFP. Dans certains bureaux, notamment à Makélékélé ou Talangaï (sud et nord de la ville), les opérations n'ont commencé qu'à 17H00.
On continuait d'y voter vers 19H30, de même que dans d'autres centres ayant ouvert avec un retard moindre. A Talangaï, le vote n'a pu avoir lieu dans certains centres, a constaté un journaliste de l'AFP.
En revanche, les portes du centre de la Grande école de Poto-Poto (nord de Brazzaville), ont été fermées à 18H00 précises malgré les retards à l'ouverture, provoquant la colère de nombreux habitants.
Faute d'avoir reçu les listes d'émargement, dans ce centre de vote et dans plusieurs autres, les scrutateurs ont finalement engagé les opérations en pointant manuellement les votants.
Dans un nombre important de bureaux de Pointe-Noire (sud-ouest), le vote n'a pas pu avoir lieu faute de matériel électoral, a rapporté Nestor Bourangon, un journaliste local.
Des difficultés ont également été recensées dans le département du Pool (sud-est), où les législatives n'avaient pu se tenir dans huit circonscriptions lors du scrutin de 2002, en raison de combats entre la rébellion du pasteur Frédéric Bitsangou "Ntumi" et l'armée congolaise.
Faute de recensement en 2002 dans le Pool, de nombreux électeurs ne sont pas inscrits et les scrutateurs les laissent voter en ajoutant leur nom manuellement sur la liste d'émargement, a expliqué l'ex-chef rebelle, qui a transformé son mouvement en parti pour participer au scrutin.
Dans au moins deux circonscriptions du pays, à Moussendjo (sud-ouest) et à Dimbala, dans le département du Plateau (centre), les habitants ont empêché le déroulement du vote, ont rapporté des candidats sur place. Ces habitants ont dénoncé l'absence de certains noms des listes électorales, sur lesquelles figuraient par contre des noms fictifs ou de personnes décédées, et le fait que des mineurs avaient reçu des cartes d'électeurs. La participation a été très faible, dans les bureaux visités par l'AFP et selon des délégués de partis. L'opposition, mais aussi quelques voix dans la majorité, avaient réclamé le report du scrutin, dénonçant son organisation et mettant en doute la fiabilité des listes et l'indépendance de la Conel. Une quarantaine de partis et associations ont appelé au boycott du scrutin, mais les principales formations de l'opposition y ont finalement participé, notamment l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), formation de l'ex-président Pascal Lissouba, renversé en 1997 par l'actuel président Denis Sassou Nguesso. "C'est un cafouillage total", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de l'Upads, Pascal Tatsy Mabiala, "cela montre que le report s'imposait". Le PCT, qui comptait 115 députés dans la chambre sortante, devrait retrouver la majorité absolue à l'issue de cette consultation, dont le second tour a été programmé le 22 juillet.
Par Aymeric VINCENOT
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