NOUAKCHOTT - Vingt-et-un islamistes soupçonnés d'appartenance à des organisations terroristes ont tous plaidé non-coupable lundi à l'ouverture de leur procès à Nouakchott et ont accusé la police de "torture", a constaté un journaliste de l'AFP.
Sous l'ancien régime, renversé en août 2005, "nous avons subi des formes de torture ineffables de la police qui a tenté de nous extorquer ainsi des aveux", a déclaré Mohamed Mahfoudh Ould Idoumou, le premier accusé appelé à la barre à l'ouverture du procès devant la cour criminelle de la capitale mauritanienne.
"Tout ce que disent les procès verbaux de la police n'est que fruit de leur imagination, je ne suis pas coupable et je déments tout en bloc", a poursuivi Ould Idoumou, un professeur de théologie de Nouakchott.
Les 20 autres accusés - principalement des chefs religieux et de jeunes militants - ont également plaidé non coupable et plusieurs d'entre eux se sont aussi plaints de tortures infligées après leur arrestation lors d'un coup de filet anti-islamiste mené en avril-mai 2005 par l'ancien régime de Maaouiya Ould Taya, renversé trois mois plus tard.
Dix d'entre eux sont incarcérés, huit se trouvent en liberté provisoire et trois autres, en fuite depuis leur évasion d'une prison de Nouakchott en avril 2006, sont jugés par contumace.
Ces hommes sont tous inculpés pour "appartenance à une organisation non autorisée". Une partie d'entre eux sont également accusés d'avoir commis "des actes non autorisés par le gouvernement et qui soumettent les Mauritaniens à des actions de représailles".
Le dernier chef d'accusation concerne notamment sept jeunes qui auraient participé à des entraînements du Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien (GSPC), rebaptisé depuis Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, dans le but de combattre en Irak en 2005.
Ces accusations tombent sous le coup des dispositions antiterroristes du code pénal mauritanien. Les accusés risquent plusieurs années de prison ferme.
Le juge a rejeté lundi une requête de la défense, qui avait demandé un report d'audience de 48 heures le temps de prendre connaissance d'une nouvelle version du code pénal publiée la semaine dernière au journal officiel.
"Le nouveau code est plus favorable à nos clients que l'ancien, car il leur accorde entre autres le droit de saisir une cour d'appel contre les jugements de la cour criminelle", a expliqué Me Mohamed Ould Ahmed Miske.
Auparavant, seule la cour de cassation pouvait casser le jugement d'une cour criminelle.
Les audiences devraient durer plusieurs semaines pour ce procès inédit visant des islamistes dans cette république islamique aux trois quarts désertique.
Plusieurs des islamistes incarcérés avaient observé en février une grève de la faim pour exiger l'accélération de leur jugement, retardé par les autorités militaires de transition qui viennent de céder le pouvoir au régime civil de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, élu démocratiquement en mars.
Onze autres islamistes mauritaniens arrêtés en 2006-2007 attendent toujours leur jugement. Selon les autorités, au moins deux membres de ce groupe avaient participé en juin 2005 à l'attaque menée par l'ex-GSPC contre une garnison dans le nord-est mauritanien, qui avait fait 15 morts côté militaires.
(©AFP / 21 mai 2007 19h13)
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