Quand elle a été portée sur les fonts baptismaux, nous avons été parmi les premiers à applaudir des deux mains. Parce que la vieille amitié entre le Sénégal et le Maroc venait au moins de connaître un partenariat concret à travers une compagnie aérienne dénommée « Air Sénégal International ». Les débuts furent de très bon augure, marqués notamment par une très bonne gestion.
Un chiffre d’affaires impressionnant au point qu’en 2003, elle a été désignée meilleure compagnie africaine. Une performance magnifiée par « Le Témoin ». Soudain, tout s’est effondré ! Un véritable crash synonyme d’un pillage à grande échelle puisque « Air Sénégal International » était trop rentable pour connaître des pertes pouvant provoquer un dépôt de bilan. Comme quoi, « Asi » a été purement et simplement victime d’une mauvaise gestion au profit d’un faux partenaire, vrai concurrent nommé Groupe « Royal Air Maroc ». Le Témoin a enquêté…
C’est sur les débris de notre défunte « Air Sénégal » que le gouvernement du Sénégal et celui du Maroc ont eu à assembler une compagnie aérienne dénommée « Air Sénégal International ». Laquelle était le symbole d’un partenariat exemplaire et le sigle d’une amitié séculaire entre le royaume chérifien et le Sénégal. Dès sa création, en 2000, les Marocains en prenant en main les destinées d’« Air Sénégal International » manifestèrent leur « volonté » de gérer de manière exemplaire le nouveau bébé. Il ne pouvait pas en être autrement puisque les deux parties avaient réuni toutes les conditions pour que l’objectif de rentabilité et de viabilité soit atteint. La qualification du personnel, la ressource humaine, l’abnégation, le travail et l’engagement ne manquaient pas ! La clientèle, n’en parlons pas. Car, en dehors de nos milliers de « modou-modou » ou Sénégalais de l’extérieur, tous les ressortissants de la sous-région prenaient « Air Sénégal International » pour rallier l’Afrique et le reste du monde. Avec « Air Sénégal International », l’Afrique, du moins une bonne partie du continent, s’apprêtait à oublier définitivement sa multinationale « Air Afrique ». Et les débuts furent prometteurs, en effet, marqués par un décollage en douceur. À preuve, rien qu’à ses débuts en 2001, « Asi » a réussi un chiffre d’affaires de 12 milliards fcfa alors que les projections les plus optimistes prévoyaient 7 milliards fcfa. Aujourd’hui, le nombre de billets vendus — et donc de passagers — est passé de 125.000 à 500.000 billets, soit plus de 70 milliards cfa encaissés en 2006. Des chiffres qui permettent d’affirmer que la compagnie était en très bonne santé financière pour connaître cette terrible maladie qui peut entraîner sa mort imminente ou le dépôt du bilan. Une chose est sûre et certaine, notre chère compagnie « Air Sénégal International » ne pouvait nullement engendrer des pertes. Si ça a été le cas, c’est parce que la partie marocaine a volontairement provoqué son déficit en la coulant au profit du Groupe « Royal Air Maroc » (Ram). C’est du moins ce que pensent bon nombre de spécialistes. Car comment expliquer cette zone de turbulences aussi bien au niveau de la gestion qu’à celui de l’exploitation ? D’ores et déjà, plusieurs éléments d’une vaste arnaque de la part du partenaire marocain commencent à apparaître. Par exemple, au moment des fiançailles, le Groupe Ram a apporté en guise de dot un appareil « Boeing 737-200 » dont ils ont estimé la valeur à 3 milliards fcfa alors que cet appareil, amorti depuis Mathusalem, ne valait pas plus de 250 millions fcfa. Cet avion, les Marocains l’avaient déjà proposé à une compagnie gabonaise. Laquelle avait décliné l’offre. C’est pourquoi les équipages gabonais ont été très surpris de voir plus tard cet avion bien repeint voler sous les couleurs d’ « Air Sénégal International ». D’ailleurs, ce « Boeing 737-200 » qui constituait le seul apport de la partie marocaine au moment de la constitution de la compagnie, est actuellement à Casablanca, précisément au centre de maintenance de la Ram. En fait, il y passe le plus clair du temps tantôt