Serait-ce des révélations liées juste au climat qui précède l'élection présidentielle française prévue en mars 2007. Certains observateurs n'arrêtent pas de trouver un lien entre tous les scandales impliquant certains hommes politiques et ce grand événement politique français.
Dans cette mouvance, le parquet de Paris a ouvert deux procédures sur des marchés exécutés par le groupe pétroler français Total au Cameroun et en Iran. Après l'affaire « Pétrole contre nourriture », la justice française vient d'ouvrir deux nouveaux dossiers impliquant le groupe Total.
C'est une grande enquête que vient d'ouvrir la justice française pour faire toute la lumière sur le dossier de blanchiment d'argent, impliquant notamment l'entreprise pétrolière Total au Cameroun. C'est le lundi 8 janvier, rapporte le Figaro, que le procureur de la République de Paris a lancé une enquête préliminaire pour «corruption d'agents publics étrangers » visant l'exploitation et de commercialisation du pétrole camerounais.
Les investigations confiées à la brigade financière de la préfecture de police font suite à une dénonciation, à la fin de l'année dernière, de Tracfin la cellule anti-blanchiment de Bercy. Les limiers du ministère français des Finances ont en effet mis au jour d'importants mouvements financiers suspects impliquant notamment la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH). Dans un rapport transmis avant Noël 2006 à la Chancellerie, les services du procureur de la République de Paris, concluaient que cette enquête - dans laquelle sont déjà cités la BNP-Paribas et le Crédit lyonnais - était « susceptible de mettre en cause la société Total ».
Suspectant des versements de commissions occultes ou de blanchiment de capitaux, la justice française devrait vérifier les rôles joués dans le négoce du pétrole par Total via une filiale de la SNH, dénommée Tradex et d'une importante société pétrolière suisse Addax.
Parallèlement au dossier camerounais, le parquet de Paris a ouvert en décembre, une information judiciaire pour «abus de biens sociaux » et « corruption d'agents publics étrangers » confiée aux juges du pôle financier, Philippe Courroye et Xavière Simeoni.
Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Total a déclaré que le groupe ne souhaitait faire « aucun commentaire » à ce sujet. « Nous l'avons appris par voie de presse et nous n'avons rien à en dire », a-t-elle ajouté.
L'instruction a été confiée aux juges du pôle financier Philippe Courroye et Xavière Simeoni, et concerne un contrat signé en 1997 par Total avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC pour l'exploitation d'un champ gazier appelé South Pars.
Dans cette affaire, des fonds retrouvés en Suisse auraient été versés par des dirigeants du pétrolier français de façon illicite entre 1996 et 2003 en vue de s'assurer l'obtention du marché gazier iranien.
Total n'a pas non plus souhaité faire de commentaires à ce sujet, jugeant qu'il n'y avait « rien de nouveau ». Par ailleurs, Total et certains de ses dirigeants sont déjà la cible depuis 2002 d'une affaire d' « abus de biens sociaux » également instruite par M. Courroye.
Des flux financiers issus du groupe pétrolier auraient été destinés à favoriser l'obtention de marchés à l'étranger et en particulier en Irak.
Dans ce dossier, élargi à des faits de « corruption », le magistrat a mis au jour en 2005 l'affaire « pétrole contre nourriture » en France dans laquelle il a découvert que des Français étaient susceptibles d'avoir touché des commissions dans le cadre de violations de l'embargo onusien sur le pétrole imposé à l'Irak entre 1996 et 2003.
Comme l'indiquait récemment l'AFP, l'intermédiaire présumé pour le compte du groupe pétrolier français Total dans l'obtention illicite de pétrole en Irak, Jean Caillet, a été mis en examen le 28 décembre par le juge Philippe Courroye, avant d'être placé en détention provisoire.
60 MILLIONS D'EUROS DE FONDS SUSPECTS
L'enquête vise cette fois un contrat signé en 1997 par Total avec la Société pétrolière nationale iranienne NIOC pour l'exploitation d'un champ gazier baptisé South Pars, au large des côtes iraniennes, près de la frontière maritime avec le Qatar. Total est associé dans cette opération avec le russe Gazprom, et le malaisien Petronas. La justice soupçonne Total d'avoir versé des commissions occultes liées au marché iranien entre 1996 et 2003.
Cette nouvelle procédure est en réalité la conséquence d'une autre enquête conduite depuis plus d'un an par un juge de Genève sur ce même contrat. La Suisse qui a ouvert une enquête pour « blanchiment » a retrouvé environ 60 millions d'euros de fonds suspects qui auraient transité sur deux comptes ouverts au nom d'un intermédiaire qui aurait fait transiter des commissions vers l'Iran.
De source judiciaire helvétique, on explique qu'une partie de ces fonds aurait pu bénéficier à des proches de l'ancien président iranien Hachemi Rafsanjani. Alors qu'une série de perquisitions sont d'ores et déjà attendues, le groupe Total se refuse pour l'instant à tout commentaire sur ces affaires.
Le Potentiel (Kinshasa)
By Faustin Kuediasala
Kinshasa
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