Le nombre de candidats à l’émigration, en provenance du Sénégal et des pays environnants, est tellement important que l’Espagne et treize de ses partenaires européens ont décidé de prendre le taureau par les cornes, et de leur barrer le chemin à partir de leurs zones de départ.
Quatre bateaux, un avion et un hélicoptère, venant de pays européens, vont incessamment surveiller les côtes du Sénégal et de la Mauritanie. C’est l’armada que l’Espagne, le Danemark, l’Estonie, l’Allemagne, la Finlande, la France, l’Italie, la Grèce, la Pologne, le Portugal, la Norvège, la Grande-Bretagne, l’Autriche et les Pays-Bas ont décidé de mettre en place pour créer un cordon sanitaire qui va les protéger de l’invasion africaine. Débordé par les vagues de migrants qui montent à l’assaut de ses côtes, particulièrement du côté des Iles Canaries, le gouvernement espagnol a demandé et obtenu l’appui de ses partenaires européens pour y faire face.
C’est ainsi que, selon une information qui nous est parvenue de la Délégation de la Commission européenne à Dakar, quatorze pays d’Europe, ont défini un plan de protection contre l’émigration clandestine africaine. Ces pays ont mis en place un centre de coordination à Ténérife pour réguler l’activité de chacun.
«Le cordon sanitaire» et toutes les mesures à prendre sont coordonnés par l’agence européenne des frontières, Frontex. A la délégation de la Ce à Dakar, on annonce que le ministère espagnol se félicite de ce que Frontex va mettre 1,3 million d’euros dans cette opération, ce qui représente un peu plus de 800 millions de francs Cfa. Les Européens ont manifestement décidé de mettre les moyens qu’il faut, pour en finir avec l’émigration clandestine en provenance du Sénégal et de la Mauritanie, particulièrement.
Ces nouvelles mesures viennent s’ajouter aux dispositifs de cloisonnement des enclaves espagnoles situées sur le territoire marocain, Ceuta et Mellila. Ces dernières avaient été, l’année dernière, le théâtre de tentatives désespérées, de la part de milliers de ressortissants des pays d’Afrique au sud du Sahara, de pénétrer dans ce qu’ils considéraient comme des têtes de pont de l’Europe. A la suite de ces tentatives, les mesures de restrictions ont été fortement renforcées. D’ailleurs, même les gouvernements des pays du Maghreb, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, se sont mis, à la demande des autorités espagnoles, à faire la chasse aux Africains noirs qui entrent sur leur territoire dans le but de migrer en Europe. C’est cela qui a poussé beaucoup de ceux qui sont tentés par l’aventure, à chercher à quitter par pirogue depuis les côtes mauritaniennes d’abord, et maintenant sénégalaises. D’ailleurs, les statistiques officielles espagnoles déclarent que, depuis le début de cette année 2006, ce sont plus de dix mille émigrants, venant d’Afrique au sud du Sahara, qui sont arrivés aux Iles Canaries par voie maritime. ces chiffres ne prennent pas en compte les malheureux dont l’aventure s’est terminée en mer, par suite de naufrage, ou pour une quelconque raison.
On peut penser que le dispositif de protection de ses rivages, que l’Europe met en place en contrôlant les mouvements des clandestins à partir des pays de départ, doit se faire certainement avec l’accord des dirigeants des pays concernés. D’ailleurs, le journal Wal Fadjri avait signalé, il y a deux jours, que près de 200 clandestins sénégalais supplémentaires ont été rapatriés par l’Espagne, avec l’accord du gouvernement du Sénégal. Ce dernier aurait, selon la même source, demandé à ses partenaires espagnols de procéder dorénavant aux rapatriements des clandestins, avec plus de discrétion.
Source: Le Quotidien (http://www.seneweb.com/news/engine/print_article.php?artid=3466)
Commentaires