Le directeur des Opérations de la Banque mondiale, M. Mandani Tall, a déclaré, ce jeudi à Dakar, que le gouvernement du Sénégal doit faire l`état des lieux sur la situation des Industries chimiques du Sénégal (ICS), en provoquant son audit, avant de voir s`il faut y injecter directement des fonds pour son sauvetage ou procéder à une recapitalisation.
M. Tall, qui pilote le Bureau régional de Dakar, englobant le Cap- Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Niger et le Sénégal, a formulé ce souhait lors d`un échange avec la presse sur la situation économique du Sénégal et sur les interventions de la Banque mondiale et des autres partenaires au développement à ce pays.
"Nous pensons qu`il est anormal d`injecter comme ça de l`argent dans les ICS sans faire l`état des lieux de la gestion de l`entreprise. Il faut d`abord déterminer si les problèmes de la boîte sont liés à une mal-gouvernance ou à une mauvaise gestion et prendre des mesures ou décisions conséquentes. Il faut un audit de l`entreprise et mettre le doigt sur son problème réel", a indiqué à la PANA, M. Tall, pour qui "les ICS doivent sortir de la gestion politique".
"Ce n`est qu`après avoir fait le bilan sérieux de la gestion qu`on peut partir sur des bases plus claires. Injecter tout de suite 10 milliards de FCFA comme j`ai eu à l`entendre ces derniers temps ne peut régler le véritable problème", a-t-il poursuivi.
On rappelle que les Industries chimiques du Sénégal, au capital de 700 milliards de FCFA, (1.300 millions de dolars US environ) sont en difficulté depuis 2003 après le doublement de sa capacité, avec des dettes estimées à plus de 242 milliards de FCFA (420 millions de dollars US) et un déficit estimé à 90 milliards de FCFA (170 millions de dollars US).
La recapitalisation annoncée depuis pour sauver le fleuron de l`industrie sénégalaise, n`a pas eu lieu, à cause notamment des réticences des partenaires de l`entreprise. Les Indiens, gros actionnaires des ICS (27%), à côté de l`Etat du Sénégal (47%), s`étaient portés candidat pour être l`actionnaire majoritaire avec 51 pour cent des actions, mettant sur la table quelque 50 milliards de FCFA
Mais entre-temps, ils ont revu à la baisse leur offre en proposant seulement 11 milliards de FCFA, sous le prétexte de la faiblesse de la production et de la capacité des ICS, qui produisent de l`acide phosphorique et des engrais enrichis très prisés par l`Inde pour son agriculture.
En janvier dernier, les comptes à l`étranger, en France et aux Etats-Unis, des ICS, avaient été bloqués par des créanciers, ce qui fait courir des risques énormes à l`entreprise.
D`ailleurs, ses 2.500 travailleurs menacent d`aller en grève ce vendredi.
Le gouvernement du Sénégal a mis en place un conseil pour le sauvetage de la boîte. La presse sénégalaise a même fait état cette semaine de la volonté de l`Etat sénégalais d`injecter 10 milliards de FCFA dans l`entreprise pour la sauver, ce qui n`a pas reçu l`assentiment des travailleurs qui souhaitent un "vrai sauvetage".
La Banque mondiale qui dit n`avoir pas prêté des fonds aux ICS - contrairement aux banques commerciales qui y ont mis 80 milliards de FCFA-, pense que le gouvernement sénégalais doit prendre en charge rapidement le problème de l`entreprise et se dit prête à l`accompagner si la demande lui est faite et si ses préalables sont respectés.
"Il faut dire que nous ne sommes pas en première ligne dans cette affaire et personne n`a sollicité notre appui jusqu`ici. Mais nous sommes très préoccupés par la situation de cette entreprise qui emploie quand même 2.500 personnes et fait fonctionner plusieurs PME (Petites et moyennes entreprises)", indique Mandani Tall.
"Le gouvernement du Sénégal doit étudier les causes profondes des problèmes, et prendre des sanctions s`il le faut. Et lorsqu`il s`agira de passer à une recapitalisation, il pourra s`approcher des partenaires qui vont augmenter leurs parts dans l`entreprise", a insisté le responsable de la Banque mondiale.
(AngolaPress)
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