Au lendemain de l'annonce du gel du traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), le président russe, Vladimir Poutine, a réaffirmé, vendredi 27 avril, sa ferme opposition au projet américain de bouclier antimissile. A l'issue d'une rencontre avec Vaclav Klaus, le président de la République tchèque, où Washington prévoit de déployer une station radar, il a déclaré que "la menace de dommages mutuels, voire celle d'une destruction mutuelle est démultipliée".
"Pour la première fois dans l'Histoire, des systèmes du complexe stratégique nucléaire américain apparaissent sur le continent européen", a-t-il déclaré, estimant, en référence au missile balistique américain à courte portée utilisé pendant la guerre froide, que pour les Russes "cela revient à voir un déploiement de Pershing" à nos frontières, "c'est une menace absolument identique". "Ces systèmes contrôleront le territoire russe jusqu'à l'Oural si nous ne prenons pas de mesures contraires, et nous le ferons", a mis en garde Vladimir Poutine.
De leur côté, l'OTAN et plusieurs pays européens ont vivement réagi, vendredi, au moratoire annoncé par le président russe. Inquiète de la multiplication de ses contentieux avec la Russie, l'Alliance atlantique lui a demandé de préciser ses intentions à ce sujet, notamment sur son entrée en vigueur et sur son étendue.
INQUIÉTUDES AUTOUR DE "LA HAUSSE DE NIVEAU DE LA RHÉTORIQUE"
Le porte-parole James Appathurai a souligné que l'Alliance atlantique tenait à ses relations avec la Russie, qui constituent "un lien stratégique fondamental pour toute Europe". Le président Poutine et le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, "en public comme en privé ont dit qu'ils souhaitaient" que les différends "soient discutés au sein du Conseil OTAN-Russie", s'est-il félicité. Toutefois, "il serait stupide de ne pas s'inquiéter de la hausse de niveau de la rhétorique" opposant la Russie à l'Alliance atlantique.
Vendredi, le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé ses partenaires des pays de l'OTAN à "éviter l'escalade" avec la Russie. "L'arithmétique de la guerre froide avec ses quantités de véhicules blindés, de missiles et de troupes de chaque côté ne marche plus", a-t-il déclaré.
La France a, pour sa part, souhaité que la Russie revienne sur son annonce. "Pour la France et ses alliés, le traité sur les Forces conventionnelles en Europe est une pierre angulaire de la sécurité en Europe. Il constitue, notamment, un cadre juridique et politique unique qui organise la sécurité sur notre continent", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Jean-Baptiste Mattéi. "Nous allons naturellement au sein du Conseil OTAN-Russie, continuer à débattre [de ces] questions. (...) Nous espérons que ce dialogue permettra ainsi de surmonter les incompréhensions et que la Russie reviendra sur cette annonce", a-t-il souligné.
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