pour des ennuis mécaniques, tantôt pour la maintenance de routine ou des contrôles techniques. Donc, cet appareil est plus souvent cloué au sol que dans les airs. Rien que ses frais de maintenance ou de réparation ont coûté plus de 5 milliards fcfa à notre chère compagnie. À propos de maintenance, les Marocains n’ont pas voulu rouvrir le centre de maintenance de Dakar qui aurait pourtant pu créer plus de 100 emplois. Là où l’Etat marocain avait apporté un avion « Ndiaga-Ndiaye » comme apport, l’Etat sénégalais avait mis sur la table ses droits de trafic évalués à plus de 100 milliards de francs cfa. Donc aujourd’hui, s’il fallait réévaluer la part de chacun dans le capital, on peut dire que la « Ram » se retrouve à moins de 250 millions fcfa (le coût réel de son premier avion mis dans la corbeille) alors que la partie sénégalaise peut se glorifier d’un apport supérieur à 100 milliards fcfa. Malheureusement, ce tour de passe-passe « arabe », les Sénégalais l’ont découvert trop tard ! Mieux, les deux départements les plus stratégiques et plus juteux de la compagnie sont gérés par la partie marocaine : la direction générale et la direction financière. Non seulement les deux directeurs s’entendent comme larrons en foire, mais ils travaillent discrètement sur ordre du Groupe Ram. Comme les Marocains dirigent la gestion de notre chère compagnie, ils sont entièrement responsables de tout déficit. Et aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il y a bel et bien un déficit de plus de 10 milliards fcfa au niveau d’« Air Sénégal International ». Les 10 millions d’euros, soit 6,5 milliards fcfa, injectés récemment dans les caisses d’« Asi » constituent une goutte d’eau dans la mer des besoins. Un geste qui nous rappelle l’histoire de ce voleur qui tentait de restituer une partie du butin lorsqu’il s’est rendu compte qu’il avait été découvert. Le plus frustrant du côté sénégalais, c’est que les Marocains voudraient procéder à une augmentation de capital et anticiper sur la prolongation de leur contrat de partenariat technique qui doit expirer en 2010. Ce que l’Etat du Sénégal a fort justement refusé.
Faux partenaire, vrai concurrent… En fait, tout prouve que la Ram se comporte comme un faux partenaire et vrai concurrent d’ « Asi ». Car les ouvertures et fermetures de lignes se font au gré des calculs de rentabilité des jeunes stratèges en aéronautique du Groupe Ram qui ne connaissent rien, ou si peu, du Sénégal. Ce qui les intéresse, c’est remplir les caisses du Groupe Ram fut-ce au détriment d’Air Sénégal International. La programmation des vols de ces six derniers mois est la parfaite illustration de cette volonté marocaine de prendre les meilleures destinations, et de fourguer celles qui sont déficitaires à la filiale sénégalaise. Par exemple, des lignes qui ne sont pas rentables comme Dakar-Cotonou-Dakar sont ouvertes tandis que des lignes rentables comme Dakar-Bamako-Abidjan-Dakar, Dakar-Monrovia-Dakar, Dakar-Milan-Dakar (cette dernière étant quand même terriblement déficitaire) dont le dernier vol été effectué le vendredi 23 mars dernier, sont supprimées. À propos de la ligne Dakar-Bamako-Abidjan-Dakar, les Marocains ont repris le vol tout récemment après avoir constaté leur erreur. Or, par un curieux hasard, à chaque fois que la direction générale marocaine d’ « Air Sénégal International » suspendait l’exploitation d’une ligne, le Groupe Ram en profitait pour l’exploiter à son propre compte. Mieux, il en profitait pour multiplier les fréquences sur cette destination. Il y a également les détournements de passagers orchestrés par la « Ram » à travers le tarif des billets. Pour la destination Dakar- Milan-Dakar (vol direct), le billet d’avion coûte 350 euros (Hors taxes) soit 227.500 fcfa. Tandis que pour cette même destination avec escale à Casa, la Ram vous le propose à 250 euros (Hors taxes) soit 162.000 fcfa. Un tarif aussi bas est naturellement synonyme d’un détournement de passagers, une pratique qui est qualifiée sous d’autres cieux de concurrence déloyale.
