LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
Les deux attentats qui se sont produits à Alger, mercredi 11 avril, ont été revendiqués par l'Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique, anciennement appelé Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le dernier bilan de la Protection civile algérienne fait état d'au moins 24 morts et 222 blessés. L'agence Reuters, citant des sources hospitalières, parle d'au moins 30 morts. Le mouvement, qui a annoncé son ralliement à Al-Qaida en janvier, a indiqué avoir mis en ligne un communiqué sur un site islamiste, souvent utilisé par le réseau terroriste d'Oussama Ben Laden, dans lequel il revendique les attentats et publie les portraits des trois kamikazes responsables des attaques. Il a également établi son propre bilan des attaques, estimant à 53 le nombre de morts.
La première explosion, apparemment très puissante, a eu lieu à 10 h 45 (11 h 45, heure de Paris), à l'entrée du Palais du gouvernement, dans le centre-ville d'Alger. L'explosion a laissé un trou béant dans la façade du bâtiment gouvernemental, qui compte six étages, et a endommagé les immeubles alentours. Des débris de verre jonchaient le sol sur un rayon de deux cents à trois cents mètres à l'entrée du Palais et sur l'esplanade de l'immense bâtisse de plusieurs étages, qui abrite notamment les services du ministère de l'intérieur.
LA FRANCE EXPRIME SA "PROFONDE SOLIDARITÉ"
Selon l'agence APS, les bureaux du premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem, étaient visés. Le chef du gouvernement a immédiatement réagi à la radio en dénonçant des actes "criminels et lâches commis au moment où le peuple algérien demande la réconciliation nationale".
L'autre attentat a eu lieu à Bab Ezzouar, sur la route de l'aéroport international d'Alger, près de l'une des plus importantes universités du pays. Une des trois explosions a détruit un poste électrique de la compagnie publique algérienne Sonelgaz et les deux autres ont endommagé gravement le commissariat de ce quartier populaire, comptant des dizaines d'immeubles à plusieurs étages. Des responsables des services de sécurité algériens, interrogés sur les lieux des explosions, ont indiqué que les deux attentats ont été perpétrés à l'aide de voitures piégées conduites par des kamikazes.
Paris a réagi dans l'après-midi par la voix du président Jacques Chirac, qui a exprimé "la profonde solidarité" des autorités françaises dans la lutte de l'Algérie contre "le terrorisme international". "La France les condamne avec la plus grande fermeté", écrit le président français dans une lettre à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, ajoutant que la lutte contre le terrorisme "est un combat partagé par nos deux gouvernements". Dans un télégramme adressé à M. Bouteflika, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s'est dit "profondément ému" et a exprimé sa "plus ferme condamnation" des attentats.
La porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a également condamné les attentats, assurant que les Etats-Unis coopèrent avec les autorités algériennes et marocaines pour identifier les auteurs. Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, "cet événement déplorable montre la nécessité d'une action internationale concertée contre le terrorisme".
Un mouvement traqué depuis plusieurs semaines par les autorités
Le double attentat d'Alger intervient alors que l'armée et la police algérienne mènent, depuis plusieurs semaines, une vaste opération de ratissage contre des éléments islamistes appartenant à l'ex-GSPC en Kabylie, à l'est de la capitale. Le mouvement avait déjà tué neuf militaires la semaine dernière à Ain Defla, à l'ouest d'Alger. Depuis début avril, au moins 33 personnes, dont une quinzaine de membres des forces de sécurité algériennes, ont été tuées dans le pays dans des violences attribuées aux islamistes, selon un décompte établi d'après des bilans officiels et de presse. Selon les services de renseignement français, le groupe compte entre 500 et 800 membres en Algérie, en Mauritanie, au Mali et au Niger. – (avec AFP)
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