LONDRES (Reuters) - Tony Blair profitera de ses adieux à l'Afrique, où il se rend dans chacune des trois grandes sous-régions, pour mettre l'accent sur l'aide au continent le plus défavorisé du monde et plaider en faveur d'un accord commercial au sein de l'OMC à l'approche du sommet du G8.Le Premier ministre britannique, qui quittera le 10, Downing Street le 27 juin après une décennie au pouvoir, est attendu successivement en Libye, au Sierra Leone et en Afrique du Sud.
Cette tournée d'adieux intervient à l'approche du sommet, du 6 au 8 juin, des huit pays les plus industrialisés de la planète et à un moment crucial des négociations commerciales dans le cadre du cycle de Doha.
Tony Blair, qui passera la main à son chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, considéré comme l'un des artisans de la bonne santé économique de la Grande-Bretagne, souhaite se servir de son périple africain pour faire progresser les dossiers en vue du sommet du G8 à Heiligendam (Allemagne).
Selon une porte-parole du chef du gouvernement sortant, ce dernier espère que la réunion des pays les plus riches de la planète réaffirmera les engagements généreux pris lors du G8 de 2005 de Gleneagles (Ecosse) en faveur de la dette et de l'aide aux nations les plus pauvres.
Tony Blair forme aussi le voeu que les Huit feront, sur les bords de la Baltique, de nouvelles promesses touchant à l'éducation et à la lutte contre le sida, deux sujets qui le tiennent particulièrement à coeur.
Le Premier ministre britannique souhaite également que le sommet du G8 arrêtera une série de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique de la planète, qui se manifeste déjà en certaines régions de l'Afrique par une hausse de la température et des pénuries d'eau.
GRAND DISCOURS SUR L'AFRIQUE
Tony Blair s'efforcera aussi de rallier des soutiens à un nouvel accord commercial à l'échelle mondiale.
L'Afrique du Sud, nouveau poids lourd économique et politique du continent, fait partie des rares pays du continent invités au sommet du G8. Pretoria est aussi l'un des principaux acteurs des négociations commerciales en cours.
L'actuel cycle de Doha abordera début août un seuil très critique. Les 150 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce doivent en effet s'entendre d'ici là sur un projet d'accord final s'ils veulent respecter leur objectif de clore le cycle d'ici la fin 2007.
Tony Blair, selon son entourage, appuie enfin les efforts visant à consolider les capacités d'intervention de l'Union africaine dans les conflits à répétition qui secouent le continent.
Le Darfour présente à cet égard "un défi tout particulier", a indiqué sa porte-parole. La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a entériné un projet d'envoi d'une "force hybride" UA-Onu de plus de 23.000 soldats et policiers chargés de protéger la population.
Cette dernière est victime de la guerre civile et d'exactions à grande échelle qui ont fait 200.000 morts et plus de deux millions de déracinés depuis 2003 dans cette province de l'ouest du Soudan. Khartoum est très réticent à l'envoi de casques bleus au Darfour.
Tout au long de ses années au pouvoir, Tony Blair s'est attaché à braquer les projecteurs de la communauté internationale sur les problèmes de l'Afrique.
Il débutera son périple ce mardi soir par Tripoli, où il s'est déjà rendu en 2004 pour sceller le retour de la Libye dans le concert des nations au terme d'années d'isolement du colonel Mouammar Kadhafi après l'attentat de Lockerbye (Ecosse) de 1988.
Il est attendu le lendemain au Sierra Leone, une ancienne colonie britannique de l'Afrique de l'Ouest où Tony Blair avait dépêché en 2002 un contingent militaire pour venir à la rescousse des casques bleus de l'Onu et mettre fin à une guerre civile marquée par de terribles exactions contre les civils.
Jeudi et vendredi, il sera en Afrique du Sud, où il sera reçu par le président Thabo Mbeki, successeur de Nelson Mandela, et prononcera un grand discours sur l'Afrique.
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