Depuis 2004, date à laquelle la « Ram » a commencé à plomber les ailes d’ « Air Sénégal International » afin de l’empêcher de voler plus haut et plus long, la compagnie de l’Alternance battait de l’aile. Et ce, en raison d’une gestion particulièrement nébuleuse d’un partenaire-concurrent. Une gestion qualifiée de…pillage. Le mot n’est pas de trop ! Les commissaires aux comptes vous le confirmeront, eux qui ont refusé de valider les comptes de l’exercice 2004-2005 de la compagnie Air Sénégal International. Et l’exercice 2006 ? En bien, il n’a pas encore été bouclé. Une situation qui a engendré plus de 50 démissions au niveau du personnel qualifié dont la majorité ont réussi à se faire embaucher dans des compagnies concurrentes où leurs salaires ont été multipliés par trois. Même les hôtesses de l’air de la « Ram » sont bien mieux loties que nos charmantes demoiselles de la « Asi » même si elles sont noires comme du « charbon ». Tenez ! Une hôtesse de l’air de « Asi » a un salaire de base de 160.000 fcfa. Grâce aux primes de vol, elle touchera une enveloppe mensuelle tournant entre 500.000 fcfa et 700.000 fcfa. Inutile de vous dire qu’il faut voler, toujours voler comme un oiseau pour pouvoir atteindre une telle somme à la fin du mois. Mais cela ne dérange nullement la direction générale d’Asi. De ce point de vue, on peut dire que la grève qui paralyse actuellement la société constitue un moyen pour les syndicats de tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. Outre les mouvements sociaux qui se multiplient au sein de la compagnie, le personnel sénégalais n’a aucune visibilité quant à l’avenir de sa compagnie pilotée à vue, d’où la perte de confiance de la partie sénégalaise envers la Ram qui se comporte plus en concurrent qu’en partenaire.
Une flotte qui flotte La flotte de la compagnie « Air Sénégal International » est composée de quatre avions :Trois Boeing 737-700 et un Dash 8. Les experts en exploitation aéronautique sont persuadés que la flotte n’est pas adaptée aux ambitions d’une compagnie s’apprêtant à souffler ses dix bougies. A ce stade, la « Asi » devrait au moins avoir de gros-porteurs. Non seulement pour desservir l’Europe et l’Amérique, mais aussi, à court terme, le Moyen-Orient, l’Amérique Latine et l’Asie. Voilà les ambitions que devraient afficher les Marocains pour accompagner le Président Wade dans sa politique de croissance accélérée relative à la compagnie « Asi ». Hélas, tel n’a jamais été le cas. Pourtant, les Marocains avaient tous les atouts pour réussir avec la compagnie « Asi ». D’abord, Dakar est un « hub » naturel voire un carrefour stratégique sur le plan de la navigation aérienne. Car notre capitale a une bonne position géographique d’où les avions partent directement pour rallier le reste du monde, sans la moindre escale coûteuse. Cet avantage pouvait ne pas provoquer des jalousies au niveau de notre « partenaire » marocain qui tente de créer un « hub » à Casablanca. Évidemment un « hub » artificiel où feront escale tous les vols de la Ram en provenance de cette partie du continent et en partance pour l’Europe et le reste du monde. Mieux, on constate que la Ram avec ses objectifs touristiques pour le Maroc ne compte pas développer l’ « Asi ». Compte tenu de toute cette situation, la minuscule flotte d’« Asi » n’est autre qu’une flotte flottante dont le grand décollage n’est pas pour demain ! L’atterrissage forcé est d’ailleurs plus probable qu’un décollage fulgurant… Attachez vos ceintures !
Pape NDIAYE (Le Témoin)
Comme bcp de cie, air senegal traverse une crise temporaire. Des efforts doivent etre effectue par tous les parties, les actionnaires, les emloyes, les syndicats et les autortes locales, pour trouver une solution viable. Pointe du doing la RAM est populiste, sterile et nn fonde. ASI nepeut survivre que si elle est adosses a un groupe regionale et je crois que la RAM estunbon partenaire.
Rédigé par : Hassan | 01 avril 2007 à 18:40